Mais qui est donc Anthony Zimmer ? Aucune idée, si ce n’est le dernier film de Jérôme Salle, avec Yvan Attal et Sophie Marceau dans les rôles principaux. Si vous souhaitez le découvrir, allez donc voir ce polar made in France.
Un bon film policier diaboliquement réussi ne vous tente donc pas ?

Anthony Zimmer
France, 2005 (Année de production : 2004)
Réalisateur: Jérôme Salle
Acteurs : Sophie Marceau, Yvan Attal, Samy Frey
Durée : 1h30 min
L’histoire
Anthony Zimmer est recherché par toutes les polices du monde. Personne ne l’a jamais vu, mais Akerman, un flic à sa poursuite, sait uniquement que Zimmer est lié à Chiara.
Cette dernière reçoit un mot de sa main lui demandant d'accoster un inconnu… Chiara jette son dévolu sur François, qui, fasciné par la jeune femme, va rapidement plonger dans un cauchemar plein de manipulations et de faux-semblants…
La critique

Et dire que j’ai failli rater ça…
J’ai toujours de grandes difficultés à tempérer mes opinions et mes idées, et il en va de même pour un film réussi, et surtout lorsqu’il est bon, voire très bon. A priori, rien ne me tentait dans cette production, que ce soit la bande-annonce, trop révélatrice à mes yeux, l’affiche, quelconque, ou les acteurs (un Yvan Attal trop présent ces derniers temps sur les écrans, et une Sophie Marceau à la limite du has been)… Le scénario, encore moins, car il est de plus en plus difficile de faire des polars efficaces car tenir le spectateur en haleine pendant tout un film relève de l’exploit.
Verdict ? Tout faux. Jérôme Salle réalise un polar diabolique et admirablement maîtrisé. On demeure encore plus surpris lorsqu’on apprend que c’est son premier long-métrage et qu’il a été tourné en seulement neuf semaines : pour un coup d’essai, c’est franchement un coup de maître.

Une impressionnante maîtrise technique
Le générique introduit très rapidement le spectateur dans le vif du sujet en débouchant directement sur une sorte de réunion policière faisant le point sur le cas Anthony Zimmer. Qui est-il, à quoi ressemble-t-il ? Personne ne l’a jamais vu, on ne connaît de lui que sa biographie en tant que génie de la finance criminelle.
Mais dites-moi, cela ne vous évoque rien ? On ne l’a jamais vu, mais tous le redoutent… c’est Kayser Soze, directement inspiré de The Usual Suspects. Hasard ou bienheureuse coïncidence ? Je miserais plutôt sur le hasard... Toujours est-il que le renvoi à The Usual Suspects est inévitable, que ce soit par l’aspect scénaristique (le réalisateur nous embarque dans une intrigue complexe et finit par complètement nous manipuler, alors qu’on ne cesse de se demander : mais qui est Anthony Zimmer ?), ou bien par l’atmosphère sonore. La partition musicale de Frédéric Talgorn n’est pas du tout mélodieuse mais distille efficacement une ambiance à la fois mystérieuse et feutrée (très similaire à celle crée par John Ottman dans The Usual Suspects), mais aussi à la limite du malsain par moment, car elle contribue à égarer le spectateur dans les méandres du scénario concocté par Jérôme Salle, ici aussi aux commandes.
Je vous entends déjà dire qu’il ne faut pas exagérer, Jérôme Salle n’est pas Bryan Singer. Soit… Mais vous conviendrez qu’il est tout de même flatteur d’être comparé au réalisateur de X-Men. Notre réalisateur français manifeste néanmoins une maîtrise et une technique excellente : le film est très bien rythmé, sans aucune pause, et maintient le spectateur en haleine pendant toute la séance. J’ai vraiment du mal à comprendre les quelques spectateurs partis pendant la projection (!). La cerise sur le gâteau proviendra de l’évolution scénaristique, et du dénouement, absolument imprévisible, ce qui est un luxe dans le cinéma actuel, téléphoné de chez téléphoné.
Le style visuel de Anthony Zimmer n’est pas en reste avec quelques séquences bénéficiant d’une photo irréprochable, ou d’une belle inventivité (trépidante fuite dans les escaliers).
Bref… du tout bon…
Pour la distribution, c'est aussi très réussi. Yvan Attal est comme à son habitude impeccable et interprète à la perfection François, ce monsieur-tout-le-monde pris dans un engrenage qu’il est incapable de contrôler car sa survie en dépend entièrement. Sophie Marceau, quand à elle, est terrible en femme fatale prête à tout pour parvenir à ses fins, quels qu’en soient les moyens. Il n’en est que plus surprenant d’apprendre qu’elle ne se considère pas comme une séductrice, mais plutôt comme un garçon manqué !
Enfin, les quelques seconds couteaux sont particulièrement discrets (Sami Frey et Daniel Olbrychsky), mais apportent tout de même leur pierre à l’édifice.

Il est difficile d’en dire plus, car ce serait prendre le risque de dévoiler le film.
A froid, on trouvera bien évidemment des incohérences dans Anthony Zimmer ou des passages qu’on aurait préféré ne pas voir. De la même manière, la promotion de Bang & Olufsen commence à être un chouïa fatigante (le sponsoring c’est bien, mais il ne faudrait pas en faire trop non plus).
C’est franchement histoire de nuancer un tantinet mes propos car la dernière production de Jérôme Salle avoisine le sans faute complet : un film rondement mené, efficace, et sans temps mort.
Hein ? Seulement 1h30 minutes ? Je préfère quand cela dure, moi !
Enfin, personne n’a dit que l’adage « plus c’est long, plus c’est bon » devait devenir une généralité. Dans le cas de Anthony Zimmer, c’est peut-être rapide, certes, mais c’est le 7ème ciel assuré.

A voir : pour le plaisir d’un déroulement imprévisible
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, allez, allez, on se dépêche, on n’en a pas tous les jours des bons films comme ça !

Arnaud Weil-Lancry