Le point de vue
de Sébastien Keromen |
Un projet en or : le réalisateur du Patient anglais, Anthony Minghella,
une des actrices les plus belles et les plus en vogue, Nicole Kidman, un (si
ce n'est le) des acteurs les plus beaux et les plus en vogue, Jude Law. Ajoutez
des tas d'acteurs confirmés ou prometteurs, comme Renée Zellweger,
Philip Seymour Hoffman, Natalie Portman et Giovanni Ribisi. Embarquez tout le
monde dans une épopée épique et romantique du temps de
la guerre de sécession, et vous obtiendrez un superbe film. A moins que
Anthony Minghella a tout fait pour qu'on ne manque de rien dans ce film.
C'est même un de ses premiers défauts : il en fait trop. Pas
une action qui ne soit sur-soulignée, pas un truc difficile qui ne soit
carrément insurmontable, pas un événement désagréable
qui ne soit complètement glauque. Par exemple, je comprends bien que
la guerre de sécession n'était pas propre. Mais tous les soldats
tombaient-ils vraiment le nez dans la boue et le sang ? Et si oui, fallait-il
vraiment en faire tant de gros plans ? La ligne de la reconstitution historique
est largement dépassée pour arriver à une habile sélection
de tout ce qu'il y a de pire à voir. Le retour de guerre de Jude Law
ressemble un peu à la collection 2003-2004 de tous les gens horribles,
des sudistes qui massacrent les yankees aux yankees qui persécutent les
civils sudistes, des délateurs au prêtre qui veut noyer une esclave
noir qu'il a engrossée.
De même, de peur
que quelqu'un n'apparaisse beau dans ce bourbier, tous les acteurs sont maquillés
(ou dé-maquillés ?) pour avoir l'air le moins beau possible.
Jude Law (à part la barbe et les cheveux) et Nicole Kidman y échappent
à peu près, mais Renée Zellweger, Kathy Baker ou Giovanni
Ribisi sont presque défigurés, et même Natalie Portman n'a
pas l'air belle, appréciez la performance (et le dépit des spectateurs
mâles). Restent juste les dents qui sont impeccables, et sur certains
plans où ils sourient (c'est pas souvent, c'est pas un film où
ça sourit beaucoup), ça fait un quand même peu bizarre,
mais bon. Même affublés ainsi, les acteurs sont tout de même
d'un bon niveau, mention spéciale à Renée Zellweger, qui,
même avec un jeu outré au possible, arrive à faire exister
son personnage. Mention spéciale également à Kathy Baker,
remarquable de retenue, et à Philip Seymour Hoffman, impeccable comme
d'habitude, et en plus le seul à être bien rasé dans ce
film. Les deux rôles principaux s'en sortent également bien, à
un problème près : faire croire à l'histoire.