L’histoire
Victime d’une agression brutale, un jeune homme sombre dans une spirale agoraphobe. Les circonstances vont pourtant l’amener à affronter ses peurs.
Critique subjective
Premier long-métrage du britannique Ciaran Foy, Citadel nous parvient directement en vidéo après avoir brillé dans les festivals (Fantastic’Arts, Etrange Festival, PIFF, Neuchâtel, SXSW, etc.).
Si l’on y décèle bien plusieurs influences (les premiers Cronenberg, L’échelle de Jacob, Répulsion, les écrits de Clive Barker), Citadel a pour principale source d’inspiration une expérience terrible vécue par son réalisateur (également auteur du script). Sauvagement agressé par une bande de jeunes (il fut frappé à coups de marteau et menacé avec une seringue usagée), Ciaran Foy a longtemps traîné un lourd fardeau psychologique, son traumatisme l’ayant rendu agoraphobe entre l’âge de dix-huit et vingt-quatre ans. Le personnage principal du film, Tommy, subit une expérience identique (agression suivie d’une handicapante peur de sortir). On appréciera dès lors toute la dimension cathartique du métrage, un aspect douloureusement autobiographique qui lui confère une identité troublante.
A la croisée des genres, Citadel entremêle vigilante, drame psychologique et film d’épouvante. Le mélange est osé mais fonctionne grâce à l’indéniable savoir-faire de Ciaran Foy. Prenant le temps d’installer son ambiance (voir comment la peur semble tapie dans les moindres recoins d’un environnement sordide) et optant pour une mise en scène étouffante (la caméra est chevillée à Tommy), il nous fait partager les tourments du personnage principal. Ténébreux, étrange, Citadel cultive une atmosphère proche du cauchemar (le côté Jacob’s ladder est bien présent) et parvient à instiller une authentique sensation de malaise chez le spectateur. Un petit tour de force que ne sauraient gâcher de menus défauts comme le jeu parfois outré du comédien principal ou le sous-texte quelque peu discutable du film.
Verdict
S’il n’atteint pas la fulgurance de l’excellent Heartless (un film au postulat voisin), Citadel n’en demeure pas moins une œuvre fantastique recommandable. Un premier long-métrage très prometteur.