Star Wars L’Expo à Paris : Interview exclusive de Sophie Lecuyer, coordinatrice générale
En complément de nos présentations de l’exposition, nous vous proposons une interview exclusive de Sophie Lecuyer, coordinatrice générale de l’exposition. L’occasion de mieux comprendre la démarche d’une entité comme la Citée des sciences pour bâtir un projet de cette ampleur technique et médiatique.
Bonjour Sophie Lecuyer, vous êtes la coordinatrice générale de l’exposition, pouvez-vous nous définir ce rôle en quelques mots ?
En quelques mots je suis comme un chef d’orchestre. Mon rôle est de coordonner l’action de tous les intervenant dans le montage de l’exposition. Je dois m’assurer que tous les corps de métier travaillent correctement et dans les délais imposés.
Comment vient l’idée d’une expo Star Wars ?
C’est vrai que cela peut paraître étrange à la Cité des sciences mais ce qui nous a intéressé c’est que Star Wars a débuté en 1977, c'est-à-dire il y a 30 ans et pour nous c’est 30 ans d’effets spéciaux. Toute une technique à explorer, toutes les évolutions qu’il y a eu sur les effets spéciaux en 30 ans, toute la révolution qu’a apporté Star Wars, en particulier avec la création d’ILM (Industrial Light and Magic, la société de création d’effets spéciaux de LucasFilms). Toutes ces révolutions nous ont intéressées, on a voulu montrer cet aspect là. Pour cela on a travaillé avec un astrophysicien Roland Lehoucq, astrophysicien au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) de Saclay. Roland nous fait de la science avec Star Wars, c'est-à-dire expliquer des phénomènes physiques à partir de l’imaginaire Star Wars, faire des parallèles avec notre monde. C’est donc pour nous un bon moyen de partir d’une saga pour la transposer sur la planète de la cité des sciences.
Dans ce monde parallèle justement, tout est-il vrai ou faux ? Comment sont orchestrées les explications ?
Alors justement, nous n’avons pas voulu désacraliser le mythe et décevoir les fans. La démarche c’est plutôt, ce monde existe avec des choses que l’on comprend et d’autres choses que l’on ne comprend pas.
Des exemples ?
Oui, par exemple, ou l’Etoile noire va chercher son énergie pour pouvoir détruire une planète ? Comment calculer sa taille ? D’autre part, on comprend que les Impériaux ne sont pas si malins en posant la question du déplacement ses quadripodes AT-AT ? Vous savez ce sont ces célèbres monstres mécaniques à quatre pattes de L’empire contre attaque. En fait, ils n’ont pas du tout la bonne conception, il aurait fallu une cinquième patte car tout le centre crucial de gravité est en hauteur… vous voyez on tente d’expliquer ce qui va ou ce qui ne va pas dans le monde Star Wars y compris en tentant d’aborder le thème de la force… qu'est-ce que la Force dans Star Wars ? Mais on ne dit jamais que ça existe ou ça n’existe pas, on laisse une partie en zone d’ombre signalant que la science n’est pas encore aussi évoluée pour l’expliquer mais que cela pourra être le cas un jour ! Cette démarche a pour vocation de satisfaire tous les publics, enfant ou adultes, ou même ceux qui ne sont pas trop touchés par les objets peuvent trouver un intérêt sur le plan scientifique.
Vous voulez dire que l’exposition n’est pas réservée aux fans de Star Wars ?
Exactement, c’est bien évidemment une exposition pour les fans mais des gens qui ne sont pas fans peuvent venir car il y a toute cette histoire et explications sur les effets spéciaux. On a déjà remarqué dans les livres d’or que des personnes n’ont jamais vu les films mais sont quand mêmes venus pour le coté scientifique. C’est aussi une manière d’entrer dans un cinéma d’effets spéciaux, On n’est pas obligé de connaître les épisodes, la ballade peut se concentrer sur la beauté des objets, maquettes ou dessins et sur les explications écrites ou vidéo sur les effets spéciaux.
Les objets sont en effet magnifiques et ce regroupement est impressionnant. Cette exposition a-t-elle un précédent dans le monde ?
De la manière dont on la présente, non. Les collections de Lucas ont déjà voyagées dans le monde (Japon, Italie, Etats-Unis…) mais pas sous la forme dont on la présente à la cité des sciences. En fait, Lucas nous a prêté sa collection d’objets (une partie du moins NDR) et la cité des sciences à conçu une nouvelle exposition autour de ces objets. Notre exposition mêle justement la présentation des objets, un parcours autour des effets spéciaux, un parcours sur l’astrophysique et la physique du monde de Star Wars. C’est quelque chose qui n’existe pas du tout dans les autres expositions. On a essayé d’apporter une scénographie qui est nouvelle, justement avec ces ballades de planètes en planètes, ces grandes vidéo-projections qui nous plongent dans le monde de Star Wars. Sous cette forme là, c’est vraiment une première.
Quelles ont été les principales difficultés pour avoir l’accord de Lucasfilms puis pour assembler tous ces trésors ?
Comme vous pouvez l’imaginer, pour prêter tous ces trésors Lucas est assez pointilleux, ce qui est quand même normal. LucasFilms à fait une étude sur la cité des sciences, certains membres de l’équipe est venu voir ce qu’était la Cité des sciences, voir en fait si l’on étaient assez corrects, assez respectables pour accueillir la collection Lucas. A partir de là on a monté… enfin les affaires juridiques et les avocats américains ont montés une convention entre la Cité des sciences et Lucas. Ensuite pour l’exposition nous avons été amenés à travailler avec les gens du ranch de Lucas. Nous n’avons pas eu de soucis particuliers, tout c’est passé dans la bonne entente. Bien sur, ils ont validés tous les textes et éléments de présentations mais nous n’avons pas eu de soucis. On a eu le droit de remonter certaines séquences pour faire nos films, de raconter ce que l’on voulait du coté de la science, nous n’avons eu aucune censure en fait.
Et les relations avec l’équipe, voire George Lucas ?
Et bien George Lucas nous ne l’avons pas encore vu ! Par contre aucun problème avec son équipe. Deux trois jours avant l’ouverture, les jeunes femmes qui travaillent pour Lucas sont venues avec le chef de projet et les personnes qui gèrent toutes les archives et tout s’est bien passé, c’était charmant, l’expo leur a beaucoup plu !
Avez-vous des regrets sur des idées qui n’ont pas pu être réalisées ou des objets qui n’ont pas pu être exposés ?
C’est surtout par rapport à certains objets que nous n’avons pas pu avoir. Il faut savoir que ce sont des collections qui ne vieillissent pas très bien dans la mesure ou ce n’est pas fait pour durer 30 ans. On aurait aimé avoir la maquette de Jabba mais Jabba s’est effondré sur lui-même donc cette limace n’existe plus. On voulait également avoir l’Etoile noire mais elle est en trop piteux état, elle ne peut plus voyager. Il y a aussi ce que l’on appelle les peintures sur verre qui ont beaucoup été utilisées dans les épisodes 4, 5 et 6 qui ne voyagent plus parce qu’elles sont trop abîmées. Voilà, on a des petits regrets comme ça mais dans l’ensemble on est assez content. Je pense que l’on a un bon choix d’objets par rapport aux six épisodes.
L’expo elle-même est la cheville à de nombreux compléments documentaires, de conférences, de projections de films. Pouvez-vous nous indiquer rapidement ce qui est prévu dans les mois à venir ?
Oui, durant tout le long de l’exposition nous allons avoir des animations. Elles sont assez nombreuses donc j’invite les personnes intéressées à se rendre sur notre site Internet (le détail des animations est également détaillés dans nos actualités, voir liens en fin d’entretien). Ce sont des animations qui sont relatives à la science. Là encore on se sert du monde de Star Wars pour expliquer des phénomènes artistiques mais aussi pour expliquer le mythe car il y a tout un mythe construit autour de Star Wars. Cela permettras d’attirer pour le coup les personnes réellement intéressée par la mythologie.
Justement, ce sont des personnes qui ont aidées à monter l’exposition qui vont intervenir ?
Pour les conférences en effet. Il y a tout un cycle de conférences organisées par le Collège de la Cité des sciences et par exemple Roland Lehoucq va intervenir que quelques unes. Pascal Pinteau doit également intervenir sur les conférences sur les effets spéciaux. Il ne faut pas oublier également la médiathèque qui a rassemblée toute une collection de livres qui sont relativement intéressants. Cela va du petit livre sur Star Wars à des doctorats qui analysent le monde de Star Wars. On a ainsi tout un panel, un choix de livres. Et puis il y a la Géode qui s’est également mise au parfum de Star Wars en diffusant le film de Ben Burtt sur les effets spéciaux (1996) qui est un beau complément de l’exposition.
Merci beaucoup Sophie pour toutes ces informations.
Pour avoir le détail des horaires et dates d’ouvertures, voir notre actualité par ici ou le site Internet http://www.cite-sciences.fr
Pour découvrir en détail le contenu de l’exposition c’est par là.
Pour découvrir l’ensemble des animations et activités autour de l’exposition, c’est par là.