Deuxième
point, ce n'est pas le débit qui fait une belle image mais la qualité
du processus de compression. Sur ce point technique, Sony à
toujours été au top. De mon coté, les multiples essais
que j'ai pu faire sur des vidéos personnelles me l'ont durement prouvé,
les différents encodeurs disponibles sur le marché grand public
proposent une qualité de travail très variable. C'est aussi pour
cela que d'un éditeur à l'autre les qualités d'image peuvent
varier ainsi que les sensations visuelles globales comme le piqué d'image,
la saturation des couleurs ou bien entendu l'ptimisation de la compression.
Ce
sont bel et bien les maniaques de la technique et de la qualité qui sont
visés par cette opération SuperBit. Pour s'en persuader
il suffit de jeter un œil à l'arrière de la jaquette
pour y découvrir un petit texte de présentation du SuperBit. Un
texte purement technique qui mêle les notions de taux de compression,
de bande passante des flux vidéo et de caractéristiques d'une
image vidéo. Des termes techniques qui sont bien loin des arguments habituels
qui mettent en avant le film ou les bonus qui l'accompagne. Si vous n'êtes
pas totalement persuadé, l'éditeur compte sur un packaging
high-tech pour faire pencher la balance, sans compter cet extraordinaire DVD
de couleur pourpre aux reflets violets.
Les
premières séries SuperBit ont reçues un succès critique
et commercial convenable et les nouvelles salves démontrent qu'il
y a un marché. On peut bien entendu regretter que ces éditions
SuperBit ne soient pas proposées lors de la sortie initiale d'un
titre. Cela permettrait sans aucun doute à l'amateur de faire son
choix calmement entre édition « classique » pourvue de suppléments
et édition Superbit au profil technique optimisé.
Passé
la présentation générale du procédé SuperBit,
je vais tenter de répondre à la question fondamentale : faut-il
investir dans un titre de la collection SuperBit sur la base unique des arguments
techniques exposés par l'éditeur ? Si vous ne possédez
pas le film en question sur support DVD et que vous ne vous intéressez
pas trop aux suppléments, la réponse est logiquement positive.
Pour les autres, ceux qui possèdent déjà la version précédente,
en dehors de ceux qui sont dans la quête de l'absolu, il n'y a pas de
grandes raisons de se précipiter bien que j'admette que les arguments
techniques mis en avant par l'éditeur sont réels. Les écarts
de qualité sont parfois dans la nuance mais par rapport à des
éditions anciennes les gains sont sensibles. Bref, il n'y a pas de règle,
chaque cas doit-être analyser comparativement pour mesurer l'écart
qualitatif.
Vous
trouverez sur le site plusieurs critiques de DVD Superbit. Pour illustrer
ce dossier je vous propose de prendre pour exemple le film de Luc Besson, «
Le 5ème élément », l'un de mes DVD étalon
préféré. La compression pour débuter. La première
édition qui date des débuts du DVD PAL français est catastrophique
avec de nombreux pavés de pixels disgracieux tout au long du film. La
version SuperBit présente une texture homogène et sans artefacts
de compression apparents, sauf pour les yeux avertis qui s'intéressent
plus aux contours des lignes qu'au film lui même. Coté couleurs,
la première édition reste encore aujourd'hui exemplaire grâce
à un master d'un très grande qualité. C'est ce même
master 16/9ème qui a été repris pour la version SuperBit.
Chaque seconde du film est un délice pour les yeux avec des contrastes
dotés de nombreuses nuances et des couleurs qui explosent littéralement.
Le costume de Zorg en est l'illustration parfaite. Dans le même temps,
la peau du visage de LeeLoo semble plus détaillée, moins lisse
et quelques imperfections de peau sur son visage se détachent. L'image
est d'une grand tenue, la vue de la ville avant que Leeloo ne plonge est un
passage éloquent du gain en termes de profondeur de champs et de piqué
qui semble mettre véritablement en relief certains second plans. Cette
vue plongeante avec les centaines de voitures qui circulent est un passage obligé
pour ce genre d'exercice, c'est véritablement sur ce type de séquence
que le SuperBit prend toute sa mesure, les contours des détails semblent
mieux définis, plus tranchés, procurant une sensation de profondeur
de champs accentuée. Mais attention, ces écarts qualitatifs sont
tenus.
Les disques
SuperBit sont également intéressant dans la mesure ou ils permettent
véritablement de placer une hiérarchie dans la qualité
de retranscription matérielle des images. Un lecteur moyen sera incapable
de faire ressortir certaines nuances visuelles entre une édition standard
et l'un des disques SuperBit. En passant sur un lecteur performant, les
écarts se creusent, démontrant qu'il existe encore des différences
de qualité d'un appareil à un autre. C'est ce qu'il
ressort des différentes lectures que j'ai eu l'occasion de
faire sur une petite sélection de lecteurs, plus ou moins ambitieux.
Sur
le plan sonore l'éditeur propose une nouvelle piste encodée en
DTS mi-débit à 754 Kbs et une piste Dolby Digital qui passe de
384 Kb/s sur les éditions précédentes à 448 Kb/s
sur les éditions SuperBit. Après avoir écouté
en détail les pistes sonores de plusieurs DVD SuperBit, j'ai noté
à plusieurs occasions quelques différences. Sur Desperado par
exemple, j'ai retenu une troublante impression que le mixage multicanaux avait
été modifié au niveau de la balance. Si vous avez l'occasion,
comparez la séquence du générique de début de ce
film, l'intégration de la voix par rapport à la musique est moins
prononcée, les instruments sont plus présent dans les canaux surround
et une fausse réverbération se fait plus présente.
En ce qui
concerne « Le 5ème Elément », les gains de la nouvelle
version par rapport à la double version Dolby Digital / MPEG2 de la première
édition sont multiples. Vous avez bien lu, le 5ème Elément
dans sa première édition française est en effet l'un
des rares disques proposant une piste multicanaux MPEG2, c'était
avant l'officialisation de l'utilisation du Dolby Digital pour le
marché Européen. A noter pour les historiens que ce fameux MPEG2
est toujours inscrit au cahier des charges du DVD PAL Européen !
Par rapport
au mixage multicanaux Dolby Digital de la première version, la piste
DTS 5.1, en VO, apporte une nouvelle expérience sonore plus proche de
l'extraordinaire souvenir que j'ai de la vision du film dans une
salle de cinéma équipée en SDDS. L'enveloppe sonore
est plus appuyée, plus oppressante tout en diffusant avec plus de stabilité
et de précision de multiples informations d'ambiance. L'intégration
des dialogues est plus naturelle et surtout, la texture et les timbres des voix
sont plus transparents, un peu comme si un cache grossier devant un micro avait
été retiré. La gestion des basses est plus efficace. Lorsque
l'on s'amuse à comparer les deux versions, on perçoit
facilement une meilleure retranscription des infra-graves, moins poussifs mais
plus stables. La dynamique est semblable dans les deux versions, avec même
un léger avantage à la piste Dolby Digital de la première
édition. Toutefois, les innombrables impacts de balles semblent moins
agressifs dans la nouvelle version DTS tout en étant plus percutant.
Bref, cette nouvelle piste DTS est une totale réussite si l'on
oublie une légère saturation perceptible sur certaines lignes
de dialogues. Ce problème lié au master VO et non pas au système
d'encodage n'a rien de bien méchant mais c'est régulier
et un soupçon agaçant à la longue.
La nouvelle
piste Dolby Digital 5.1 est en Version Française est encodée à
448 Kb/s, un petit gain appréciable qui permet une meilleure retranscription
des détails d'ambiance. On note également un détachement
des dialogues par rapport à la version précédente mais
avec une certaine sécheresse par rapport à la version DTS. Par
contre, la légère saturation des dialogues disparaît, ce
qui est logique en considérant que les dialogues ont été
ré-enregistrés en post-synchronisation. Le niveau des deux pistes
est similaire, la piste Dolby Digital dispose d'une normalisation des
dialogues de + 2 dB.
Tous
les efforts d'un éditeur doivent-être salués du moment qu'ils
sont bénéfiques au consommateur. C'est le cas de ces
expériences SuperBit. Il s'agit toujours de rééditions
mais cette nouvelle cuisson apporte de nouvelles saveurs visuelles et sonores
indéniables. Mais attention, la qualité du décodeur vidéo
du lecteur de DVD et celle du diffuseur restent des éléments importants.
Les bénéfices du SuperBit sont tout en nuance et seuls des appareils
de qualité pourront les restituer convenablement. Coté son, les
gains sont facilement décelable.
Dossier
et analyse par Bruno Orrù