Un notaire vieille France doit impérativement sauver son château délabré et empêcher le mariage de sa fille avec un golden boy prétentieux. La fortune promise par une comtesse mourante à un jeune artiste bohème, pourrait régler tous ses problèmes. À condition que le futur héritier devienne un bon catholique, et tombe amoureux de la jolie fiancée.
La France sait revendiquer un certain goût et un certain savoir-faire pour la comédie, surtout si la tonalité doit être plus acide avec de nombreux discours sous-jacents. Ce fut le cas de « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » (2014) de Philippe de Chauveron, qui s’amusait de cette vieille France Bourgeoise, Catholique qui se nourrit de bons sentiments, mais sait faire preuve d’un certain racisme d’usage. Comme toujours, certains bas de plafond ont jugé la comédie « Raciste », alors qu’elle en était l’exacte contraire. Avec « De Mauvaise Foi » d’Albéric St Martin, autant dire que nous perdons en subtilité, en maitrise de discours, et en tout ce que le réalisateur avait comme idées en adaptant le roman de Thomas Hervouët : « Les Pieuses combines de Réginald », publié en 2014.
Sur un scénario qu’il a co-écrit avec Hubert de Torcy (Brother), le réalisateur nous entraine donc dans les mésaventures de Réginald, un Notaire qui a bien du mal à trouver l’argent pour rénover son château, et qui a trouvé une occasion en or, en aidant un jeune homme, à devenir un bon catholique, afin qu’il puisse toucher un généreux héritage, dont le notaire pour tirer une confortable commission. Dis, comme cela, tous les éléments sont réunis pour donner naissance à ne comédie pleine de rebondissements et de situations cocasses. Mais voilà, il n’en n’est rien, et même si Albéric St Martin revendique une réécriture constante du scénario (Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle) durant le tournage, avec une partie d’improvisation des comédiens, le résultat est décevant, car tout est pesant, poussiéreux et manque cruellement de dynamique et de maitrise de l‘art de la comédie dans son ensemble.
Et on s’ennuie fermement dans ce film qui pouvait avoir tout ce qu’il fallait pour rendre savoureux cette histoire, notamment en poussant un peu plus le curseur du corrosif, d’autant qu’Albéric St Martin n’hésite pas à citer dans ses inspirations : Le Splendid (Les Bronzés), De Funès (L’aile ou la Cuisse) ou encore de De Broca (Le Magnifique), en argumentant leur maitrise du Tempo. Et c’est précisément ce qui manque à « De Mauvaise Foi » : Un Tempo. Le film ronronne constamment, mais ne passe jamais en vitesse de croisière. Les situations, qui pouvaient être drôles, sont au point mort et ne parviennent jamais à soulever le moindre intérêt, comme la relation entre Eliott et Arthur, dont la confrontation est sous exploitée et ne parvient jamais à être savoureuse, malgré les efforts de ses comédiens.
Et puisque nous parlons de la distribution, seul, Pascal Demolon (Radiostar) parvient à donner un peu de subtilité à son personnage, et encore, car il semble naviguer à vue, et tout ses efforts sont vains, tant la matière de base est absente. Face à lui les comédiens apparaissent désarmés et se laissent à jouer en roue libre, en l’absence d’une véritable direction d’acteurs qui puisse les guider sur un certain rythme et certaine dynamique. Du coup « De Mauvaise Foi » d’Albéric Saint-Martin est un film pesant à regarder tant il avait tout ce qu’il fallait pour être une véritable pépite. A l’arrivée, le film est complètement vidé de ce qu’il aurait dû être et le réalisateur nous livre une mauvaise comédie bon marché, qui nous ennuie terriblement.