Interview de Peter Stanley-Ward (SMALL TOWN FOLK)



Réalisateur du sympathique Small town folk, film horrifique et cartoonesque à tout petit budget, Peter Stanley-Ward a accepté de se plier à l’exercice de l’interview pour DVDcritiques.







Pouvez-vous vous présenter, nous dire quelques mots sur votre parcours ?




Mon nom est Peter Stanley-Ward, réalisateur anglais de vingt-huit ans. Je n’ai jamais fait d’école de cinéma, c’est en réalisant des courts-métrages « maison » que j’ai appris comment utiliser une caméra et effectuer un montage. Small town folk est mon premier long-métrage, il a aussi été fait « maison ».





Quel était le budget de votre film ?




C’est difficile à dire, mais il doit tourner autour de 4000 livres [environ 5000 euros, NDLR].




Combien de temps a duré le tournage ?




En tout, cela a pris quatre années. Filmer un jour ou deux, par ci par là, et la plupart du temps le week-end, c’est un processus beaucoup plus long que pour les productions professionnelles.


Vos effets spéciaux sont ambitieux. Leur élaboration a-t-elle été difficile ?



Il y a eu beaucoup d’essais et d’erreurs pour arriver à obtenir des effets satisfaisants. C’était un travail en autodidacte qui a pris du temps. De plus, nous avions très peu de moyens. Par exemple, la version miniature de la maison est une maison de poupée achetée dans un magasin de charité. Pour les effets spéciaux numériques, nous avons fait appel à quelques personnes qui s’y connaissaient un peu, mais la plupart des trucages sont le fruit des efforts de tous. Nous avons beaucoup improvisé.




Il y a un gros travail sur l’étalonnage et la photographie. Le film semble coûter beaucoup plus cher …




Merci. La plupart des influences du métrage sont des films à plus gros budget. Même si nous n’avions pas l’argent, nous avons essayé et, je pense, réussi à obtenir un aspect « cinématographique ». Il a fallu éviter que l’ensemble ne ressemble à une vidéo tournée dans une chambre, ce qui était un peu le cas.

 
Comment avez-vous obtenu un caméo de Warwick Davis ?



Nous pensions à ce caméo depuis longtemps. Quand nous avons pris contact avec des personnes dont nous pensions qu’elles voudraient participer au film, Chris E. Wright a envoyé un e-mail à une société que gère Warwick. Quelques mois plus tard, il nous a envoyé un mail nous disant que, si cela n’était pas trop tard, il voulait bien participer au film. Il est venu le jour J et a tourné ses scènes. C’était très cool.

 
Comment s’est déroulé le casting pour les autres acteurs ?



Tous les acteurs du film sont maintenant des amis proches. J’en connaissais certains depuis très longtemps et j’ai rencontré les autres en réalisant Small town folk. Nous aimions tous les mêmes films et nous étions excités à l’idée de faire le notre. Nous n’avons auditionné personne. Simon, mon jeune frère, était dans un court-métrage que j’avais fait avant Small town folk. Je travaille avec Chris R. Wright depuis des années. J’ai rencontré Dan Palmer sur son film Freak out. Jon Nicholas et Ben Richards forment un duo comique que j’ai découvert par l’intermédiaire de Chris R. Wright. Hannah Flint est une ancienne camarade d’école. En ce qui concerne Greg Martin, je l’ai découvert dans une pièce locale. Je lui ai demandé s’il voulait être dans le film et il a accepté.

 
Chris R. Wright est très bon dans le rôle du Landlord …



En effet. Chris et moi, ça remonte à loin. Enfants, à l’école, nous traînions déjà avec des caméras vidéo et tournions nos petits films. Avec le temps, en devenant plus vieux et plus sage, chacun a trouvé sa place. Je suis derrière la caméra, Chris est devant. Cela fonctionne très bien comme ça.

 
Votre film s’amuse avec les codes du genre, mais sans mépris aucun …



Je pense que ce sont les influences du film qui donnent ce sentiment. Je me souviens, en début de tournage, j’ai dit à tout le monde que je voulais que ce film donne l’impression que les Looney Toons avaient fait une bande horrifique. Je suis un fan de cinéma fantastique depuis des années, mais beaucoup de mes influences viennent aussi des grosses productions hollywoodiennes. Je pense que Small town folk possède ces deux facettes.

 
Small town folk possède une énergie qui fait penser aux premiers films de Sam Raimi et Peter Jackson. Ce sont des influences pour vous ?



Oh oui, bien sûr. Surtout pour le travail de mise en scène, la façon dont ces types confèrent une personnalité à la caméra dans leurs premiers films. Ils ont fait beaucoup avec peu, ce n’est pas facile de tourner une séquence chorégraphiée qui implique un gros travail en terme de réalisation pure. J’apprécie beaucoup Evil dead 2 et Braindead, deux films très bien réalisés.

 
Quels autres réalisateurs vous ont influencé ?



J’ai grandit dans les années quatre-vingt, ce qui fait que beaucoup de réalisateurs de l’époque ont eu un gros impact sur moi, et plus particulièrement des personnes comme Joe Dante, Robert Zemeckis et bien sûr Monsieur Spielberg. D’autres cinéastes, comme Tim Burton, ont eu aussi une grosse influence. Beetlejuice est l’un des premiers films dont je sois tombé amoureux. En grandissant, et en apprenant à lire des sous-titres, j’ai découvert des réalisateurs étrangers, comme Jean-Pierre Jeunet et Guillermo Del Toro, qui font de très beaux films.

 
Vos trois films préférés ?



C’est une question à laquelle il m’est presque impossible de répondre. Il y en a quand même trois que j’aime tout particulièrement : Gremlins, ET et la trilogie Seigneur des anneaux.

 
Comment s’est déroulée la distribution de votre film, en Angleterre et à l’étranger ?



Nous avons été contactés par une agence de distribution de Los Angeles (Imagination Worldwide). Ils avaient vu notre site Internet et nous ont demandé un screener du film. Quelques temps après, ils ont voulu nous signer, puis tout s’est passé très vite. Une semaine après la signature du contrat, il sont allés à Cannes [au Marché du film, NDLR] et ont signé de nombreux accords de distribution, avec beaucoup de pays. Chris Musselwhite (mon producteur) et moi nous sommes rendus à Cannes pour rencontrer tous ces acheteurs. C’était fou. Voir l’affiche de notre film dans l’hôtel Carlton a été une expérience très étrange. Le film terminé, nous avons aussi fait la tournée des festivals puis, début 2008, Small town folk a commencé à sortir en DVD dans certains pays. En Angleterre, il est sorti en juin 2008. Maintenant, le film est disponible en DVD dans de nombreux pays.

 
Comment Small town folk a-t-il été accueilli par le public et la critique ?



De façon étrange … je crois que soit vous adorez, soit vous détestez. Parfois, nous avons été critiqués comme s’il s’agissait d’une grosse production, avec le budget qui va avec, ce qui n’est absolument pas le cas. Les personnes avisées apprécient le film pour ce qu’il est.

 
Quels sont vos projets ?



Natalie Conway et moi travaillons actuellement sur l’écriture d’un nouveau script. Une opportunité s’est présentée à nous et, pour être sûrs de créer le meilleur film possible, nous faisons très attention au scénario. Cela fait maintenant un an que nous nous y consacrons. En tout cas, je peux vous dire que ce sera dans la veine de Small town folk.

 
Propos recueillis et traduits par Julien Sabatier.
DVDcritiques – octobre 2008



Thanks to Peter Stanley-Ward.