Un fil à la patte

Est-ce que le théâtre est compatible avec le cinéma ? Voilà la question que nous pourrions nous poser en regardant « Un Fil à la patte » de Michel Deville.  Et la réponse pencherait plutôt vers le « Non ». Car en adaptant une pièce de Georges Feydeau, l’un des grands spécialistes, avec Eugène Labiche, du Vaudeville, on était en droit d’espérer du réalisateur, une œuvre pleine de fraîcheur, où le rire aurait eu la part belle. Et finalement il n’en est rien. Dès le début, on sent l’ennui nous envahir. Alors que le réalisateur voulait évité la stylisation très pesante du théâtre, il finit finalement par s’y plonger totalement

Les comédiens, Emmanuelle Béart en tête ne parviennent jamais à oublier la diction théâtrale au profit d’un jeu plus naturel, plus en adéquation avec le cinéma. Les jeux sont exagérément surfaits, les attitudes frôlent le classique. On a presque l’impression de regarder du Molière alors que l’on est face à du Feydeau. Du théâtre classique  avec des textes contemporains.

Et même si parfois une situation provoque un peu de bonheur, comme Patrick Timsit en parfait Dindon, ou encore Julie Depardieu parfaite en soeur aigrie, l’ensemble reste d’une tiédeur appauvrissante. La narration ne donne jamais vraiment l’ampleur au texte qu’il mérite, les pas semblent toujours trop programmés pour susciter le naturel, les actions burlesques deviennent, face à la caméra, purement insignifiante.

Loin du bonheur que pouvait susciter un « Cyrano de Bergerac », « Un fil à la patte » est un pétard mouillé. Les portes grincent plus qu’elles ne claquent, les rires se muent en mou, et l’ennui fait place à l’excitation.

En conclusion, voulant à tout pris s’éloigner de la stylisation systématique faite au théâtre de Feydau, Michel Deville s’ait pris les pieds dans le tapis, et les comédiens furent entraîné dans sa chute.

Une belle image, qui met parfaitement en valeur l’univers classique du décor. Très peu de grains, et un rendu des couleurs véritablement travaillé. C’est au moins un bon point pour ce DVD.

Le 5.1 est un peu excessif au vu des effets sonores particulièrement inexistants. Néanmoins, il offre une très bonne qualité  à l’ensemble. Les claquements de portes et les grincements de parquets deviennent  d’un coup, parties intégrantes du programme.

Tout d’abord un Making Off  qui nous présente, sans surprise d’aucune sorte, son lot d’interviews et d’images de tournage. Un Carnet de Tournage, où Charles Berling filme ses camarades avec une certaine excitation infantile, un peu jubilatoire, sans être pourtant extraordinaire. Suivi d’un complément appelé De Feydeau à Deville où la scénariste explique qu’elle voulait s’éloigner de la stylisation théâtrale (c’est loupé). Et enfin le lien Internet.