Une femme Coréenne est le troisième film de Im Sang-soo qui s’attaque aux mêmes questions qu’a exploré Hong San-soo dans La femme est l’avenir de l’homme et Kim Ki-duk dans l’excellent
Locataires mais en proposant de les intégrer à l’histoire familiale de l’avocat Young-jak. Im Sang-soo avait déjà porté le thème de la femme libérée des tabous avec son premier film Girls’night out (1998).
La position de la femme dans la société coréenne a beaucoup évolué depuis celle qui lui était dévolue dans la société traditionnelle coréenne. Elle devait suivre la morale confucéenne, être patiente, vertueuse et surtout donner un héritier mâle pour perpétrer la lignée familiale. Le couple qui est au centre de l’histoire de Im Sang-soo chérit d’ailleurs un fils adoptif.
Le film décrit des histoires parallèles de femmes qui prennent leur indépendance à des âges différents.
Im Sang-soo livre un regard plutôt lucide sur la société coréenne et affirme : " Une femme coréenne est l'histoire de ma vie, celle de ma femme, celle de ma famille, celle de mes amis. Cette génération [celle des années 80] a été la première à profiter d'une Corée nouvellement démocratisée, et de l'émergence du féminisme. [...] Le problème est que la Corée n'avait qu'une vague connaissance de ces valeurs que sont la démocratie et le féminisme, et qu'aujourd'hui les Coréens ont du mal à mettre en pratique ce qui n'était que de lointaines théories. Cette génération s'efforce d'être heureuse, mais se heurte à la difficulté d'appliquer son nouveau statut de génération libre."
Le début plus calme du film pourrait aisément se comparer aux films de Hong Sang-soo mais vers son milieu, un événement frappant survient qui fait glisser l’histoire du côté du cinéma de Kim Ki-duk dont on retrouve une forme d’expression de la violence presque quotidienne. Violence des relations amoureuses, des confrontations entre amants, entre parents, vengeance désespérée et irraisonnée d’un père de famille.
Tout comme Hong Sang-soo, le réalisateur présente également des femmes fortes qui accèdent à une forme d’indépendance. Les deux couples que l’on voit évoluer révèlent une tendance qui n’est pas propre qu’à la société sud-coréenne où les femmes aspirent à une vie meilleure et plus épanouie, loin de la pesanteur des mariages qui s’essoufflent. Une femme coréenne montre aussi cette scène pathétique où l’homme se retrouve seul tandis que la femme poursuit son chemin de son côté comme chez Hong Sang-soo. A la différence que chez Im Sang-soo ce moment semble moins triste peut-être parce qu’une nouvelle forme de liberté s’offre autant à l’homme qu’à la femme une fois affranchit de la pression sociale traditionnelle.