Lost : que faut-il attendre de la saison 2 ?



Avant-propos

Précisons tout d’abord qu’il est indispensable d’avoir vu la première saison de Lost avant d’entreprendre la lecture de cet article, celui-ci dévoilant certains des principaux ressorts narratifs des 25 premiers épisodes de la série.

Introduction

Alors que la saison 2 de Lost pointe le bout de son nez en France, effectuons un petit retour sur la première saison afin de mieux identifier les enjeux de la suite. Votre serviteur n’ayant pas vu la deuxième saison, il se veut donc représentatif du spectateur français lambda.

Le phénomène Lost

A sa diffusion aux Etats-Unis, la première saison de Lost crée l’évènement dans le paysage télévisuel. L’engouement est tel que la série parvient à drainer jusqu’à 21 millions de spectateurs par semaine. Le succès étant phénoménal, la chaîne ABC n’hésite pas à commander plus d’épisodes. Les 13 initialement prévus sont allègrement dépassés puisque cette première saison s’achève avec 25 épisodes au compteur. Diffusée par TF1 de juin à août 2005, la série conquiert aussi les spectateurs hexagonaux qui, le samedi soir, affluent en masse devant leurs écrans (6 millions de téléspectateurs en moyenne). En Amérique et en France, ainsi que dans les autres pays de diffusion, Lost devient un véritable phénomène télévisuel (voir le nombre impressionnant de sites Internet lui étant consacrés).

La création de la série

Evoquant surtout deux livres, Robinson Crusoë de Daniel Defoë (1718) et Sa majesté des mouches de William Golding (1954), et un film, Seul au monde de Robert Zemeckis (2000), la série nous fait partager les aventures de 48 rescapés d’un crash aérien. Des survivants qui se retrouvent livrés à eux-mêmes sur une étrange île du pacifique. Lost est l’oeuvre de JJ Abrams, scénariste (on lui doit notamment les scripts de Forever young et d’Armageddon) ayant déjà percé à la télévision avec la série Alias. Fort du succès de Lost, Abrams s’est vu confier le troisième opus cinématographique de Mission impossible (scénario et réalisation), preuve s’il en est que sa cote de popularité auprès des studios hollywoodiens est montée en flèche. Produite par la chaîne ABC, la série a bénéficié d’un très gros budget, le double épisode pilote ayant coûté 10 millions de billets verts et la facture de chaque épisode s’élevant entre 2 et 3 millions.

Le paradoxe de Lost

Si Lost regorge de clichés en tous genres et affiche un rythme de nature sinusoïdale (alternance entre épisodes plutôt creux et segments trépidants en diable), la série n’en est pas moins passionnante, pour ne pas dire génératrice d’une pure addiction chez le spectateur. Les raisons de ce paradoxe ? Du mystère savamment entretenu et un suspense quasi-palpable tenant le public en haleine, mais ce n’est pas tout. En effet, on accroche surtout à l’évolution des personnages (même si beaucoup sont stéréotypés) et de leurs interactions, ceci grâce à des interprétations de qualité. Au-delà des quatorze (!) personnages principaux (Jack, Kate, Sawyer, Locke, Sayid, Charlie, Claire, Shannon, Boone, Hurley, Michael, Walter, Jin et Sun), la série se réserve aussi un vivier d’une trentaine de personnages (les autres rescapés du vol Oceanic 815) aujourd’hui « en sommeil ». Des personnages secondaires mal gérés pour le moment puisqu’ils n’apparaissent presque jamais à l’écran, ou alors comme des fantômes se contentant de hanter l’arrière-plan. Cet état de fait semble pourtant connu des scénaristes puisque le personnage de Arzt en fait quasiment la réflexion dans l’un des derniers épisodes de la saison 1.

Les principaux enjeux de la saison 2

Afin de relancer vigoureusement le suspense, la première saison de Lost s’achevait sur deux énormes cliffhangers.
On se souvient tout d’abord que les quatre rescapés ayant pris la mer sur un radeau (Michael, Walter, Sawyer et Jin) faisaient une rencontre très mouvementée avec une poignée d’hommes venus à leur rencontre sur une petite embarcation, de sinistres individus qui emportaient le jeune Walt avec eux et n’hésitaient pas à ouvrir le feu. De cet évènement naissent plusieurs interrogations. Au vu de la taille du bateau des kidnappeurs (relativement petit), peut-on imaginer que la terre (ou du moins un grand navire) n’est guère loin de l’île où s’est écrasé l’avion ? Qui étaient ces hommes ? Le kidnapping de Walter était-il un concours de circonstances ou était-ce là la mission de ces rustres ?
Deuxième cliffhanger marquant : la fameuse trappe, enfin ouverte. Constitue-t-elle l’entrée d’un vaste complexe souterrain ? Qui l’a construit et quel est son but ? Pourquoi, aussi, cette structure métallique porte-t-elle le numéro maudit (4 8 15 16 23 42) qui a permis à Hurley de gagner au loto aussi sûrement qu’il lui a porté une poisse gigantesque par la suite ?
Derrière ces deux enjeux majeurs, c’est la nature même de l’île qui intrigue et pose moult questions. Si l’on met en parallèle la présence de l’ancien navire (le black rock), celle du petit avion des trafiquants de drogue et le sort de l’expédition française et du vol Oceanic 815, on est en droit de se demander si l’île n’est pas une entité possédant un fort pouvoir d’attraction. Est-ce elle qui a permis à autant de personnes de survivre à un crash aérien particulièrement violent ? Hormis les ours polaires (en plein pacifique, une autre singularité), quelles créatures étranges peuvent bien fouler le sol de cette île ? Cette dernière est-elle aussi occupée par d’autres hommes et femmes comme le prétend Danielle et comme semblait l’attester la présence de Ethan ?

Les enjeux annexes

En marge de ces grands questionnements, on peut également relever une foultitude d’enjeux annexes. Ainsi, que va-t-il advenir de la relation entre Jack et Locke sachant que la mort de Boone et les dernières assertions du docteur ne présagent rien de bon ? Mystique (il porte, comme par hasard, le même nom qu’un philosophe anglais du 17ème siècle) depuis qu’il a survécu au crash et recouvré miraculeusement l’usage de ses jambes, John Locke, meilleur personnage de la série (très bien écrit et surtout formidablement incarné par Terry O’Quinn), apparaît pourtant comme celui qui comprend le mieux la nature profonde de l’île (son rêve prémonitoire l’a illustré). Quelle gigantesque créature (?) a-t-il bien pu voir lors d’une de ses chasses ? Si Locke est un personnage relativement secret, c’est aussi le cas de Danielle, une femme qui a certainement encore beaucoup de choses à révéler, notamment en ce qui concerne l’endroit depuis lequel est émis le message de détresse et les longues années qu’elle a passées sur l’île. Dans un autre registre, quelle est donc la particularité du bébé de Claire ? Walter et Aaron ayant été tous deux enlevés à différents moments, les enfants semblent avoir à jouer un rôle clé dans la série. Enfin, Charlie renouera-t-il avec la consommation de stupéfiants ?

Une série attendue au tournant

Ce que l’on sait sur l’avenir de la série, de la bouche même de son créateur, c’est qu’elle pourrait s’étendre sur 4 à 7 saisons et que la saison 2 est censée apporter plusieurs réponses au spectateur. Avec un premier épisode ayant réuni plus de 23 millions de téléspectateurs américains, cette seconde saison a fait un début fracassant. Le dernier épisode de celle-ci, d’une durée de deux heures, sera diffusé aux Etats-Unis le 24 mai prochain. En France, la saison 2 sera diffusée sur TF1 à partir de juillet. Cette saison sera cruciale à plus d’un titre, à commencer par le positionnement de la série (réalisme ou fantastique pur et dur ?). Après une saison 1 placée sous le signe de la découverte d’une partie de l’île et de la présentation des personnages (finis les flashes back dans la saison 2 ?), la deuxième saison devrait logiquement rentrer dans le vif du sujet et nous proposer une action plus soutenue tout au long des épisodes. Le cas échéant, l’intrigue serait artificiellement étirée et tendrait à donner raison aux détracteurs de ce programme qui clament à tout va qu’il ne se passe rien dans Lost. Réponse(s) prochainement ?

En DVD, la saison 1 de Lost est disponible en France depuis novembre 2005. La saison 2 sort dans un coffret zone 1 le 3 octobre prochain.

Julien Sabatier
Le 20 mai 2006