L’histoire :
Une fillette se fait étrangler le jour de sa communion et les meurtres se multiplient dans l’entourage de sa famille. Les soupçons finissent par se porter sur Alice, sa sœur aînée.
Critique subjective :
Alice, sweet Alice … l’une de ces œuvres introuvables, estampillées « cultes », que l’on est ravi de voir enfin sortir dans une édition DVD française. Egalement connu sous le nom de Communion, le film est l’œuvre d’Alfred Sole, réalisateur dont la carrière fut brève (quatre longs-métrages entre 1972 et 1982), mais qui officie toujours dans le septième art, en qualité de directeur artistique. Alice, sweet Alice : un slasher qui a su rester dans les mémoires des cinéphiles grâce à un scénario très noir et des visuels fastes.
Jouant sur l’inversion des figures et l’enfance corrompue, Communion frappe fort avec l’identité du tueur présumé : Alice, une fillette que plusieurs éléments semblent désigner comme l’assassin. Il faut dire que la gamine est de nature sournoise, se montre odieuse lorsque ses parents ont le dos tourné. La jeune fille, campée par une Paula Sheppard très convaincante (entendez parfaitement haïssable), est-elle vraiment ce monstre de perversité, cet être foncièrement malveillant ? Ses parents se refusent à le croire. Cultivant l’ambiguïté sur l’identité du psychopathe, Alice, sweet Alice n’est pas particulièrement tendre avec les symboles de la religion catholique. Fillette étranglée avec un cierge le jour de sa communion, prêtre poignardé à la gorge sur l’autel … un certain sens de la symbolique. Bref, autant dire que nous ne sommes pas en présence du film de chevet de Philippe De Villiers. Délicieusement subversif, le métrage, qui multiplie les fausses pistes, distille une ambiance pesante, trouble et parfois glauque (les scènes dans l’appartement du voisin obèse).
Au-delà de son intrigue bien ficelée, le film d’Alfred Sole brille aussi grâce à une facture visuelle haut de gamme. Outre une belle patine seventies, Communion possède une mise en scène léchée qui dispense son lot de plans marquants. Petits bijoux de réalisation et de montage, les meurtres évoquent certaines œuvres de Brian De Palma et de Dario Argento. Argento, la référence est loin d’être anodine tant Communion possède une sensibilité européenne (il aurait pu être tourné en Italie à la même époque) et s’avère plus proche du giallo que du slasher.
Verdict :
Slasher sanguin et racé, Alice, sweet Alice est à la hauteur de sa bonne réputation. Espérons que son remake, qui se profile à l’horizon, saura conserver le côté subversif (mention spéciale à un final particulièrement noir) et la folie visuelle qui font tout le sel de l’œuvre d’Alfred Sole.
Une image loin d’être parfaite, mais qui se montre tout de même acceptable. Le contraste laisse à désirer, la colorimétrie n’est pas des meilleures et le master accuse le poids des années (apparitions régulières de rayures sur la pellicule). Si le titre aurait mérité une restauration en règle, on se contentera toutefois de ce rendu visuel fort moyen mais tolérable pour un titre dont les bobines ont probablement été exhumées en piteux état.