Le Nouvel album de Jean-Michel Jarre est disponible en DVD 5.1. Aero (Anthologie of Electronic Revisited Originals) est une compilation qui réunit 12 morceaux
connus (extraits de Oxygène, Equinoxe, Les chants magnétiques, Zoolook…) et trois nouvelles composition dont Aerology, son nouveau single. Proposé dans un boîtier CD classique Aero est composé d’un CD avec version stéréo PCM classique et d’un DVD qui propose un mixage 5.1 Dolby Digital et DTS. Révolution ?
" Depuis que je m’intéresse à la musique, mon intention à toujours été de créer et de partager un univers sonore dans lequel on puisse évoluer physiquement, qu’on puisse ressentir à travers sa peau, dans lequel on puisse immerger son corps et sa tête de manière sensuelle, sexuelle, organique ". Jean Michel Jarre.
Jean Michel Jarre débute son immersion dans la musique dès 1968 mais c’est en 1973 que son nom commence à prendre un prénom (il est le fils de l’illustre compositeur Maurice Jarre) avec l’écriture et la production de chansons pour Christophe (" Les mots bleus " c’est lui !), Françoise Hardy, Gérard Lenorman, Patrick Juvet (le désormais culte album " Paris by night " c’est encore lui !).
Mais la musique qui va dessiner le futur de Jean Michel Jarre éclot en 1976 avec l’album Oxygène. La nouveauté et la fraîcheur des différents morceaux surprend et séduit le monde entier. Oxygène totalise alors plus de 12 millions d’albums vendus.
Vont suivre une multitude d’albums qui, pour les premiers, conserveront une puissance et un caractère " à part " que perdront les suivant avec la généralisation de la musique électronique. Ce sont Equinoxe en 1978, Les chants magnétiques en 1980, l’unique " Music for supermarkets " pressé à un seul exemplaire et vendu aux enchères à Drouot très exactement le 6 juillet 1983, " Zoolook " arrive en 1984, " Rendez-vous " en 1986 avec l’un des premiers grand concerts public (1 300 000 personnes !) à Houston pour célébrer les 25 ans de la NASA. Les parisiens se souviennent toutefois d’une expérience à la place de la Concorde les Lyonnais de ce merveilleux concert (1 000 000 de personnes !) aux bords du Rhône et qui célèbre la venue du Pape Jean-Paul II.
1988 voit apparaître " Révolutions " et encore un concert gigantesque sur les Docks de Londres (250 000 anglais sous une pluie battante !). 1990 c’est l’hommage avec " Waiting for Cousteau " et Jarre pulvérise alors tous les records avec ce concert depuis l’esplanade de La défense qui rassemble 2 500 000 personnes ! En 1993 c’est " Chronologie " inspiré du livre de Stephen Hawking " Une brêve histoire du temps " et le démarrage d’une tournée dans les plus grands stades européens, tous payants cette fois-ci et à guichets fermés. 1995 c’est le " Concert pour la tolérance " qui réunit 1 200 000 personnes autour de la Tour Eiffel et qui précède une décoration de " Chevalier de la légion d’Honneur ". En 1997 arrive " Oxygène 7-13 " suivi par une nouvelle tournée européenne et réunit à Moscou 3 500 000 personnes pour l’anniversaire des 850 ans de la ville. Un concert d’ailleurs ponctué par l’apparition en direct des cosmonautes de la station Mir !
En 1998 Jarre compose pour le groupe anglais Apollo 440 le single de la coupe du monde de Football et, 48 heures après la victoire des Français donne un concert " surprise " à la Tour Eiffel. En 1999, le 31 décembre Jarre donne un magnifique spectacle audio-visuel " The Twelve Dreams Of The Sun " au pied des pyramides d’Egyptes avec " seulement " 120 000 personnes sur place mais 2 milliards de téléspectateurs ! En 2000 c’est " Métamorphoses " et en 2001 c’est assez logiquement " 2001 – Rendez-vous in space " en collaboration avec Arthur Clarke, l’auteur du roman " 2001 : A Space Odyssey ". En 2003 enfin c’est " Geometry of love " puis ce 21 vseptembre 2004 " Aero ".
Compte rendu de voyage musical en 5.1 Aerologique.
Chaque morceaux est lié par une séquence chargée de bruitages et autres ambiances. La prise de son semble très proche ; l’impression de proximité est souvent troublante. La première séquence permet de vérifier le bon branchement des enceintes puisque l’on perçoit tout à tour le craquement d’une allumette.
Puis vient le premier extrait ;
Oxygène. Introduction bourdonnante de par le canal LFE puis la mélodie se lance avec la même stéréo que l’on connaît déjà mais deux éléments majeurs viennent chambouler nos habitudes. L’orchestration est différente. En effet Jarre s’est remis derrière ses claviers de l’époque pour rejouer les morceaux. Instruments identiques donc mais orchestration plus moderne. L’autre élément perturbateur c’est bien évidemment les nappes de synthé qui parcourent les deux canaux surround et le canal central. Jarre est également reparti en studio pour créer un mixage 5.1. Disons le tout de suite, ce mixage est à la fois conservateur et imaginatif. En ce qui me concerne il est en tout cas pleinement probant car très proche de l’imaginaire spatial que je me faisais depuis longtemps de tous ces morceaux. Le premier extrait Oxygène en est le parfait exemple avec une ligne mélodique en présence frontale et des effets ponctuels à l’arrière qui bataillent avec les ambiances pluvieuses, voire orageuses.
Oxygène IV débute avec un vent tournant. La boîte à rythme qui martèle le tempo est bien appuyée par le caisson de graves. La mélodie se ballade doucement en profondeur, tantôt bien perceptible à l’avant, tantôt venant bercer les oreilles par l’arrière.
Les souvenirs de Chine débutent bien par le bruit caractéristique du déclenchement d’un appareil photo reflex, celui-ci oscillant d’un canal à l’autre. Les bruitages qui s’enchaînent sont pour une part différents de ceux qui l’on a l’habitude. La spatialisation est ici enveloppante, serrant fortement l’estomac de ceux, comme moi, qui replonge dans de vieux souvenirs, par forcément chinois d’ailleurs.
Arrive l’un des nouveaux morceaux,
Aerology. La mélodie s’articule sur un axe triangulaire, partant du canal central, débordant parfois sur les cotés pour traverser la pièce de par et d’autres. Les effets sonores sont plaisants et cohérents avec l’ambiance du morceau. Si comme moi vous débutez l’écoute de cet album par la version 5.1, le passage en stéréo offre ensuite une bien plate version, super stéréo ou pas !
Equinoxe III est l’un des morceaux les plus ré-orchestré. Les synthé envahissent la pièce de toute part, le cerveau croit se perdre dans ces nombreuses projections sonores mais finalement retrouve vite ses repères grâce à une balance spatiale savamment étudiée. C’est l’une des forces de ces mixages 5.1 qui offre une superposition de trames musicales sans forcer les priorités, chaque élément s’imbrique avec logique dans l’espace.
Equinoxe IV, tout comme l’extrait précédent présente une rythmique différente. On retrouve ici les impressions du premier extrait de la compilation avec une ligne mélodique dûment identifiée au centre et une myridade d’effets sonores projetés aux quatre coins cardinaux.
Last Rendez-vous apporte une approche différente avec une sensation régulière de " pompage " ; les sons tournent mais lors de leur passage sur le canal central, ils semblent s’étouffer. C’est voulu mais curieux. Pour la petite histoire ce morceau de saxophone aurait dû être interprété dans l’espace. Malheureusement, la navette spatiale Columbia explosa lors de son décollage. L’album est un hommage.
Avec
Zoolookology l’exercice 5.1 est désormais en terrain connu. On apprécie alors l’aspect aérien du synthé, l’espace est beaucoup plus ouvert que dans les souvenirs stéréo.
Aerozone s’apparente clairement à un exercice de style. L’occasion pour Jarre de s’éclater à transpercer l’espace de toute part par d’innombrables flèches sonores. Jubilatoire.
Très longue introduction pour
Les chants magnétiques qui manifestement cherchent leur voie au travers des cinq canaux. C’est étrange, le mixage correspond parfaitement à l’idée que je me faisais de ce morceau en 5.1. En fait le démarrage de l’album original était justement trop brutal et dans AERO, c’est mieux introduit.
Chronology présente un effet tournant quasi permanent. Pourquoi pas ? Mais cela fatigue vite en faite et contrairement au morceau précédent, j’avais une toute autre idée de ce morceau en 5.1 qui aurait peut-être gagné à jouer avec l’accordéon plutôt que de l’étouffer plus ou moins. La seule déception 5.1 sur ce dernier morceau !
Chouette, un morceau bonus ! C’est
Rendez-vous IV, enregistré en public et offrant une spatialisation très conventionnelle. Agréable mais après les écoutes précédentes, c’est du 5.1 un peu fade.
Analyse de la playlist par Simon Volant :
Même sur les nouveaux titres, on retrouve l'influence des premiers albums avec un son plus " techno " comme dans "
Oxygène 7-13". C'est une bonne nouvelle après plusieurs albums de faible qualité. Enfin libéré de son contrat avec
les disques Dreyfus, JMJ se ressaisit enfin avec
AERO.
AERO est un album mi-best-of / mi-inédit où Jean Michel Jarre a mis de côté ses albums les plus prétentieux pour revenir aux titres les plus électroniques, les simples et en fin de compte les plus indémodables.
En dehors des inédits, il y a beaucoup de titres des années 70 (
Equinoxe,
Oxygène, Chants magnétiques) contre deux titre des années 80 (
Zoolook et
Rendez-vous) et seulement un seul titre des années 90 (
Chronologies). Si
Chronologies a été perçu comme un retour aux sources et si
rendez-vous a été un énorme succès populaire le rendant indispensable, seul
Zoolookology reste un peu l’extraterrestre de cet album (le disque
Zoolook est resté assez confidentiel) mais ce titre s'accorde parfaitement à la notion de multicanal et permettra peut être au public de redécouvrir un album hors du commun composé en grande partie de " voix samplées ".
Conclusion
" Découvrir la musique en surround 5.1 est une véritable révolution sonore, aussi importante pour moi que lorsqu’on est passé de mono en stéréo. La création d’AERO a été pour moi une nouvelle manière d’entendre, de ressentir et de composer. J’espère que vous prendrez autant de plaisir à écouter AERO que j’en ai eu à l’imaginer ". Jean Michel Jarre
Vous l’avez compris, l’écoute de cet album en environnement 5.1 est un véritable plaisir charnel. Le fait de connaître par cœur les morceaux décuplent justement ce plaisir car ces écoutes mélanges a la fois du connu et du nouveau. Les choix 5.1 sont justes, cohérents et parfaitement adaptés à chacun des morceaux, exception faite pour le dernier morceau à mon avis. Achat indispensable, que vous soyez fan ou non !