Don Davis peut paraître inconnu face aux ténors du monde de la bande originale tels que Jerry Goldsmith ou John Williams mais son quasi anonymat est loin d’être justifié. Après
Matrix premier du nom, mais avant son chef d’œuvre,
Matrix Revolutions, le compositeur américain a créé une bande originale surprenante :
La Maison de l’horreur.
La critique par Arnaud Weil-Lancry
La Maison de l'horreur, bande originale composée par Don DavisDon Davis est un compositeur particulièrement prolifique : artisan de plus de 80 partitions originales, son travail hétéroclite va d’
Antitrust à
Matrix, en passant par nombre de films produits pour la télévision ou des nanards tels que
Universal Soldier 2. En fait, rien qui laisse préfigurer ce qui allait devenir une composition phare de la bande originale des années 2000 :
Matrix Revolutions. Tout béophile se souvient du choc musical ressenti lors de la diffusion du dernier film de la trilogie des frères Wachowski et en particulier lors du mémorable
Neodamnerung ou de l’enivrant
Navras… Mais avant
Matrix Reloaded, Don Davis s’illustra grâce à la
Maison de l’horreur, remake du film original de William Castle de 1959.
Ce petit film d’horreur génialissime fut malheureusement partiellement plombé lors de son dernier quart d’heure par des effets spéciaux risibles suant les mauvaises images de synthèse. Il n’en demeure que sa bande originale est absolument excellente et mérite sans nul doute sa place dans toute cdthèque d’amateur de bandes originales qui se respecte.
La Maison de l’horreur constitue en réalité une mixture musicale originale qui mêle les genres avec brio partant d’un thème extrêmement simple mais pourtant efficace. Etrangement, cette thématique (
Main title) n’est que peu reprise et laisse libre cours à des mélodies diverses ayant chacune sa personnalité et son ton propre. L’album est par conséquent constitué d’une multitude de partitions extrêmement intéressantes allant de la mélodie pure (aspect rare dans le monde du film d’horreur) à des morceaux tonitruants et saccadés typiques pour le genre en passant par des reprises classiques telles que la piste
piano quartet in g minor de Brahms. Chaque piste surprend et transporte l’auditeur tantôt dans l’atmosphère décalée de l’asile des années 50, tantôt dans le psychédélisme véhiculé par Geoffrey Rush. On retrouve un peu partout la couleur assez synthétique des créations musicales de Don Davis sans que cette caractéristique ne nuise d’aucune manière à la qualité globale de la bande originale.
Si la bande originale de
La Maison de l’horreur est très agréable à l’écoute, on n’échappe pas aux inévitables chœurs présents depuis l’époque de la
Malédiction par Jerry Goldsmith. Cette dimension morbide est continuellement poussée par une atmosphère musicale gothique obsédante dans laquelle l’utilisation de l’orgue constitue une litanie angoissante de tous les instants. Cette noirceur est aussi véhiculée par d’autres thèmes plus inquiétants car lancinants tels que
Hans Verbosemann ou
Surprise. Ainsi, pratiquement toutes les pistes de la maison de l’horreur jouissent d’une vie propre et leur écoute ne procure peut-être pas un ravissement de tous les instants car ce n’est pas le propos ici, mais manifeste avec une vigueur stupéfiante le travail accompli par Don Davis qui signe ici l’un de ses travaux les plus accomplis. Son exploit demeurera d'avoir su créer une bande originale de film d'horreur particulièrement stylée qui peut se targuer d'exister indépendamment de l'oeuvre qu'elle est supposée accompagner et servir. On regrettera (atrocement) l’oubli plus ou moins volontaire de la géniale reprise par Marylin Manson de Sweet Dreams, jadis interprété par le groupe Eurythmics dans les années 80.
Qualité de la composition musicale : 7/10
Musique et Film : 7/10
Verdict : 8/10
Une composition très réussie de la part du compositeur des partitions des Matrix. Si vous ne connaissez pas encore Don Davis, La maison de l’horreur vous convaincra définitivement du talent de ce compositeur hors norme.
Vous trouverez cette bande originale à vil prix ici ou dans sa version américaine là...