La vidéo haute définition sur PC avec Pure Video Nvidia



La solution PC home-cinéma (PC de salon) prend de plus en plus d’ampleur de par ses fonctionnalités étendues et simplifiées via l’usage d’une télécommande mais également par son attrait qualitatif face aux solutions de salon, tout en étant généralement de prix compétitif soit moins de 120 euros pour la carte testée. Je vous propose aujourd’hui le test de la carte vidéo Nvidia GeForce 7600 GS, accompagnée du module PureVideo qui excelle dans l’art d’optimiser l’affichage des images vidéo. Ce test devrait vous permettre d’aborder sereinement le marché des cartes vidéo et de comprendre pourquoi certaines cartes sont réellement intéressantes pour faire son cinéma chez soi, y compris en très haute définition.

 

Expériences réalisées par Bruno Orrù

 

Les lecteurs de DVD de salon embarquent des circuits vidéo complexes permettant d’opérer le décodage vidéo des disques puis d’y ajouter des traitements numériques divers et variés afin d’optimiser au mieux le signal vidéo. Les lecteurs les plus récents et plutôt haut de gamme embarquent également des traitements de désentrelacement (passage du signal vidéo du mode entrelacé au mode progressif) et de mise à l’échelle (mise en adéquation de la résolution de la source en fonction de celle du diffuseur) en prévision d’un affichage sur un diffuseur à matrice fixe (projecteur ou téléviseur Plasma / LCD / DLP). Ces circuits sont de plus en plus souvent agrémentés de fonctions de « mise en forme » du signal vidéo afin de lui donner un rendu optimisé. Nous sommes là sur un segment de marché ambitieux, les machines permettant ces prodiges étant commercialisées à plus de 1 500 / 2000€ ;

Du coté des cartes vidéo, la donne est différente puisque ce travail est généralement confié à une couche logicielle. Ces traitements peuvent être disponibles au sein d’un logiciel de lecture mais NVidia préfère proposer une solution associant justement le décodage du logiciel de lecture de DVD (Cyberlink PowerDVD 7, Intervideo WinDVD 7 et bientôt Nero Digital 2) avec des traitements numériques développés spécifiquement pour les cartes Nvidia GeForce. Ces traitements sont regroupés dans un module dénommé PureVideo et nous allons voir que leur apport est important pour peaufiner le rendu d’une image et l’adapter parfaitement à ses propres rétines et au diffuseur.


Nvidia PureVideo et HD PureVideo

Il n’est pas toujours clair dans l’esprit d’un possesseur de PC à quoi peut bien servir une carte vidéo puisque les ordinateurs possèdent de plus en plus une puce vidéo intégrée à la carte mère qui sait parfaitement gérer l’affichage. Il faut être conscient de trois éléments importants : 1) ces puces intégrées ont besoins de mémoire pour fonctionner et elles s’approvisionnent alors sur la capacité offerte par la mémoire vive destinée au système d’exploitation. Plus le partage est important, plus le potentiel de performances de l’ordinateur est affecté. 2) Ces puces ne sont pas suffisamment développées pour proposer un environnement de jeu (3D) ou vidéo performant. 3) Le décodage de flux vidéo HD (HD-DVD ou BluRay, WMV-HD, H.264…) est problématique s’il s’appui uniquement sur la force brute du processeur, y compris pour les derniers processeurs double cœur !


Il est donc vivement recommandé d’acheter une carte vidéo mais pour celui qui s’intéresse au monde du PC home-cinéma, cela n’a jamais été simple et parfois coûteux. Je me suis intéressé aux cartes Nvidia car ce constructeur a caler dans sa stratégie globale une gamme de cartes qui vont permettre « d’accélérer » les traitements vidéo et plus particulièrement optimiser les besoins de décodages de fichiers vidéo ou pour leur encodage si vous faîtes du montage vidéo. Gros intérêt de ces cartes, elles laissent de coté les performances 3D destinées aux joueurs les plus exigeants. Nvidia en effet, contrairement à ATI, sait dissocier le traitement des flux vidéo et le 3D et cela découle sur des cartes à prix contenu puisque l’on parle ici d’un budget à peine plus élevé qu’un billet de 100€ alors que les cartes en questions sont déjà compatibles HDCP, elles peuvent donc s’insérer dans une chaîne vidéo numérique au sein d’un ordinateur. Rappelons en effet encore une fois que la lecture de programme HD ne devrait être possible que dans une configuration numérique protégée par le protocole HDCP. Si vous souhaitez lire un disque HD-DVD ou Blu-Ray à partir d’un ordinateur et via la sortie numérique DVI ou HDMI il faut impérativement que tous les éléments soient HDCP ; le lecteur rom, la carte vidéo et le moniteur / diffuseur. Il n’est pas clair à ce jour des possibilités qui seront offertes sur la sortie VGA puisque les restrictions qui existent sur les sorties analogiques des lecteurs de salon peuvent tout aussi bien être implémentés sur les ordinateurs (c’est une instruction spécifique sur chaque disque commercialisé qui gère ce type d’autorisation en fonction des souhaits de l’éditeur)


Outre l’aspect matériel de la carte, la proposition de Nvidia prend la forme d’un module vidéo intitulé PureVideo (inclut dans les pilotes ForceWare) destinés à une catégorie précises de cartes GeForce 6 et 7 (voir en fin de dossier les cartes concernées). Ce module doit être mis en association avec un lecteur logiciel et permet de reproduire les traitements numériques présent dans des machines de salon onéreuses tout en soulageant le travail du processeur principal.

Activation du module PureVideo

Il faut posséder une carte Nvidia et, au choix, le lecteur logiciel Cyberlink PowerDVD (version 6 minimum) ou Intervideo WinDVD (version 7 minimum). L’activation du module PureVideo est confirmée en cochant la case d’accélération matérielle.

Les caractéristiques techniques de PureVideo.

Le module PureVideo est intéressant à plusieurs titres. Il est l’un des premiers à permettre l’accélération du codec HD H.264, aussi appelé AVC (Advanced Video Codec) ou encore MPEG4 (part 10). S’il doit confier le décodage au lecteur logiciel, le travail en étroite collaboration avec l’une des cartes Nvidia compatible permet un gain moyen proche de 50% par rapport à l’utilisation de la puissance du processeur de l’ordinateur (nous verrons plus loin que mes tests font ressortir un gain souvent supérieur à 50%).


Vous trouverez en fin de test quelques captures qui vous permettent de mieux comprendre les commentaires qui suivent. Ces captures ont été réalisées depuis le DVD de test HQV Benchmark DVD et ne correspondent pas au rendu possible par les cartes équipées du module PureVideo. Vous pouvez également suivre ce lien afin de voir quelques captures proposées par Nvidia.

 

PureVideo fait également fonction de désentrelaceur, un travail qui trouve son utilité pour toute source entrelacée comme un fichier vidéo venant d’un caméscope, un DVD ou un signal issu d’un tuner TV/TNT/Sat. Si vous avez déjà un lecteur logiciel comme PowerDVD ou WinDVD sachez que cette fonction est déjà disponible mais PureVideo à la prétention d’être meilleur. Rappelons qu’un bon désentrelacement doit faire totalement disparaître les phénomènes d’escalier sur les contours et certains travellings ou défilement de lettres (génériques). PureVideo propose quatre types de contrôles : 1) Automatic soit la mise en place du mode de désentrelacement par lecture de l’index qui accompagne le programme ou le fichier) 2) Smart soit le choix de la meilleure méthode de désentrelacement par analyse de la source) 3) Film qui impose le mode film et donc n’opère aucun traitement) 4) Video qui Impose le désentrelacement. PureVideo propose ensuite deux types de mode de désentrelacement : 1) Best available, c’est le choix par défaut qui permet au module d’analyse la source pour choisir le meilleur mode) 2) DisplayFields Separately qui donne le choix à l’utilisateur.

PureVideo prétend également faire le meilleur traitement 3:2 et 2:2 pulldown, une fonction nécessaire lorsque la source est de type film, c'est-à-dire tourné en 24 images / seconde. Comme les standards vidéo sont prévu pour un affichage de 25 images / seconde (PAL) et 30 images / seconde (NTSC), un traitement doit faire le raccord ! Ce traitement est couplé à une détection de mauvaise cadence générant des effets particulièrement disgracieux d’artefacts. Si ce travail est fait réalisé, la lecture est saccadé, ce qui peut vite devenir agaçant.

PureVideo en situation DVD

Afin de vérifier les mérites de PureVideo j’ai placé le module en situation de mires et de lecture de documents vidéo triés sur le volet ; que ce soit en SD (DVD vidéo) ou HD (extraits et bandes annonces en MPEG2 HD et H.264). J’ai utilisé le logiciel PowerDVD 6 à ma disposition en cochant et décochant à chaque fois l’option d’accélération matérielle pour observer le comportement du lecteur en utilisant ses propres algorithmes de travail ou ceux de PureVideo. La carte à ma disposition était une Asus Nvidia GeForce 7600 GS avec 256 Mo de mémoire. J’ai utilisé la sortie DVI HDCP de la carte, branchée sur un rétro-projecteur DLP Samsung, modèle SP50L6HX disposant d’un écran de 50 pouces (les traitements numériques internes ne sont pas actifs sur sources PC).

Le meilleur moyen de vérifier la qualité de traitement en termes de désentrelacement c’est d’utiliser un DVD de test comportant des séquences spéciales. Globalement l’apport de PureVideo est sensible avec un excellent lissage des droites glissantes ou tournantes (le cas le plus problématique en désentrelacement). Avec ou sans PureVideo ce n’est pas du tout la même restitution, prouvant que le déjà bon traitement interne de PowerDVD se laisse distancer par PureVideo. Sur des séquences vidéo, l’écart de performance est également facilement visible ; en revenant par exemple encore et toujours sur la séquence du drapeau flottant dans l’air (DVD de test HQV ou Video Essentials) le verdict est même sans appel puisque PureVideo efface tout simplement tout effet d’escalier tout en apportant un surcroît de précision sur les contours flottant du drapeau. Sur ce point il rivalise donc avec le fameux traitement DCDi de Faroudja. Autre test mais au résultat cette fois-ci moins démonstratif avec une séquence générant un effet de moiré. Ici PureVideo s’avère un soupçon meilleur que PowerDVD mais n’apporte pas réellement de solution pour se soustraire de cet effet qui subsiste.

PureVideo en situation HD

En lecture de sources HD, ce qui m’a le plus intéressé ce sont les notions d’accélération matérielle possibles, les équipes de Nvidia m’ayant assuré qu’aucun processeur grand public aujourd’hui commercialisé ne pouvait décemment décoder un fichier en 1080p sans ralentir sérieusement le bon fonctionnement de l’ordinateur et provoquer des sauts d’images. Le but du jeu ici était de vérifier la charge CPU avec ou sans l’accélération, j’ai pour cela utilisé l’utilitaire Windows permettant de suivre la charge du processeur et d’enregistrer les résultats sur un graphe. En fait, je n’ai pas beaucoup de commentaires à faire, il suffit de regarder les deux courbes ci-dessous donnant la charge du processeur sans (à gauche) et avec (à droite) l’accélération matérielle de la carte GeForce 7600 GS. Les sauts d’images disparaissent totalement et permettent une lecture aisée sans mettre à genoux le processeur. J’ai réquisitionné un AMD 2700+, soit un processeur dans la moyenne, prouvant ainsi que la carte peut fonctionner sur des machines qui ne sont pas des bêtes de courses mais qui pourront néanmoins produire une excellente image, y compris sur des fichiers HD.

Quelques réglages additionnels

Signalons que PureVideo est accompagné de réglages de couleurs et de netteté applicable à l’ensemble de l’affichage. Du coté des couleurs, je vous laisse le soin de faire vos propres ajustements en fonction de la source (bureau Windows, fichier vidéo, DVD…). En ce qui concerne la fonction de netteté je reste toujours méfiant sur leur déploiement bien que le réglage proposé par Nvidia n’apporte quasiment aucun artefact mais, comme tous les autres traitements de même type, amplifie fortement les défaits de compression.

En conclusion

Couplé avec le module PureVideo, les cartes vidéo à base de puces Nvidia permettent d’avoir à portée de souris un lecteur de très haute qualité, pouvant rivaliser avec des machines de salon au prix 10 à 20 fois supérieur !  L’accélération matérielle est un vrai plus qui permet aux configurations moyennes de jouer dans la cour des grandes, avec une très haute qualité vidéo. Nvidia met ainsi les pieds dans le plat et pose les jalons pour que le PC devienne de plus en plus une solution noble et efficace pour faire son cinéma chez soi. Je ne saurais donc trop vous conseiller de faire l’essai, surtout si vous êtes intéressés par les nouveaux supports vidéo HD.

 

Informations en ligne :

La page dédiée au module PureVideo sur le site Nvidia France

La page PureVideo HD sur le site Nvidia France

La liste des cartes compatibles avec le module PureVideo

Lire la configuration complète pour la lecture de vidéo HD

Ci-dessous quelques captures qui vous permettent de mieux comprendre les commentaires qui suivent. Ces captures ont été réalisées depuis le DVD de test HQV Benchmark DVD et ne correspondent pas au rendu possible par les cartes équipées du module PureVideo.