Cassandro : l'histoire vraie d'un lutteur amateur gay devenu une célébrité internationale sur Prime Vidéo

Verdict:Moyen

par: Emmanuel Galais



L'histoire vraie de Saúl Armendáriz, un lutteur amateur gay d'El Paso, devenu une célébrité internationale après avoir créé le personnage « Exotico », également appelé le « Liberace de Lucha Libre ». Son personnage a bouleversé le monde machiste de la lutte et a changé sa vie.


Le réalisateur Roger Ross Wiliams, qui, dans le même temps vient d’achever un film sur la star du disco : Donna Summer, a décidé de nous raconter l’histoire de Saul Armendariz, dit « Exotico», un catcher Gay  qui, malgré les rejets et malgré l’opposition d’un sport plutôt machiste a su trouver le cœur du public et se fit une renommée mondiale. Personnage aussi exubérant que talentueux, il finit par se hisser sur les plus hautes marches de la « Lucha Libre » (Catch Mexicain). Surnommé le « Liberace de Lucha Libre » son personnage haut en couleurs est un pied de nez aux Exoticos, des Luchadors (Catcheurs masqués) qui se déguisent en femme pour se moquer des homosexuels.


Sur un scénario qu’il a lui-même signé en compagnie de David Teague (E-Team), le réalisateur ne va pas nous raconter une histoire avec tous ses codes, mais plutôt se concentrer sur la part d’ombre du personnage, celle de la relation avec son père. C’est un parti pris narratif intéressant mais qui a le désagrément d’éluder une partie de l’histoire, dont on a envie d’en connaitre les dessous. Notamment l’histoire derrière l’histoire, tous les sacrifices pour en arriver là, les entrainements, les relations avec les autres catcheurs etc… Le scénario nous vend un sujet et en fait un autre. En fait le duo s’est plutôt intéressé à ce manque qui ne le quitta jamais, celui de son père, depuis longtemps sorti de leurs vies. En forme de conclusion, plus que d’élément de narration cette relation avec le père est au cœur de l’intrigue et cela provoque une frustration supplémentaire. 


La première étant la mise en scène des combats. Ces derniers manquent de passion, car il n’est jamais exposé les entrainements, la manière dont Cassandro aborde ses combats et comment il gère la notoriété qui en découle. La flamboyance du personnage est totalement absente de ce biopic et ne cesse de provoquer un manque, à la différence de « Ma Vie avec Liberace » de Steven Soderbergh en 2013 qui jouait de l’exubérance de son personnage pour mieux en dessiner les incohérences et les paradoxes. Ici, la mise en scène de Roger Ross Williams semble hésiter en permanence entre drame intime et biopic pétillant pour coller à la peau de son personnage. Et cette indécision se ressent tout au long du film et en plombe son énergie.


Et même si Gael Garcia Bernal (La Mauvaise éducation) sait se jouer des codes pour donner une fraicheur et une innocence à son personnage, s’il parvient, avec une subtilité rare, à lui donner, non pas une caricature de lui-même, mais au contraire, une dimension plus sombre tout en restant lumineuse, il n’arrive pas à venir combler des choix compréhensifs, mais mal amenés.  Mal amenés, car tout semble passer au second degré. Y compris dans ce qu’il y a de plus important, ses relations avec les autres (La scène de la mort de la mère manque cruellement de profondeur) ses propres paradoxes et ses rapports à l’argent bien sûr.


« Cassandro » est à découvrir sur Amazone Prime à partir du 22 Septembre.