ONLY GOD FORGIVES est un film réalisé par Nicolas Winding Refn avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya Pansringarm
A Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue. Lorsque son frère est assassiné, sa mère Crystal, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis. Ivre de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers.
Après drive, le grand retour du duo refn-gosling
Après le cultissime Drive, le réalisateur surdoué Nicolas Winding Refn (Bronson, Pusher) retrouve son acteur fétiche Ryan Gosling (Gangster Squad) et Kristin Scott Thomas (Dans la Maison)pour un thriller d’une violence esthétique unique et radicale.
Le 2 Octobre 2013 en DVD, Blu-ray & VOD En complément du détail des éditions DVD et Blu-ray (
suivez ce lien) nous vous proposons un entretien avec le réalisateur du film NICOLAS WINDING REFN
Pourquoi, après le succès de Drive, avez-vous décidé de réaliser un film de moyen budget, en Thaïlande ?
Moyen budget est un euphémisme. C’est plutôt un film à très petit budget. Tout a commencé avec mon accord portant sur 2 films coproduits par Wild Bunch et Gaumont. Only God Forgives devait être notre première collaboration. Mais Drive est arrivé et j’ai décidé de le réaliser en remettant à plus tard Only God Forgives. Néanmoins, le film était déjà tellement ancré en moi qu’il fallait que je le fasse. Donc, même pendant que je réalisais Drive,je préparais Only God Forgives.
Vous avez à nouveau travaillé avec Ryan Gosling. Pouvez-vous nous décrire cette seconde collaboration ? Comment pourriez-vous décrire son personnage ?
Au départ, un autre acteur devait interpréter le rôle de Julian mais il s’est retiré à l’approche de la date de tournage. Aujourd’hui je considère cela comme une bénédiction car cela nous a permis, à Ryan et moi, de pouvoir poursuivre notre collaboration. Bizarrement, j’avais écrit le script avant de réaliser Drive, et Julian avait toujours été conçu comme un personnage très silencieux. Quand Ryan et moi avons commencé à travailler sur le script après Drive, cet espèce de langage du silence est venu tout naturellement, ce qui a été très utile car le personnage de Julian est extrêmement torturé – il ne va jamais vers les autres et se replie sur lui-même. Avec le recul je ne peux imaginer un autre acteur interpréter ce personnage. Mais à nouveau, lui et moi ne faisons quasiment qu’un.
Dans le rôle de cet étrange policier ou justicier vous avez choisi Vithaya Pansringarm. Comment s’est passée votre collaboration avec cet acteur thaïlandais ?
Le casting en Thaïlande a été extrêmement compliqué car les acteurs n’ont pas vraiment de formation, comme au théâtre par exemple. Ce sont surtout des gens qui ont décidé d’être acteurs tout en ayant un autre travail à côté. J’ai eu beaucoup de chance car au cours de ce casting ouvert à tous (ce qui est un vrai challenge dans une ville de 12 millions d’habitants) Vithaya s’est présenté, comme par miracle, au tout début.
Je l’avais rencontré un an et demi avant le tournage et je savais qu’il était le personnage. Je ne peux vous dire exactement pourquoi car ses essais n’étaient pas exceptionnels mais il y avait quelque chose en lui – sa gentillesse et son calme – et puis je savais qu’il serait imprévisible et cela m’a toujours intéressé.
Dans tous mes films, les acteurs ont une large part dans la genèse des personnages, ils font vraiment partie de leur ADN, et Vithaya a rapidement compris que son personnage était à la fois juge, jury et bourreau – un homme à la capacité de décider de ce qui est bien ou mal. Il a été capable d’apporter au personnage exactement ce que je recherchais, la capacité à contrôler une sorte de karma de la justice. Chaque fois que vous faites du mal, quelque chose de mal viendra vous hanter en retour et il est celui qui décide de vous hanter ou de vous pardonner.
Kristin Scott Thomas est totalement transformée et extrêmement machiavélique. Comment êtes-vous parvenu à ce résultat ?
Nous sommes tellement habitués à voir le crime et la violence être l’œuvre de personnages masculins que l’idée de voir une femme incarner le mal absolu, et qui plus est une mère, était très amusant à écrire. J’ai eu très tôt l’idée d’avoir Kristin pour interpréter la mère de Julian. Nous nous sommes rencontrés à Paris et je me suis très vite rendu compte qu’il serait très intéressant d’en faire un mix de Lady Macbeth et Donatella Versace…
Et bien sûr Kristin a adoré jouer ce rôle dans lequel elle pouvait se donner à fond en incarnant la garce ultime. Néanmoins, il était très important pour nous d’en faire un personnage exubérant car elle en avait besoin pour incarner cette mère dominatrice et démoniaque.
Quelles ont été vos influences pour ce film ?
Il y a eu beaucoup d’influences différentes qui ont abouti à un certain nombre d’idées. Une des principales a été le cinéma de Richard Kern et son obsession pour les images violentes, en particulier son court-métrage The Evil Cameraman (1990). Et d’un autre côté mon désir obsessionnel de me frotter à la mythologie grecque avec Bangkok pour toile de fond…
Comment pouvez-vous relier Only God Forgives à vos autres films ?
Tout ce que je fais vient de la nécessité de me remettre en question à chaque fois. Evidemment il y a des liens avec mes autres films ou personnages, mais il y a quelques années, j’ai décidé d’arrêter de chercher à comprendre pourquoi je fais les choses, pour suivre mon instinct : quel film voudrais-je voir si j’allais au cinéma ?