En directe descendance de Michael Moore, Morgan Spurlock décide de tenter devant la caméra une expérience de l’extrême : manger pendant 30 jours ses trois repas à Mac Donalds, pour voir une bonne fois pour toutes si ça fait grossir. La réponse est claire : ça fait grossir (lui), ça rend malade (lui), ça fait rire (les spectateurs) et ça informe (toujours les spectateurs).

Titre original : Super size me
USA, 2004
Réalisateur : Morgan Spurlock
Durée : 1h40

L’histoire
A la suite d’un procès où Mac Donalds n’a pas été condamné parce que l’accusation n’a pas pu prouver que leur nourriture était à l’origine de l’obésité, Morgan Spurlock décide de manger ses trois repas chez MacDo pendant 30 jours, et d’en faire un documentaire. Nous suivons son expérience, ses analyses médicales, ses interviews et informations diverses.

Vous pouvez aller jeter un œil sur les sites français ou US de MacDo, où sont précisées les calories respectives de tous les plats. Ça vous permet aussi de voir les portions servies (par exemple, les McFlurry en France c’est 180g, aux States 350g…). Pour info, un repas normal avec un Big Mac, une frite moyenne avec de la sauce pommes frites, un Coca 40cl et un sundae chocolat, c’est presque 1350 calories…
Les calories sur le site US :
http://www.mcdonalds.com/app_controller.nutrition.categories.nutrition.index.html
Le site français (en flash donc pas de lien sur les pages) : http://www.mcdonalds.fr/




J’avoue que j’avais un très mauvais a priori sur ce film : que ce soit MacDo, une pizzeria ou même Maxim’s, quand on y fait 3 repas par jour pendant 30 jours, ça ne peut pas se finir bien. En clair, l’excès de l’entreprise me semblait d’avance condamner son issue. Comme j’avais tort. D’abord parce que Morgan Spurlock est conscient de l’extrémisme de son pari, et le dit texto à la fin : " Vous trouvez que c’est exagéré d’y manger 3 fois par jour comme je l’ai fait ? ". Un film qui répond directement dans le film à une objection que vous aviez, c’est assez rare pour le signaler. Incidemment, sa décision se justifie pleinement par deux raisons : d’abord beaucoup d’américains mangent au MacDo tous les jours (ce que je n’imaginais pas), et deuxièmement l’événement déclencheur pour son expérience est une décision de justice, suite au procès contre MacDo, indiquant qu’il n’avait pas été possible de prouver que MacDo seul était à l’origine de l’obésité. Le principe de l’expérience est donc en fait non pas de faire 3 repas par jour à MacDo, mais de ne manger que ce que MacDo vend. Et l’obligation de prendre le super size si on le lui propose : 200g de frites et plus d’un litre et demi de Coca avec le hamburger. On a l’air ridicule, nous, français, avec notre Maxi Best of et nos 50cl de Coca : une interviewée française (au vu de son accent) explique que ce verre, taille Maxi en France, s’appelle… small aux US.


Si on prend le documentaire pour ce qu’il est, il aurait pu difficilement être mieux. Morgan Spurlock a su prendre son défi très au sérieux, et s’entourer de plusieurs docteurs (généraliste, cardiologue, gastro-entérologue, diététicienne, et même un prof de gym) pour appuyer ce qui va lui arriver avec des chiffres et des interprétations incontestables, et pas seulement de vagues impressions subjectives. Il a su également fixer des règles strictes, prendre en compte l’absence d’exercice qu’ont en général les personnes obèses, et nous propose également un tour des MacDo des US pour voir les différences entre les différents états. A la manière de Michael Moore (on sent bien sûr l’influence de son style sur tout le film), il part dans la rue interviewer quelques personnes sur des sujets divers, pour des scènes à la fois irrésistibles (les portraits à identifier ou la question piège : Qu’est-ce qu’une calorie ?) et révélatrices (en étendant bien sûr un exemple à une généralité, ce qui est difficile à éviter dans un tel documentaire).


De plus, le film aborde une multitude de sujets afférents, comme les cantines scolaires (préparez-vous à halluciner), les quasi sectes pour le bien manger, la politique marketing de MacDo et ses personnages (je sais pas vous, mais moi je les ai toujours trouvés moches et faisant presque peur, le clown MacDo et ses comparses) ou les conséquences de l’obésité. Soit une énorme quantité d’informations. Peut-être même un peu trop, surtout au rythme où elles sont présentées. A l’image du MacDo, le film devient un peu bourratif, mais c’est pour la bonne cause. Mais comme en plus tous les chiffres en anglais s’expriment en pounds, gallons ou feet et inches, les sous-titres présentent les chiffres convertis en kilos, litres et mètres, et le spectateur croule sous l’avalanche de ces chiffres différents. Même chose quand on débite à la vitesse d’un fusil mitrailleur les maladies découlant de l’obésité. Vous avez intérêt à ouvrir grand les yeux et les oreilles, et même là ça reste un peu fatiguant de suivre tout ce qui est dit.
Pour donner une conclusion pour le contenu et le contenant, c’est du tout bon. Le film regorge d’informations, de faits, d’opinions, d’expériences. Il reste de plus assez impartial et ne pratique pas de mauvaise foi ou d’opinions non contrebalancées par ses opposants. Côté film lui-même et plaisir du spectateur, le tout est très réjouissant, le " héros " est très sympathique et on s’intéresse à son aventure. En bref, on passe un bon moment, on s’instruit sur la diététique et sur la société américaine. Rien à redire ! Et n’oubliez pas : au sortir du film, vous aurez une grosse envie de fruits frais et de légumes cuisinés, alors prévoyez d’avance.


A voir : pour le fun et pour s’instruire
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, vous ne le regretterez pas

Sébastien Keromen