L'histoire
Charles Swan a réussi sa vie. Professionnellement épanoui,
séducteur chronique, rien ne semble lui résister. Un jour pourtant tout bascule
lorsque Ivana, l'amour de sa vie, le quitte. Pour faire le deuil de cette
relation Charles puisera autant dans le soutien de ses amis fidèles que dans
son imagination.
Critique subjective
Chez les Coppola, le cinéma est décidément une affaire de
famille. Si on ne présente plus le père, qui aura connu une décennie jalonnée
de chef-d'œuvre avant qu'il se saborde lui-même à grands coups de coke, de
femmes faciles et d'alcool (la sainte trinité hollywoodienne en somme) ni la
fille, réalisatrice reconnue pour des films pourtant plus que moyennement recommandables,
on connait peu le fils, Roman, réalisateur de ce Dans le tête de Charles Swan
III.
Et pourtant, Roman Coppola est un cinéaste des plus actifs.
Artiste multitâches il est aussi bien scénariste (notamment pour Wes Anderson,
avec qui il entretient de nombreux points communs) que producteur pour les
films de sa sœur, assistant réalisateur pour son père, réalisateur de clips ou
acteur occasionnel. De cet activité essentiellement occupée à tourner les films
des autres il paye le prix, à déjà 49 ans, de ne compter que deux long-métrages
à son actif. Un état de fait autant dicté par un travail tourné vers celui des
autres que par une certaine paralysie créative dont on peut trouver les preuves
dans ses deux métrages.
Après un premier long, CQ, bien accueillit par la critique,
il nous reviens donc avec Dans la tête de Charles Swan III, sorte de comédie dramatique
pop et colorée contant l'acceptation par le personnage principal de sa rupture
avec son grand amour. Portant indéniablement sa marque et son style, teinté de
pop culture d'un bout à l'autre, le film se révèle à la fois drôle, touchant,
sincère et fait preuve de fulgurances visuelle. Citant autant Wes Anderson,
Terry Gilliam que, dans une certaine mesure, son propre père, Coppola, visiblement
très inspiré (dans tous les sens du terme), emprunte beaucoup, notamment à ces
cinéastes dans toute la première partie du film qui suit les divagations du
personnage principal au travers de scènes références faisant écho au cinéma
dans différentes approches. Western, fantastique ou comédie musicales servent
ainsi de vecteurs aux délires de Charles
Swan. Un aspect référentiel contant qui a tendance à alourdir l'ensemble au
point qu'on ne comprend pas vraiment où il veut en venir, mais contrebalancée
dans une seconde partie beaucoup plus introspective où le personnage se mettra
a nu. Ces scènes, les plus réussies du film, apportent la touche la plus
personnelle et donnent corps et cohérence à un ensemble complètement déjanté,
pouvant facilement sembler chaotique mais bien plus construit qu'il n'y parait.
Dans le rôle titre - quasi autobiographique - Charlie Sheen
livre une belle performance, quoique parfois maladroite. Comme à son habitude
en roue-libre il fait parfois preuve d'une désinvolture qui lui est propre et
qui brouille la perception entre film et réalité. Un élément pouvant apparaitre
comme une carence mais qui est au final sans doute volontaire, preuve en est le
plan final du film, une mise en abîme saisissante.
En conclusion
Avec Dans la tête de Charles Swan III, Roman Coppola livre
un film référentiel, pop, délirant et original. Parfois écrasé par le poids de
ses références, le film peine à décoller vraiment et ne trouve sa cohérence
qu'à la vision de sa seconde partie. Un film emmené par un Charlie Sheen en
roue-libre et une pléiade de second rôles savoureux (le trop rare Bill Murray
en tête) qui s'apprécie ainsi d'autant plus à la seconde vison.
Une section suppléments assez décevante dans la mesure où
les reportages, très courts, tiennent plus de la promo que du véritable making-of.
On retrouve ainsi des modules consacrés successivement à
Bill Murray, la création de l'univers graphique pop du film, Charlie Sheen, la
scène de l'explosion, Jason Schwatrzman, la scène de western, Roman Coppola et
la musique du film. Aucun de ces suppléments ne dépasse les 2 minutes 30.
Le teaser et la bande-annonce du film viennent clore cette
section un peu chiche.