Blu-ray contre HD DVD : les résultats du premier round



Le match d’ouverture des deux formats concurrents à la succession du DVD s’achève, avant que les festivités débutent réellement dans le courant de l’année 2007. Après de longs mois de promesses, voici le premier arbitrage sans compromis sur les deux offres, tant du coté matériel que des programmes, en qualité et contenu.

 

Synthèse par Bruno Orrù

 

Deux clans s’opposent sur pour la succession du DVD, format vidéo qui fonctionne très bien mais qui ne propose pas la meilleure qualité possible (image + son) et, surtout du point de vue des ayants droits, n’a jamais permis de sécuriser correctement les programmes et éviter la copie. Ces deux clans sont le HD-DVD présenté officiellement comme le successeur « officiel car avalisé par le DVD forum » avec pour chef de file Toshiba et le dissident Blu-ray Disc dont le chef de file est Sony. On pourrait croire que celui qui est intronisé comme légitime rassemble le plus de constructeurs et d’éditeurs mais c’est plutôt du coté du rayon bleu que les troupes se sont le plus affiliées. Mais attention, cela ne veut pas dire que cette guerre commerciale et technologique soit gagnée d’avance par l’une ou l’autre de ces alternatives. Ce que l’on sait pour l’instant c’est que c’est surtout du coté du consommateur que la perplexité gagne, doublé d’un attentisme qui pourrait bien pénaliser l’intérêt global et les chances d’une pénétration commerciale rapide et efficace.

Cette synthèse n’a pas pour objectif de reprendre les points forts et points faibles des deux formats et de leurs supporters successifs, cela à déjà été largement présenté sur DVDcritiques. Par conséquent, si vous découvrez cette histoire, je vous invite à vous penchez sur nos dossiers et annonces successives qui ont jalonnées ces derniers moi. Cliquez sur ce lien pour accéder à notre rubrique d’actualité HD.

 

Je vous propose un match en analysant plusieurs points importants. La règle est simple, celui qui à l’avantage remporte le point.

 

Le match matériel : du retard à toutes les étapes

Proposer un nouveau format qui associe de nombreux intervenants sur les secteurs de l’audio visuel au sens très large est déjà compliqué mais le HD-DVD et le Blu-ray Disc prévoient également des fonctions interactives qui font appels aux acteurs du segment informatique / multimédia. La mise en place d’une proposition qualitative et fonctionnelle, pratique pour le consommateur et sécurisante pour les ayants droits s’apparente donc à un chantier de très long terme. De fait, les équipes en place travaillent depuis quelques années maintenant sur le sujet et je me souviens pour ma part d’avoir vu il y a déjà plus de trois ans lors de salon internationaux des prototypes de lecteurs Blu-ray.

Le vrai lancement des deux formats aurait du être au début de cette année 2006 mais déjà, en fin d’année 2005, il était clair que les premières machines ne seraient disponibles pour le grand public que dans le courant 2006. Hélas, si les Etats-Unis ont bien vu arrivés une première génération de machine, en Europe il va falloir patienter courant 2007 pour voir arriver les premiers lecteurs HD-DVD de salon (le lecteur Microsoft XBOX360 est disponible en petites quantités depuis quelques semaines) alors que coté Blu-ray seulement deux lecteurs sont disponibles actuellement à des prix trop dissuasifs pour intéresser les foules.

Disponibilité des machines : Blu-Ray 1, HD-DVD 0.

Respect des délais : Blu-Ray 0, HD-DVD 0.

 

Des qualités et de la qualité des deux cotés.

Si les machines arrivent en retard, j’ai eu la chance de pouvoir les côtoyer de prêt et même de les tester tranquillement chez moi. Voir d’ailleurs les différentes retranscriptions de ces tests dans notre rubrique de test matériel, clic ici. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’avec des disques correctement encodés et sur des diffuseurs adéquats, le DVD semble tout d’un coup dépassé. Que ce soit du coté du HD-DVD ou du Blu-ray, les compétences des lecteurs sont bien au-delà des meilleurs lecteurs de DVD disponibles, toutes gammes et tarifs confondus. Plus fort, du coté du lecteur Blu-ray Samsung par exemple, la lecture de DVD, on profite d’un circuit de mise à l’échelle réellement performant et habituellement réservé aux possesseurs de scalers externes ou de lecteurs très haut de gamme. Cela donne une nouvelle jeunesse aux DVD, certes en étant encore dans un budget d’importance (1.300€). Considérant les deux étiquettes de 1.300€ et 1.800€ que proposent respectivement Samsung et Panasonic avec leurs deux lecteurs Blu-ray, l’apparition d’un lecteur HD-DVD à 200€ (avec télécommande universelle + film gratuit) impressionne ! Annoncé comme étant le lecteur à coupler avec la console de jeu XBOX360, il n’a pas fallu longtemps pour comprendre que ce lecteur peut tout à fait fonctionner en source d’un ordinateur avec le logiciel de lecture adéquat.

Qualité de rendu des premiers lecteurs : Blu-ray 1, HD-DVD 1

Rapport qualité prix : Blu-ray 0, HD-DVD 1

Compatibilité des premiers lecteurs :

Comme c’est souvent le cas à l’apparition d’une nouvelle technologie, les premiers lecteurs ne sont pas totalement prêts à recevoir l’ensemble des avantages cités sur les brochures. Ainsi, les deux premiers lecteurs Blu-ray ne possèdent pas d’interface réseau Ethernet permettant à leurs géniteurs respectifs d’envisager une mise à jour logicielle. Quand on sait que de futures fonctions d’interactivité imposeront un accès en ligne et que les formats sonores haute-définition Dolby et DTS ne sont pas gérés, cela fait mal de débourser autant pour un cahier des charges incomplet. De son coté, les lecteurs de salon Toshiba auront une interface presque complète, une prise réseau permettant des mises à jour et la récupération de contenu en ligne mais ne sauront pas eux aussi décoder les formats sonores haute-définition. De son coté, le lecteur Microsoft est via la console XBOX en permanence connecté au Web, d’ailleurs Microsoft fidèle à sa politique de rattraper les bugs perdus à déjà prévus des mises à jours !

Compatibilités des premiers lecteurs : Blu-ray 0, HD-DVD 1

 

Disponibilité des programmes

Avoir un lecteur c’est bien mais avoir de quoi lui donner à manger c’est beaucoup mieux. Si quelques dizaines de films sont déjà disponibles sur chacun des deux formats aux Etats-Unis et au Japon, leur apparition sur le marché français date de cette fin d’année, encore faut-il avoir la chance d’avoir un distributeur spécialisé à portée de porte monnaie. L’occasion d’ailleurs de revenir sur un niveau de prix qu’a connu le DVD il y a quelques petites années, comptez débourser entre 25 et 30€ des deux cotés, ce qui est honnête considérant qu’il s’agit d’une nouvelle technologie. C’est peut-être bien pour cela alors qu’il faut chercher assez longtemps pour trouver les bacs de la Fnac ou se côtoient les premiers titres, je les ai même trouvé dans les sections jeux chez Virgin ! Enfin, sachez que Warner autorise la location sur ses premiers titres HD-DVD

Facilité d’approvisionnement des premiers titres : Blu-ray 0, HD-DVD 0

Un élément important est également à prendre en considération, le cahier des charges du Blu-ray prévoit une répartition du monde en zone géographiques commerciale, tout comme le DVD. De fait, la plupart des titres proposés aux USA, mais pas tous, sont affublés d’une protection interdisant leur lecteur sur des machines européennes. On espère bien entendu des procédures de dézonage des lecteurs mais pour l’instant ce n’est pas possible. Du coté du HD-DVD aucune barrière n’est prévue, permettant d’aller piocher dans les catalogues hors europe sans se poser des questions de contraintes de lecture. Un élément clef à mes yeux qui permet de faire le compte.

Facilité d’approvisionnement à l’étranger considérant le zonage : Blu-ray 0, HD-DVD 1



 

Qualité des programmes

Avoir la chance de visionner un film en Blu-ray ou en HD-DVD permet de comprendre en quelques secondes la supériorité visuelle de ces deux formats. Les premiers titres Blu-ray sont encodés en MPEG2 HD, laissant entrevoir une légère faiblesse sur le bruit en arrière plan. De leur coté, les HD-DVD sont encodés en VC-1, le format de Microsoft, excellent sous toutes les coutures. Son excellent rapport compression / qualité permet par exemple à Universal de proposer le film King Kong d’une durée de 2h30 sur un disque HD-DVD simple couche tout en proposant un détail d’image sans précédent. Bien entendu, d’un titre à l’autre, les qualités d’images varient, et ce des deux cotés. J’ai déjà pu voir en Blu-ray et HD-DVD des images hallucinantes de précision et de naturel mais aussi des images qui diffèrent à peine d’un DVD. La différence étant des deux coté tellement flagrante que je clame égalité gagnante, en attendant d’avoir un peu plus de titres à disposition.

Qualité visuelle des premiers titres : Blu-ray 1, HD-DVD 1

L’aspect sonore n’est pas en reste avec des pistes sonores moins compressées, voir pas du tout. La politique des éditeurs semble toutefois disparate mais globalement plus généreuse du coté de Sony Columbia qui propose des pistes DVD et des pistes PCM non compressées. Du coté du HD-DVD, il faut se « contenter » de pistes Dolby Digital plus (compression moins importante que le Dolby Digital). Eagle vision propose également sur certains titres une piste Dolby Digital True-HD non compressée. Malheureusement, comme déjà dit plus haut, les premières machines ne savent pas interprétés ces nouveaux codages haute-définition et opèrent une conversation vers le bas.

Intérêt et choix des pistes sonores : Blu-ray 1, HD-DVD 0

Du coté de l’interactivité, les deux formats sont porteurs de nouveautés (voir nos dossiers sur le sujet). Les premiers titres Blu-ray sont malheureusement bien pauvres, l’éditeur faisant l’impasse sur la reprise des éléments présents sur les éditions DVD. La raison est certainement du coté technique puisque les premiers titres sont pressés sur des disques simple couche de 25 Go en utilisant une compression MPEG2 HD gourmande d’espace. L’offre de bonus amènerait sans aucun doute à un compromis qualitatif qui ne serait pas judicieux pour séduire les premiers acheteurs. Les prochains titres seront à la fois sur des disques double couche et utilisant une compression MPEG4 beaucoup plus efficace. Coté HD-DVD, hormis quelques rares titres, la compression passe par le VC-1 de Microsoft, un format déjà utilisé depuis quelques temps et qui propose un rapport compression / qualité exceptionnel. De fait, même si l’offre est aussi décevante, les bonus sont nettement plus présents sur les éditions HD-DVD, y compris pour certains titres avec des fonctions nouvelles d’interactivité comme ces amusants commentaires filmés qui rendent l’exercice d’écoute plus sympathique.

Contenu interactif des premiers titres : Blu-ray 0, HD-DVD 1

 

L’offre de catalogue

Tous les poins abordés plus haut n’ont d’intérêt que si un catalogue intéressant et riche est proposé par l’ensemble des éditeurs. Considérant la bataille organisée par les deux clans, certains éditeurs se sont rangés en exclusivité du coté du Blu-ray alors que d’autres proposent (ou vont proposer) des titres sur les deux formats. Notez donc qu’aucun éditeur ne semble souhaiter se cantonner au HD-DVD hormis Universal dans un premier temps. Bien sur, je ne vais pas avoir la prétention de juger l’intérêt des différents titres proposés dans ces premières salves, il appartient à chacun de mesurer l’intérêt de s’offrir un grand classique ou un film d’aventure sans autre prétention que de divertir ou d’apprécier de superbes images. Par contre, il est important de jauger la viabilité d’un investissement dans un lecteur HD-DVD ou Blu-ray. Sur le papier, c’est sans aucun doute ce dernier qui prend l’avantage, justement parce que les trois des cinq éditeurs qui proposent des titres en HD-DVD pour ces premiers mois (Warner, Paramount, Eagle Vision) proposent également leurs titres en Blu-ray. En ce qui concerne Universal et Studio Canal, leur intention de réserver leur offre au HD-DVD peut tout à fait être révisée alors que les éditeurs qui ont choisi en exclusivité le clan Blu-ray ne proposeront sans doute jamais de titres en HD-DVD, sauf à ce que le format Blu-ray soit perdant sur le plan commercial, appréciation qui va prendre des mois ou des années pour être certaine.

Richesse supposée du catalogue : Blu-ray 1, HD-DVD 0

Pérennité du format sur la base de l’offre quantitative : Blu-ray 1, HD-DVD 0

 

 

 

Résumé du match

Au sujet des lecteurs

Disponibilité des machines : Blu-Ray 1, HD-DVD 0.

Respect des délais : Blu-Ray 0, HD-DVD 0.

Qualité de rendu des premiers lecteurs : Blu-ray 1, HD-DVD 1

Rapport qualité prix : Blu-ray 0, HD-DVD 1

Compatibilités des premiers lecteurs : Blu-ray 0, HD-DVD 1

Au sujet des disques

Facilité d’approvisionnement des premiers titres : Blu-ray 0, HD-DVD 0

Facilité d’approvisionnement à l’étranger : Blu-ray 0, HD-DVD 1

Qualité visuelle des premiers titres : Blu-ray 1, HD-DVD 1

Intérêt et choix des pistes sonores : Blu-ray 1, HD-DVD 0

Contenu interactif des premiers titres : Blu-ray 0, HD-DVD 1

Au sujet du catalogue (coefficient 2)

Richesse et pérennité du format sur la base de l’offre quantitative : Blu-ray 1, HD-DVD 0

 

 

Soit un total de :

Blu-ray : 6

HD-DVD : 6

 

Commentaire final

Ce match d’ouverture se solde sur un match nul. Tout ce calcul prouve que les deux offres sont globalement très intéressantes, tant du point de vue des machines que des disques (qualité, disponibilité, choix). Autre point important à mes yeux, le rapport qualité / prix des lecteurs, les machines Blu-ray étant de prix hors d’atteinte pour le grand public. La proposition de Microsoft est très intéressante pour les possesseurs d’une console de jeu XBOX360 ou ceux qui acceptent de brancher ce lecteur sur un PC (coût du lecteur logiciel aux environs de 50€ !). Dès janvier, les premiers lecteurs HD-DVD Toshiba vont apparaître, eux aussi de prix sensiblement inférieurs aux offres actuelles de Samsung et Panasonic, en attendant le lecteur de salon Sony sans cesse repoussé. Bien sur, la présence dans ce combat de la console de jeu Sony Playstation 3 avec son lecteur Blu-ray intégré et accessible pour « seulement » 600€ sera certainement un élément perturbateur. Pour autant, la connotation de console de jeu écartera certainement cette machine d’un marché de masse dont pourtant Sony à besoin pour asseoir véritablement le Blu-ray.

Cette égalité prône-t-elle l’attentisme ? Malheureusement oui, sauf à vouloir et pouvoir investir dans les deux types de lecteurs. L’achat pour 200€ du lecteur XBOX peut-être une solution de budget raisonnable pour accéder à la haute-définition. Si vous possédez déjà une console XBOX360, la liaison YUV vous permet un branchement immédiat, même si votre diffuseur n’est pas HDCP. Si vous êtes familier avec l’environnement informatique, l’utilisation de ce lecteur comme source périphérique est possible mais attention, il faut impérativement posséder une carte vidéo HDCP (DVI ou HDMI). Les lecteurs logiciels indispensables devraient être disponibles dans les semaines qui suivent, en espérant que les incompatibilités de lecture des pré versions que j’ai eu à disposition soient corrigées.

 

Pour réagir à cette synthèse, n’hésitez pas à vous renvoyer un mail, nous publierons vos avis et remarques les plus pertinentes. Adresse de contact : hd@dvdcritiques.fr

 

Prochain rendez-vous programmé, courant avril 2007, après mise à disposition d’un panel supplémentaire de lecteurs et consolidation du catalogue.

 

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