Blu-ray Disc : Première revue des disques français



Les premiers Blu-ray Disc français sont arrivés à la rédaction. Passée l’excitation naturelle de la découverte visuelle et du contenu, il nous a paru intéressant de vous faire un résumé de nos impressions à la vue de cette première salve de films (Sony Columbia, 20th Century Fox) et programmes musicaux (Eagle Vision).

 

Revue et résumé par Bruno Orrù

 

Permettez-moi de débuter ce résumé en remerciant chaleureusement l’ensemble des intervenants m’ayant permis de mener en avant première ce travail de découverte : Samsung pour le prêt du lecteur et tout particulièrement Clotilde à l’agence de presse, Elisabeth, Murielle et Isabelle respectivement chez Gaumont Sony Columbia, Fox Pathé Europa et Eagle Vision. L’arrivée d’un nouveau format n’est pas une affaire simple, pour tout le monde, et le rassemblement au même moment, de l’ensemble du matériel est relativement compliqué.

Veuillez également noter qu’il est à ce jour impossible de réaliser des captures d’écran, les visuels de ce dossier résultent de simples photographies et ne sont donc pas représentatifs de la qualité des programmes proposés sur support Blu-Ray.

 

C’est quoi un Blu-Ray disc ?

L’arrivée de la haute définition sur média optique prend la forme concurrentielle du HD-DVD (le clan mené principalement par Toshiba, Microsoft et une partie des éditeurs) et du Blu-ray Disc (mené principalement par Sony et un ribambelle de constructeurs et une grande partie des éditeurs). Une guerre technologique et commerciale qui va forcément freiner le développement de la haute définition puisque, pour l’instant, deux types de lecteurs sont nécessaires pour lire deux types de média différents. Je vous propose de découvrir les tenants et aboutissements du format Blu-Ray au travers d’un dossier complet (par ici) et du test du premier lecteur Blu-ray disponible sur le territoire français, le lecteur Samsung BD-P1000 (par là).

Un Blu-ray Disc est physiquement comparable à un CD ou un DVD à l’œil nu. Bien entendu, si le principe général est similaire, les technologies en jeu sont différentes et sensiblement plus complexes. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir un lecteur Blu-Ray.

Ci-dessous un document qui permet de voir les différences physiques d’inscription des données numériques entre CD, DVD et Blu-Ray.


Un disque Blu-ray simple couche contient environ 25 Go, l’équivalent de deux heures de programme haute-définition (audio + vidéo).  Un disque double couche peut contenir environ 50 Go. Le taux de transfert sur les premières versions est de 36 Mbits/sec (soit 4,5 Mo/s) – à rapporter au début maximum du DVD de 9 Mbits/sec. Les prochaines versions pourront proposer un taux de transfert de 72 Mbits/sec (soit 9 Mo/s). Les disques au standard BD-RE (disque réinscriptible) sont déjà disponibles. Ils seront complétés par des disques au format BD-R (enregistrable) et BD-ROM en 2007, au moment ou seront validées les spécifications Blu-Ray 2.0.

Le cahier des charges Blu-ray spécifie trois codecs pour les données vidéo : MPEG-2 (déjà utilisé pour le DVD), le codec H.264/MPEG-4 AVC, et le codec VC-1 basé sur le codec Microsoft Windows Media 9. Le MPEG2 HD est celui qui est utilisé pour les premiers titres car la chaîne d’authoring connaît bien ce format. Toutefois, il n’autorise que deux heures de contenu en haute définition (disque simple couche), alors que les deux autres codecs offre un ratio double avec la possibilité de faire contenir environ quatre heures (taux de transfert d'environ 15 Mbit/s contre 25 Mbit/s pour le MPEG2). Certains titres proposés en 2007 et actuellement en production sont prévus en MPEG4-AVC. Il ne faut pas cacher que du coté du clan Sony l’utilisation du VC-1 Microsoft ne sera certainement pas privilégié.

Voici en quelques mots les nouvelles options sonores possibles :

Dolby Digital TruHD : Il s’agit de la variante non compressée du Dolby Digital. On parle alors de flux « Lossless ». Le flux est compressé pour un gain de place mais suivant le principe du « zip », le signal une fois dé compressé retrouve l’information originale non compressée. Dolby utilise le MLP déjà employé dans le cadre du DVD-Audio. Le cahier des charges prévoit jusqu’à 11 canaux et pour avoir déjà eu la chance d’avoir eu une démonstration sonore utilisant ces 11 canaux (CES Las Vegas 2006), je peux vous assurer que l’immersion sonore est totale !

Dolby Digital Plus : Il s’agit d’une évolution du Dolby Digital, tant dans la gestion des canaux que dans le débit il va au-delà de celui autorisé dans le cahier des charges du DVD. Le signal est donc compressé mais avec un taux moindre, débouchant sur une plus grande clarté de l’information sonore.


DTS HD : Il s’agit de la variante moins compressée du DTS. Si le débit maximal peut rejoindre celui du format DTS plein débit, la résolution dépasse celle prévue dans le cadre du DVD.

DTS HD Master Audio : Tout comme le Dolby Tru-HD, il s’agit ici de proposer une piste sonore non compressée avec un débit variable allant jusqu’à 24 Mb/s (18 Mb/s sur HD-DVD) ! Cela permet de récupérer la bande sonore telle qu’elle existe à la table de mixage des ingénieurs du son. Détail, dynamique et relief sont donc intacts.


Renouvellement de matériel requis…

Comme on parle de HD visuelle et de HD sonore, l’environnement matériel doit également être renouvelé. Coté image il faut impérativement un diffuseur (téléviseur ou projecteur LCD / DMD / Plasma / LCOS / SXRD / D-ILA) compatible avec des flux vidéo 720p (HD ready) ou 1080i/p (Full HD). Coté sonore il faut prendre en compte les nouveaux décodages HD Dolby ou DTS. Heureusement, les décodeurs nécessaires sont inclus dans les lecteurs et il suffit de récupérer les signaux décodés par les sorties analogiques 5.1. Cela suppose par contre que votre amplificateur home-cinéma dispose d’entrées analogiques 5.1, ce qui est certainement le cas si vous avez un appareil récent.

Les Blu-ray disc sont proposés dans de nouveaux boîtiers, de couleur bleue, en opposition aux disques HD-DVD qui sont proposés dans de nouveaux boîtiers de couleur rouge. Les premiers titres ne seront disponibles que chez les distributeurs spécialisés pour un prix oscillant entre 25 et 30€

 

20th Century Fox

J’ai eu à ma disposition deux titres : L’age de glace 2 et Les 4 fantastiques. Deux films récents dont les masters HD utilisés pour ce transfert vidéo sont de très haute qualité. Pour l’Age de glace la véritable « claque » visuelle est en définitive peu étonnante car l’image de synthèse charme facilement les yeux sur les diffuseurs HD. Mais quand même, quel détail dans les textures des personnages, leur pelage ou leur chevelure ! Quelle impression troublante de profondeur également, les quelques personnes qui sont passées me voir les quelques jours ou j’ai eu à ma disposition le lecteur Samsung BD-P1000 pour cette première incursion en HD m’ont toutes parlées « d’effet 3D », d’avoir la sensation de rentrer dans l’image.


Avec Les 4 fantastiques, l’histoire est différente puisque plongeant dans un monde (hyper) coloré de (super) héros. Un piqué qui fait jaillir les couleurs avec un aplomb rarement observé sur le format DVD. Ce sont les contours qui gagnent le plus à cette précision car ils ne présentent plus cet écho MPEG que l’on observe trop souvent en DVD.

 

Sony Columbia

J’ai eu à ma disposition plusieurs titres : S.W.A.T, Hitch, Chevalier, Kung Fu hustle et Hostel. Des films de provenance et de profiles variés, ce qui se traduit par des luminosités et des colorimétries différente. Par exemple l’image à l’ambiance urbaine de Hitch tranche avec l’ambiance beaucoup plus colorée de Chevalier, sans parler des 4 Fantastiques vus plus haut. Sur S.W.A.T. ce qui frappe c'est la netteté des plans dans les séquences sombres, laissant apparaître de nombreux détails difficilement décelables en DVD. Plans larges ou plans serrés, cette impression de découvrir des détails est récurrente et, après avoir regardé plusieurs films, on commence à comprendre qu'il va être difficile de revenir en arrière.

 
La haute définition apporte également un regard différent sur les choix techniques du réalisateur au niveau du choix des optiques des caméras et de l’adresse des caméraman pour la mise au point. Il est en effet plus facile de déceler une mise au point hasardeuse. A l’opposé certaines séquences de trucages sont plus facilement démystifiées.
Même si un petit besoin d’adapter les contrastes ou le niveau de lumière se fait ressentir, dans tous les cas la compression est invisible, faisant parfaitement ressentir les différents grains de pellicules. Là encore on retrouve cette impression de précision et de netteté qui, pour autant, ne donne pas d’aspect numérique vidéo, bien au contraire, l’image semble naturelle, proche de celle observée dans une salle de cinéma, mais plus précise !
Avertissement : Les commentaires ci-dessus, en particulier les dernières lignes, sont liés à des séances de projection via un vidéo projecteur Barco 808 (en 720p et 1080i). L’utilisation de ce type de projecteur permet de s’affranchir des nombreux traitements numériques imposés sur les téléviseurs récents. La preuve en est qu’en basculant sur des téléviseurs (rétro DMD et écran Plasma) j’ai vu des défauts de décompression ou de solarisation totalement invisibles sur mon projecteur Barco. La « faute » à certains retraitements qu’il est parfois possible de désactiver, ce que je vous conseille de toute façon au regard de la très haute qualité de la source. Méfiance donc si un revendeur vous organise une démonstration, veillez à ce que le diffuseur soit parfaitement réglé.


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