XVe siècle : suite au décès de sa femme Heather
et à l’assassinat de son ami Ramirez, Connor MacLeod quitte le pays natal pour
se retrouver au fin fond des montagnes de Niri au Japon où l’attend Nakano, un
autre éternel connu sous le surnom de Sorcier. Ce dernier enseignera de
nouvelles techniques mais également révèlera l’identité de l’ennemi du
jour : Kane, un sanguinaire guerrier sans états d’âmes, tellement puissant
qu’il serait très malvenu pour l’humanité qu’il soit le «only one».
Au delà de la vitalité des 2 hommes, Kane convoite
depuis 200 ans déjà le petit truc en plus de Nakano : le Pouvoir de
l’Illusion. Estimant son disciple non fin prêt à en découdre avec lui, le
Sorcier se sacrifie afin de permettre à Connor de s’échapper et immobilise le
cruel adversaire dans l’éboulement de la grotte.
1994 : cette vieille anecdote parvient enfin à se
libérer. Il va tout faire pour retrouver MacLeod et lui arracher la tête.
IMMORTAL KOMBAT 3
Avant d’être assimilé à nombre directs to vidéoclubs de
variable intérêt et quelques soubresauts salutaires dans des œuvres plus
visibles sans pour autant être toutes recommandables, Christophe Lambert avait
marqué les années 80 sous 3 noms : Fred (Subway), Tarzan (Greystoke), Connor
McLeod (Highlander).
Récit d’aventures
fantastique teinté d’action, Highlander est le point de rencontre d’un concept
avec une forme très marquée de romantisme généralement absent des grosses machines
à sensations de cette époque, le tout emballé par une réalisation enlevée et
accompagné de pistes tout simplement mythiques du groupe britannique Queen : l’engouement progressif est
tel qu’il donne lieu en 1991 à une suite dont vous n’entendrez au mieux pas
parler, au pire le plus souvent le plus grand mal.
Apparemment aidée par les notoriétés du ‘sieur Lambert et de la foire aux immortels de la série diffusée
à la télévision à partir de ‘93, un 3e
essai est programmé pour 1995. Comme il va s’agir de rattraper le coup auprès
des consommateurs / fandommat, le # 2 et ses extra-terrestres sont considérés par
la production comme un vilain cauchemar dont beaucoup seront contents de se
réveiller pour faire place nette à LA vraie suite.
Pourtant bien installé au Maroc, Connor confie à son ami
Pierre la garde de son fils adoptif John le temps d’aller répondre à la colère
de Kane. Quelques voyages spatio-temporels pleins de nostalgie nous en apprendront un peu plus sur son
riche passé tissé de rencontres, amitiés, alliances et autres implications historiques.
Ne boxant pas dans la catégorie du gros bras, sportif,
bourrin ou casse-cou des années 80, MacLeod est avant tout un voyageur perdu,
désespéré, sensible et d’une fragilité auquel il n’est pas difficile de
s’attacher. Il est présentement moins paumé (en 94) bien que ne respirant pas
de savoir et sagesse flagrantes : on peut même dire qu’il se met au niveau
de l‘individu moyen contemporain, sans en faire beaucoup plus. Il soigne sa
tristesse intérieure en éduquant un enfant et s’interdit le flirt sauf si son
cœur lui dicte de sincères sentiments.
L’acteur assurait autant une certaine peine à ce solitaire
portant cet héritage comme un
fardeau qu’il apportait un charme différent des canons du moment. 8 ans plus
tard, la croyance et la défense énergique de Christophe Lambert en Connor (allez
résumer 400 ans de vie) comptent parmi les grandes forces / stabilités du
projet.
La réflexion prend une toute autre tournure concernant le
traitement des autres protagonistes … Sur le script
tous les personnages principaux sont
assez adroitement reliés, mais à part quelques qualités et faits d’armes
notables, ils sont largement plus insignifiants que le non-mortel d’Ecosse. On
peut disserter sur le fait qu’ils sont de passage dans la vie notre traverseur d’Ages
mais n’attendez pas de leur personnalité ou présence ce je-ne-sais-quoi qui
vous chamboulera - c’est d’autant plus dommage car les rôles de Deborah Unger, Mako
ou même Gabriel Kakon sont un peu
moins gratos que de coutume.
Comme tout antagoniste de la franchise il en fait des tonnes,
fronce constamment les sourcils, a une grosse voix, le sourire du sadisme, un
humour carburant généralement à la peur du plus faible, aime conduire dangereusement, un look gratiné aux couleurs de
préférence sombres, le nom commençant par la lettre K et est présenté comme le
défi d’une vie : Kane aurait pu être un vilain intéressant mais finalement s’avère
être aussi peu marquant que ceux dont on parlait au dessus ! Alors oui il est
costaud, porte bien l’armure, fait des grimaces, sort ses phrases bateau et oh !
le bougre transgresse la loi concernant les bagarres en sol sacré … néanmoins il
n’amuse pas bien plus qu’il ne fait frissonner ou dégage quelque chose de
potentiellement menaçant.
Peu abonné aux rôles de méchants, le contre-emploi du sympathique
Mario Van Peebles ne respire pas assez le vice ou l’ironie pour réellement
marquer de points. Il se débrouille aussi bien (si ce c’est mieux) que Lambert
en exécutant de potables chorégraphies à l’arme blanche qui, par besoin du
spectacle (merci aux étincelles et aux grosses flammes), ont tendance à partir
dans tous les sens et subir un montage bien curieux … Qui plus est, si vous tolérez
les éclairs de la post-prodde, attachez vos ceintures lors des récupérations de
Quickening parce que ça décoiffe plus que jamais.
Au-delà de cette chronique d’invulnérables qui se tuent à
travers le Temps ou d’un vol de lunettes de soleil, le combat final à des faux
airs de celui de T2 (prenant place dans une usine, le mix de couleurs froides/chaudes, des effets de morphing encore jugés comme SFX attrayant).
Le metteur en scène livre une pièce légèrement au dessus des
normes artistiques de cette période. Certains peuvent lui reprocher un manque
d’affirmation dans son style mais il est à parier qu’il lui a été essentiellement
demandé de commettre avec application belles images et beaux cadrages. On peut saluer
un soin apporté à la mise en scène matinée de quelques jolies transitions mais
également d’une ambiance (sonore) réellement plaisante ! Dans ce sens, on
délaisse l’indispensable King of the Universe ainsi que les morceaux de Stewart
Copeland pour des mélopées celtiques
de Loreena McKennitt qui produisent leur petit effet et accompagnent bien cette
idée de retour aux sources, aussi bien de la part de McLeod sur la terre de ses
ancêtres … que de la direction du film.
Revenir là où tout à commencé : c’est bien les mots pour
décrire les intentions d’un Highlander
3 qui cligne souvent l’œil au 1 mais il semble qu’un peu du 2 soit de la partie
(hum un ventilo …) et pas seulement au niveau de quelques détours, plans ou réminiscences
(déambuler dans les rues de NYC avec l’imper’ d’exhibitionniste, l’appartement,
le magasin antiquités, …) mais également au niveau de la structure (le senior
mentor, le badguy cabotin imbattable, l’experte fouineuse qui va finir complice
voire un peu plus, de la décapitation urbaine, les flash-backs à travers une
autre civilisation / relation amoureuse qui a compté, l’enquête policière, …) …
Au-delà des approximations de l’histoire ou des facilités propres à ce genre
d’amusement (le méchant s’adapte facile et tombe toujours au bon moment pour
chopper des indices afin de retrouver la trace de son gibier), le vrai gros problème
concerne, aux yeux des connaisseurs, un tel respect auprès du modèle qu’il le
décalque littéralement sans sucres ajouté (dans ce sens, T2 (encore !) est
une redite du 1 mais avec un propos, une vision, une réalle (et un budget) autres) …
En y réfléchissant, vous ignorez tout ou partie de
l’original mais faites preuve de d’observation, il y a toujours cette
impression qu’il y avait moyen d’aller plus loin, d’explorer d’autres choses
que ses quelques tentatives de jeu de symboles/images fortes (la perte et le
retour de la lame du Sorcier), une signification personnelle de l’Illusion, une
«violence» ou un souffle romanesque toujours présent … et les obligatoires
scènes érotiques d’un dénudé comme on n’en voit plus (si on peut présenter cela
comme un avantage …).
CONCLUSION :
Les (nombreuses) suites moins abouties rehaussent la valeur
et le replay value d’un original même vieillissant et même si parfois plus marquant
auprès d’une génération ayant rêvé à ses cotés … Vu que suggérer comme cela a
été imposé la provenance des immortels s’est avéré fatal, recentrer le 3 sur
MacLeod et ses tourments rassure sur le papier mais procure d’autres émotions
que celles espérées.
Ne pas avoir vu la mouture de 1986 est presque conseillé
pour mieux laisser sa chance à un Highlander 3 qui, bien qu’indéniablement
supérieur au Highlander 2 (non retouché) pour seule cause de s’imbriquer plus
«logiquement» dans la continuité des évènements, se rapproche tellement
dangereusement de l’ossature de la version culte de Mulcahy qu’on finirait
presque par les confondre.
Ce troisième opus n’est pas ce qu’il y a de mieux articulé/audacieux du monde mais reste globalement passable, visuellement pas répulsif, passe
vite et sans ennui. Il bénéficie également de l’aura de la licence, par 2 fois
du rire inimitable de Christophe
Lambert et revisite le mythe avec un semblant de panache.
Dans un match à mort opposant le 1 et ce 3, s’il ne devait
en rester qu’un (ne dites pas que vous ne l’attendiez pas ou qu’on l’a jamais
faite), bah le 1, à l’aise et de loin.