Christian, jeune star du football de l’AS Roma, est un joueur rebelle, indiscipliné et immensément riche. Suite à de nouvelles frasques, le président du club doit rapidement remettre son champion dans le rang : s’il veut continuer à jouer, il doit étudier et passer son bac ! Valerio, un homme solitaire et fauché, est embauché comme professeur particulier. Ils vont apprendre l’un de l’autre et, entre les deux, va naître une amitié inattendue...
Certains films arrivent comme des petites bouffées d’air dans un quotidien un peu morose, de cette fin d’année que l’on a finalement hâte de passer, en espérant que 2021 soit moins chaotique. Ce « Défi du Champion » de Léonardo D’Agostini qui signe, ici, son premier long-métrage, n’est pas, à proprement parlé, une comédie réellement originale, tant ses personnages sont assez communs et que l’on imagine bien à la lecture du « pitch » la conclusion de son scénario, mais elle agit tout de même comme un bol d’air dans notre univers cinématographique réduit à un écran de TV, faute de pouvoir voir les films dans des salles. Ici, donc nous nous nous retrouvons plongés dans le quotidien de Christian, jeune star du football, plutôt mal entourée, et faisant les 400 coups, obligée de suivre les cours de rattrapage de Valério, professeur dépressif et fauché. Les deux ont évidemment tout a apprendre l’un de l’autre et leur relation évoluera à mesure que le film avancera
Et d’ailleurs si le scénario, signé du réalisateur et de ses deux co-scénaristes : Giulia Steigerwalt (Sous le soleil de Toscane) et Antonella Lattanzi (Fiore), grossit parfois le trait, ce n’est que pour mieux mettre en lumière ces fêlures qui vont finalement faire se comprendre ces deux cabossés de la vie. L’un se cachant derrière une attitude plus désinvolte que l’autre. La fortune de l’un ne tarde pourtant pas à montrer cette solitude qui couve de n’être entouré que de piques assiettes ou d’amis toxiques. Alors que l’autre peine, au contraire à masquer son errance dans une vie qui ne lui a pas fait de cadeau. Si le scénario n’est pas révolutionnaire, il a le mérite d’offrir une lecture plus complexe qu’elle n’y parait, notamment sur le deuil et sur la solitude. L’Italie a toujours su nous surprendre avec des auteurs qui nous proposaient de œuvres faussement désinvoltes, « Le Défi du Champion », malgré ses petits défauts (des personnages secondaires parfois trop caricaturaux) parvient à nous interroger sur les fausses images que reflètent la célébrité ou encore sur le deuil et comment parvenir à surmonter l’absence et la culpabilité, entre autres.
Avec une mise en scène dynamique, qui suit les obstacles qui vont joncher le parcours de nos deux héros, les doutes et leurs volontés de finalement arriver à leurs fins, le réalisateur nous entraine dans une valse de sentiments, et de sensibilité que l’on aime voir à l’écran. Pas pour se dire que cela ne peut arriver qu’aux riches, c’est rarement vrai, mais simplement pour se dire aussi : Tout le monde souffre à sa manière, sans pour autant oublier de tordre le coup aux fausses idées, comme celle que les sportifs sont obligatoirement bas de plafonds. Et le réalisateur de nous offrir une mise en scène soignée, même si parfois elle manque de subtilité, comme lors des scènes de match. Il parvient avec beaucoup de maitrise à nous emmener dans son histoire.
D’ailleurs, puisque l’on en parle, la distribution sait se faire remarquable, à commencer par Andrea Carpenzano (Frères de Sang) qui parvient avec un sens inné du timing à imposer son personnage et le rendre à la fois charmant et émouvant, sans pour autant ménager ses efforts pour le rendre antipathique dans la première partie du film. Face à lui Stefano Acorsi que l’on connait bien de notre côté des Alpes, puisqu’il figurait au générique de grands succès italiens à l’international comme « Juste un baiser » (2002) de Gabriel Muccino ou encore « Romanzo Criminale » (2005) de Michel Placido, sans parler des « Brigades du Tigre » (2006) de Jérome Cornuau, triste plantade française. L’acteur joue, en retenue et en nuance son personnage de prof dépressif et parvient à nous séduire avec une composition juste et sans artifice. Nous les aimons, on les déteste mais de toutes les manières possibles, ils ne nous laissent pas indifférents.
En conclusion, « Le Défi du Champion » est une comédie, somme toute assez classique, mais qui évite le ton caricatural, que l’Italie avait l’habitude de nous proposer. Leonardo D’Agostini, nous prouve avec ce premier long-métrage qu’il faudra compter sur lui, mais surtout que son pays est toujours capable de nous offrir des petites de subtilité et d’émotion.