Test réalisé par Bruno Orru

Pinnacle est un éditeur de logiciels bien connu des amateurs de vidéo numérique. La société s’émancipe aujourd’hui pour proposer le concept ShowCenter, un boîtier qui s’intercale entre un ordinateur et un téléviseur. Jouant le rôle d’intermédiaire via une liaison réseau filaire ou Wi-Fi le ShowCenter peut par conséquent être assimilé à un lecteur de fichiers multimédia de salon qui ne nécessite quasiment pas de puissance processeur.

Un accessoire spécialisé


Le ShowCenter n’a pas vocation à être un accessoire très grand public puisqu’il s’adresse à des personnes possédant de nombreux fichiers multimédia sur son ordinateur et souhaitant les visionner sur un diffuseur, classiquement le téléviseur du salon. Faut-il pour cela pouvoir mettre en place une liaison réseau filaire ou avoir déjà investi dans un réseau domestique Wi-fi. Cela filtre pas mal les prétendants ! Si vous répondez au profil technique décrit et que vous êtes de ceux qui visionnent régulièrement des vidéo DIVX, leurs albums de photos ou souhaitent écouter leur centaines de chansons encodés en MP3 autrement que par de ridicules enceintes multimédia, alors le ShowCenter peux vous procurer un service confortable.

La mise sous réseau

Le premier élément à considérer sur un plan technique c’est l’alternative de liaison vers l’ordinateur. Une prise RJ45 permet la mise en place d’une liaison réseaux filaire. C’est la plus sécurisante au niveau du transfert des données mais elle peut freiner ceux qui ont des murs ou un passage à traverser. Il faut alors se tourner vers la solution sans fil Wi-Fi. Les premières versions du ShowCenter n’acceptent qu’une liaison Wi-Fi 802.11b limitant le flux à 11 Mb/s mais déjà une mise à jour est programmée pour élargir à la compatibilité Wi-Fi 802.11g. La liaison Wi-Fi est suffisante pour laisser passer des photos, des fichiers audio compressés et un flux vidéo DIVX mais la bande passante est insuffisante pour laisser transiter un flux MPEG2 DVD. L’intérêt de la liaison sans fil est de pouvoir balayer l’ensemble des disques dur dans le périmètre accessible. Croyez-moi cela fonctionne très bien sous entendu que vous devez installer le serveur ShowCenter sur chaque machine ! Dans ce cas là, chaque serveur possède son adresse IP qui sera reconnue par le lecteur et offrira le choix de connection à la mise sous tension.
Ergonomie générale

Le ShowCenter est intéressant car intelligemment pensé. C’est en premier une véritable centrale audio-vidéo avec des possibilités de branchement très larges. C’est en second l’opportunité élégante d’amener le contenu d’un disque dur sur un téléviseur via une interface similaire à celle d’un ordinateur fonctionnant sous Windows MediaCenter. Une élégance qui s’apprécie par l’esthétique fine et discrète du boîtier et par le maniement à la télécommande qui le rend utilisable par toute la famille. C’est enfin une unité qui propose la lecture de nombreux types de programmes audio ou vidéo sans utiliser le processeur, permettant sans aucun problème à une personne de travailler sur l’ordinateur et à une autre personne de regarder un film DIVX ou DVD.Pour apprécier les possibilités de branchement il faut se tourner vers la face arrière. Outre la liaison réseau et l’emplacement pour la carte Wi-Fi, le ShowCenter présente une prise Péritel (version Europe) qui se dirigera vers le téléviseur. En complément, le ShowCenter dispose d’une sortie composite, S-vidéo et Composante pour les possesseurs de vidéo-projecteurs. Deux sorties audio stéréo analogique et numérique sont également disponible pour relier l’unité à une chaîne hi-fi ou des enregistreurs analogiques ou numériques.
Installation du coté de l’ordinateur.

Le ShowCenter nécessite avant d’être utilisé l’installation d’une interface logicielle sur l’ordinateur « émetteur » qui permettra la mise en place du serveur logiciel, de la base de donnée multimédia et la reconnaissance matérielle. Il n’est pas nécessaire d’installer les pilotes de la carte Wi-Fi installée au dos du lecteur, sa reconnaissance est assurée directement par l’unité ShowCenter, mais attention, il faut vérifier que la carte soit homologuée par Pinnacle pour utilisation avec le ShowCenter. Pour ce test, Pinnacle m’a livré une carte D-link, les deux constructeurs ayant passé un partenariat commercial pour assurer une totale compatibilité.A la première utilisation de la base de donnée ShowCenter, un guide offre d’aiguiller l’utilisateur afin de définir les espaces de stockage des données sources et les options de mises en place de la base de données. Chaque type de média (Photo, vidéo, son) peut avoir un espace dédié mais le balayage de l’ensemble des disques durs permet de toute façon de ne pas obligatoirement concentrer tous les documents de même type au même endroit. Plus important, le ShowCenter n’est pas compatible avec l’ensemble des extensions mais à l’immense mérite de proposer de multiples conversions (copies de fichiers sources – attention aux excès !). Ainsi, en audio, il limite ses compétences au MP3 (pas le WMA !). Tout autre extension de fichier, à commencer par les WAV sont convertit. En vidéo, c’est le format Windows Media qui n’est pas interprété directement. Le ShowCenter propose par défaut une conversion MPEG1 mais il est possible de forcer à une conversion MPEG2 plein débit, ou mi-débit. La seconde option sera nécessaire en cas de liaison Wi-Fi 802.11b car le débit de 4 Mb/s interdit de véhiculer dans les airs des flux MPEG2 pouvant atteindre 9 Mb/s. C’est lors de la procédure d’initialisation que le choix de communication est déterminé ; réseau câble ou sans-fil. Le guide répertorie automatiquement l’ensemble des cartes réseaux disponibles, il ne reste plus qu’à faire son choix et relancer l’ordinateur. A noter que le concentrateur réseau sans fil n’est absolument pas reconnu par le serveur logiciel, seule la carte réseau PCI étant retenue comme l’intermédiaire officiel avec le lecteur. Bien que nécessitant une bonne connaissance de sa machine, l’installation du serveur ne nécessite aucun paramètre technique ; c’est bien l’un des points forts de ce produit de ne pas imposer de casse-tête à l’installation.

Installation du coté du lecteur

Lorsque toute la procédure d’installation logicielle est réalisée, il est temps de procéder aux branchements audio-vidéo du lecteur et de le mettre en route. Par défaut, le ShowCenter est prévu pour fonctionner avec un SSID nommé « ShowCenter ». Si, comme moi, vous avez préalablement installé un réseau sans fil, il faut alors plonger dans les menus d’initialisation pour modifier le SSID et valider le cas échéant l’adresse IP. Sachez toutefois que le ShowCenter peut assurer la gestion de plusieurs réseaux, des blocs mémoires permettant d’enregistrer plusieurs paramètres de connexion. Il est ainsi permis d’être nomade sans remettre en cause les paramètres initiaux ou de basculer d’un réseau à l’autre sans interférences. Si les paramètres sont corrects, le ShowCenter doit trouver le réseau ou les réseaux disponibles et permettre de passer à l’étape suivante.
En pratique
Après avoir validé l’accès au réseau actif, un menu général s’affiche. Le premier choix concerne les « Nouveautés », c’est à dire les derniers fichiers importés dans la base de donnée et non encore lus. Les menus suivants correspondent à la musique, au films et aux photos. Les deux dernières options permettent d’accéder à quelques réglages dont le type de signal vidéo (PAL – NTSC), la liaison (Composite, S-vidéo, composante ou VGA) et la résolution puisque le ShowCenter peut tout à fait être connecté à un vidéo-projecteur via la liaison DATA. Les options d’accès aux programmes sont pourvues de menus de couleurs différentes afin d’opérer une identification visuelle immédiate. Chaque accès est découpé en plusieurs choix, celui par défaut permet une lecture générale des fichiers disponibles mais il est bien entendu possible d’entreprendre une sélection dans une liste. Par contre, c’est bel et bien au niveau du gestionnaire de la base de données (sur le PC) que la création d’albums ou de listes de lecture (playlist) se réalise. Le menu à l’écran ne permet que d’activer ce type de regroupements.
Les remarques :
Le point faible du ShowCenter c’est sa lenteur d’action couplé à l’absence d’indicateur de progression des recherches (sauf la recherche de l’adresse IP permettant d’accéder au menu général à l’allumage de l’appareil). Résultat, on appui sur la télécommande et, une fois sur deux, la lenteur d’accès peut-être interprétée comme un défaut d’envoi d’information du code infrarouge. Deuxième défaut, la radinerie d’informations lors de la lecture de programmes musicaux. Seul le titre du morceau s’affiche, en extrémité haute de l’écran, sur une seule ligne, quelque soit la longueur du morceau. Une fois sur deux, le titre est donc tronqué, il vaut mieux connaître les titres de sa sélection !

L’interface :


Hormis ces deux remarques, le ShowCenter réalise son boulot d’interface avec convivialité. La structure des menus est logique, même si les multiples répertoires se pilotent moins facilement du bout d’une télécommande qu’à la souris. C’est encore plus vrai si l’on utilise l’interface Internet du ShowCenter ou chaque adresse demande de longues minutes de saisies. A noter également que l’interprétation du code HTML est plutôt aléatoire, il vaut mieux rester à l’écart de sites complexes. L’affichage des films ou photos est de qualité mais l’on peut facilement percevoir le travail de conversion d’affichage du ShowCenter. Il faut de toute façon avouer que le transport de données vidéo sur un afficheur de salon est toujours une opération délicate (conversion descendante de la résolution d’affichage) et se réalise rarement sans pertes, sauf sur des appareils pro mais de budgets sans aucun rapport avec le ShowCenter. Pour éviter les artefacts de mise à l’échelle il est conseiller de rester en résolution native mais il est certains que l’option qui offre de remplir l’écran de diffusion est la plus séduisante. Le ShowCenter travaille dans un silence absolu mais présente en face avant jusqu’à trois boutons lumineux relativement agressifs ; mise sous tension – fonctionnement – indicateur de nouveautés. La télécommande s’avère bien pensée et l’utilisation de lettres pour la sélection des types de lecture ou d’accès aux menus une bonne idée. De même, l’accès à la page d’accueil et aux modules musique, vidéo et photo peut se réaliser d’une seule pression de bouton. Par contre, il est dommage que la lecture des fichiers musicaux stoppe dès que l’on navigue dans l’interface. Pourquoi ne pas stopper cette lecture que sur ordre de validation d’une autre lecture ?
Le choix du mode de transport :

Le réseau filaire est clairement à sélectionner pour la fiabilité de transport des données et surtout pour la bande passante très large disponible. Ce dernier point est essentiel pour la lecture de programmes MPEG2 en résolution pleine. Avec la liaison Wi-Fi, j’ai eu à plusieurs reprises des « décrochages » annulant toute lecture et nécessitant de retourner au menu d’accueil. Pas très sympa pour la lecture d’un film ! Ce test à été réalisé avec une liaison Wi-Fi b, c’est à dire avec une très forte limite de bande passante. Sachez néanmoins que le constructeur m’a déjà confirmé la disponibilité dès février 2004 d’une mise à jour logicielle (firmware) permettant de passer à une liaison Wi-Fi g, et d’envisager alors de transporter un flux MPEG2. Il semble d’ailleurs que les mises à jour du firmware du ShowCenter soient automatiques si l’unité détecte un accès Internet ouvert. Ainsi, durant les 10 jours de manipulation, j’ai eu des demandes de mise à jour à trois reprises.


Conclusion

L’idée d’une interface entre données installées sur un PC et un diffuseur de salon est séduisante.
Le Pinnacle ShowCenter est le premier sur le marché mais déjà d’autres constructeurs dont de grands généralistes de l’électronique ont annoncés leur propres modèles. Il est clair que le ShowCenter s’adresse à tous ceux qui entassent des fichiers sur de gros disques durs. Sa concurrence est représenté par les nouveaux PC équipé de la couche Microsoft MediaCenter mais qui nécessitent l’achat d’un PC complet et de budget sans aucun rapport. La concurrence est aussi du coté des lecteurs de DVD de salon traditionnels qui peuvent de plus en plus lire les fichiers multimédia, en particulier les fichiers musicaux MP3/WMA et les fichiers photos JPEG. Néanmoins, cela nécessite de passer par des actions de gravure. Les lecteurs de DVD de salon compatibles DIVX sont plus rares et confinés sur des références chinoises ou assimilés à la qualité parfois douteuse. Dans tous les cas, le ShowCenter à le mérite de limiter les manipulations, de centraliser l’accès aux données multimédia et se révèle d’un prix attrayant.
Caractéristiques techniques

Prix indicatif :
300 euros