Titre : Birth
Film : Américain.
Genre : Drame
Durée : 1h 40min
Date de sortie française : 3 Novembre 2004
Réalisateur : Jonathan Glazer
Scénario : Jean-Claude Carrière, Milo Addica, Jonathan Glazer
Directeur de la photo : Harris Savides
Producteur : Jean-Louis Piel, Nick Morris

Interprètes :

Nicole Kidman (Anna), Cameron Bright (le jeune Sean), Danny Huston ( Joseph), Lauren Bacall (Eleanor), Alison Elliott (Laura), Arliss Howard (Bob),  Michael Desautels (Sean), Anne Heche (Clara), Peter Stormare (Clifford),  Ted Levine (Monsieur Conte), Cara Seymour (Madame Conte), Joe M. Chalmers (Sinclair), Novella Nelson (Lee), Zoe Caldwell (Madame Hill), Charles Goff (Monsieur Drummond), Sheila Smith (Madame Drummond), Milo Addica (Jimmy), John Robert Tramutola (Stevie), Jordan Lage (Peter )


L’histoire :

Il aura fallu des années pour qu'Anna se remette de la mort de son mari, John. Aujourd'hui, elle est redevenue une femme heureuse, amoureuse. Elle a rencontré Joseph et s'apprête à l'épouser. Tout va pour le mieux, jusqu'à ce qu'elle reçoive ces lettres...
Même si l'écriture est identique et si ce qui est écrit ne pouvait être connu que d'elle ou de son défunt mari, Anna ne peut pas croire à l'impossible. Alors que les lettres continuent d'affluer, la vie de la jeune femme bascule dans l'angoisse. Tout semble confirmer que contre toute raison, elles sont bien de John.
Lorsque surmontant ses peurs, Anna se décide à rencontrer celui qui les a rédigées, la jeune femme est prête à affronter n'importe quelle vérité. Elle découvre alors un garçon de dix ans, David, qui, par le plus effrayant des mystères, semble se souvenir de tout ce qu'elle et John ont vécu...


Après Eyes Wide Shut (1999), Moulin Rouge et Les Autres (2001), The Hours (2002), ou Dogville et Retour à Cold Mountain, Nicole Kidman enchaîne des rôles très exigeants et souvent avec talent. Elle touche ainsi à des rôles et des genres très diverses mettant  en évidence ses capacités de comédienne. Dans Birth elle joue à nouveau aux côtés de Lauren Bacall qu’elle avait eu l’occasion de côtoyer dans le premier volet de la trilogie Dogville de Lars Van Trier. Elle donne la réplique au jeune acteur Cameron Bright qui s’est déjà illustré dans Godsend, expérience interdite  (2002)puis Ultraviolet (2003).

Birth, un film que l’on pourrait prendre pour une vague histoire d’amour s’incarnant dans le couple formé par Nicole Kidman et le jeune et talentueux Cameron Bright. Ce dernier, Sean serait ainsi la réincarnation du défunt mari de Anna (Nicole Kidman) également prénommé Sean. Le film ne montre pas une femme qui renoue avec des amours mortes lors du décès de son mari et qui serait ravivé par la perspective de la réincarnation du disparu. Non, nous avons plutôt une femme qui désire son désir et trouve avec l’arrivé du jeune Sean un support pour relancer la machine amoureuse.
Le moment où Anna bascule et se met à croire à la possibilité d’une réincarnation est saisit par la caméra qui filme son visage en gros plan lors d’un concert. Un plan qui dure près d’une minute où le visage se lie comme un paysage d’émotions chahutées par l’intensité des sentiments et cerclées par la musique. Les gros plans qui approchent cette durée ne sont pas si courant au cinéma de nos jours bien que l’on connaît la puissance des intensités qui peuvent être ainsi dégagées. A partir de ce plan l’on comprend qu’Anna n’entend plus ce que lui dicte la raison et ses proches car son désir de retrouver l’amour perdu est venu se réchauffer à ce qui dans le jeune Sean ressemble à son ancien amour.

Si une personne est un événement, la perspective qu’un être puisse se substituer à un autre être constitue une étrangeté qui expliquerait pourquoi la croyance en la réincarnation nous parait si peu acceptable. Un évènement est une singularité et c’est d’autant plus vrai pour une personnalité.


Le film qui se déroule dans un climat un peu étrange a bénéficié d’un travail spécifique sur les couleurs. Le directeur de la photographie, Harris Savides (qui a travaillé sur le film Elephant) a eu l’idée de « désaturer les couleurs de façon à donner au film l'aspect visuel qui convenait le mieux à l'histoire. Il semble intemporel, presque irréel, tout en se déroulant dans des lieux très concrets, très quotidiens. »

Le scénario joue de l’incertitude qui entoure la croyance en une possibilité telle que la réincarnation.
Pour le scénariste Milo Addica, « l'idée même d'un tel retour, d'une telle posssibilité contredit tout ce que l'on nous enseigne de rationnel. Et pourtant, au-delà des remparts de la raison, nous aimons plus que tout y croire... Birth se déroule sur cette frontière, entre les vérités de principe et les sentiments qui leur échappent. Birth parle de foi, de sa force et de son pouvoir, et plus que tout, de ce qu'elle nous apporte.»

Si Anna envisage de vivre ce nouvel amour retrouvé avec un enfant âgé de 10 ans (nous rappelant ainsi certains faits divers relatant des histoires d’amours entre un jeune homme et sa maîtresse d’école), le film met à sa manière en évidence la dangerosité qu’il peut y avoir à jouer avec les sentiments. Le cœur à ses raisons que la raison ignore et il serait déraisonnable de ne pas en tenir compte.

Birth peut montrer à quoi ressemble un amour déprimé si son objet n’a que l’apparence de l’être chérit. Un évènement est unique et laisse une empreinte dans l’espace que rien d’autre ne peut remplacer. Les personnages peuvent en payer le prix.

Verdict :

Birth est un drame et une romance qui peut être reçu comme un simple film de plus sur une histoire d’amour compliquée. Mais le film pose un certain nombre de questions exploitées par le scénario qui abat petit à petit les cartes du jeu et quelques dures vérités.
A voir : peut-être verrez-vous les choses différemment
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, on se laisse prendre par l’atmosphère du film et j'ai apprécié
 
Laurent Berry