Après avoir livré un premier volet plaçant en contexte la
famille Traoré dans une banlieue parisienne comme il y en a tant, Kery James et
Leïla Sy proposent une suite qui va permettre d’imaginer qu’une sortie du piège
urbain dans lequel vit cette famille est possible.
Il faut avoir vu le premier volet pour comprendre le second
qui reprend exactement là où s’est arrêté il y a 4 ans ce film, plus gros
succès de Netflix en 2019 pour un film français. On retrouve donc cette
histoire familiale, au sein de blocs de béton de Champigny sur Marne, mais cela
pourrait-être dans n’importe quelle autre banlieue de France.
Mais à qui s’adresse ce film ?
Certainement pas aux bandes qui gangrènent des cités qui furent jadis des dortoirs
sans problème. D’ailleurs est-ce que la représentation du chef de clan qu’est
l’ainé Demba (Kery James) est réaliste ? Sans doute mais indiquons ici que
la caméra est plus en observation qu’en juge et c’est très bien car cela permet
au spectateur de se forger sa propre opinion. Il n’est pas simple de prendre
parti pour cette famille et notamment son pilier qu’est Demba qui pense famille
mais agit délinquant. La mise en scène, à ce titre, dose parfaitement cette
ambivalence qui, d’évidence, aiguille un homme et sa famille dans une
destination qu’il ne maitrise pas totalement, même si des tentatives sont
possibles.
Mais revenons à notre cible de spectateur. L’ambiance –
souvent pesante – et les combines – souvent dérisoires – qui sont ici décrites
ne devraient pas donc intéresser beaucoup les jeunes et moins jeunes qui font
de l’argent sur le dos des pauvres drogués des cités. Ils n’ont rien à
apprendre ou alors de comprendre que rien de bon ne sort des trafics et de
vouloir jouer aux caïds.
Alors est-ce que cette population blanche et aisée qui fait
l’objet d’un succulent débat d’élocution dans le premier volet peut
s’intéresser à ces vies ? Pourquoi pas car le film apporte quelques clefs
pour mieux comprendre l’étau dans lequel s’enferment des ethnies qui ne
trouvent guère d’opportunité d’emplois ou d’espoir d’avoir une vie hors les
magouilles et la confrontation policière. Heureusement ce n’est pas que du noir
et blanc mais de la nuance et des contrastes dans ce triple parcours de la
fratrie, supervisé autant que possible par Khadijah, la maman souvent dépassée
par les agissements de ses fils.
Cette suite nous laisse comprendre que Demba qui a décidé de
rompre avec son ancien style de vie et se cherche donc une vie respectable mais
que des fantômes vont l’en empêcher, même si une histoire d’amour naissante
pourrait le garder sur une trajectoire qui s’écarte de ses anciens amis,
pardon, de ses compagnons d’armes. Et on apprécie la ténacité trop fragile de
Noumouké (Bakary Diambera), le cadet qui reste fasciné par le parcours de son
grand frère. Il reprend sa scolarité sans véritable motivation que celle de se
confronter aux autres élèves, voir aux profs qui tentent de l’aider.

Quant à
Soulaymaan (Jammeh Diangana), après avoir remporté un concours d’éloquence et
obtenu son diplôme d’avocat, il travaille. Pourtant son quotidien est
réellement compliqué, notamment en tentant de maitriser son petit frère qui est
régulièrement attiré par la délinquance. Dans ce second volet il porte l’une des
séquences fortes du film ou son aisance face à un public est ici utilisée sur
un plateau de télévision à porter certaines des principaux messages du film, face
à un commissaire de police pendant un débat sur les violences policières.
Les banlieusards 2 livre un témoignage assez prévisible. Pourtant
ce n’est pas le fait à un scénario bancal, au contraire il plutôt bien calibré,
mais à cette vie dans les banlieues dont l’issue est malheureusement assez
prévisible. Certes quelques dialogues ou monologues vont appuyer un appel à se
battre pour s’en sortir, poser quelques options. L’opportunité d’un retour
ponctuel au Sénégal – une séquence de ressources aux sources aux images
superbes - avec un contexte, un esprit et une temporalité bien différente
semble être la clef de sortie. Mais le retour des banlieusards va être brutal.
Remercions Kery James et Leïla Sy de ne pas chercher à nous
duper sur les chances d’une véritable réussite, ou du moins avec un prix à
payer fort, ce qui sera le cas dans ce second volet. Le film est intéressant
pour cela, avec une production bien plus léchée que le premier volet et une
performance des trois acteurs, plus convaincante. On devine qu’il pourrait y
avoir un troisième volet au clap de fin, pourquoi pas ?
LE 27 SEPTEMBRE SUR NETFLIX
Un film de LEILA SY & KERY JAMES
Scénario et Dialogues KERY JAMES
avec KERY JAMES, JAMMEH DIANGANA, BAKARY DIOMBERA
Synopsis : Deux ans après avoir frôlé la mort, Demba tente
de changer de vie. Noumouké est impliqué dans des rixes entre quartiers rivaux
et Soulaymaan fait ses premiers pas en tant qu'avocat. Les 3 frères
résisteront-ils à la vague de violence et à la brutalité des évènements qui
s'abattent sur eux ?
Découvrez le premier clip du film avec Kery James x Kalash