The Last Tree en VOD

Verdict:Chef D’oeuvre

par: Emmanuel Galais



Jeune britannique d’origine nigériane, Femi a connu une enfance heureuse en famille d’accueil dans la campagne du Lincolnshire. Quand il doit tout quitter pour aller vivre avec sa mère biologique dans un HLM à Londres, c’est un vrai déchirement. Entre les codes culturels de sa mère qui lui sont étrangers et ce nouvel environnement citadin difficile, Femi doit déterminer quel genre d’adulte il veut devenir…


Pour son premier film, le réalisateur britannique d’origine nigériane : Shola Amoo, signe ici un film fort qui ne cherche pas l’artifice et laisse le spectateur à ses propres interrogations. Inspiré en partie par sa propre histoire, le scénario suit le parcours d’un jeune garçon noir, élevé par une famille d’accueil en pleine campagne anglaise et qui doit retourner vivre avec sa mère au cœur de la banlieue Londonienne. Le jeune garçon va alors passer du calme et d’une structure plus cocooning, à une éducation basée sur l’autonomie et la rigueur et sur un environnement vite hostile pour un jeune homme noir. 


Sans artifice disais-je, parce que le réalisateur n’en n’abuse pas dans sa mise en scène. Bien au contraire ! Il laisse l’action et s’imprègne simplement du jeu de ses acteurs en les filmant de près pour mieux les laisser nous imprégner de leur lassitude, de leur désarroi et leur colère. Et que ce soit le jeune Tai Golding, qui joue pour la première fois devant une caméra, ou Sam Adewunmi (The Hatton Garden Job) leur prestation est absolument saisissante de puissance et de précision. Impossible de ne pas ressentir ce malaise, cette dualité qui les touche, qui les grignote de l’intérieur. Ce besoin de paix, d’amour, cette nécessité de trouver une place dans une société qui ne leur en donne pas.


Et sans chercher à en mettre plein les yeux, comme Ken Loach, le maitre britannique le ferait tout aussi bien, Shola Amoo va dérouler cette histoire redoutablement commune, où l’enfance est très vite brisée par des adultes dépassés et sacrifiés à la sacro-sainte nécessité de subvenir à sa famille, sans en avoir toujours les codes. Dans une société libérale qui ne laisse pas beaucoup de place aux petits salaires certains sont obligés d’avoir deux emplois et de délaisser d’une certaine manière leur progéniture, les laissant aux mains de possibles mauvaises fréquentations.


Le réalisateur ne cherche pas à accabler, ni à juger il cherche avant tout à parler de ses racines, des ses questions, et parfois de ses réponses, car, comme souvent, un enfant qui se retrouve en famille d’accueil et réintègre le giron familial, il lui est nécessaire pour se construire de trouver des réponses sur ses origines, sur ses liens familiaux. Avec une lucidité, presque une fausse froideur, le réalisateur nous expose les faits avec douceur ou violence mais avec une évidente sensibilité qui ne peut laisser personne indifférent.


En conclusion, « The Last Tree » est un petit film qui a tout d’une grande œuvre, par la sensibilité et l’intelligence de son réalisateur et scénariste Shola Amoo, qui narre une histoire tout en subtilité, sans artifice mais avec une efficacité évidente. Couronné par plusieurs prix en Angleterre dont celui du meilleur scénario par la prestigieuse : Writers Guild of Great Britain, « The Last Tree » est une pépite à découvrir de toute urgence.