L’histoire :
La veille de Noël, un homme bascule dans la folie et se grime en Santa Claus, pour le meilleur et pour le pire.
Critique subjective :
Ecrit et réalisé par Lewis Jackson, Christmas evil (You better watch out) restera le seul métrage de son auteur. Œuvre assez confidentielle demeurée longtemps inaccessible, le film fera néanmoins l’objet d’un petit culte (John Waters, qui le considère comme « le meilleur film de Noël », compte parmi ses plus fervents admirateurs) et finira même par bénéficier d’une sortie DVD, aux Etats-Unis (sous le label Troma) puis en France (chez Bach Films).
Christmas evil fonctionne sur l’inversion des valeurs, détournant la figure bienfaitrice du Père Noël via son personnage principal : un schizophrène homicide arborant la panoplie du gros barbu. A noter que You better watch out précède ainsi Douce nuit, sanglante nuit (Charles E. Sellier Jr. - 1984), titre fonctionnant sur un schéma similaire et qui connut, contrairement au film de Lewis Jackson (sorti plus discrètement), de sérieux démêlés avec la censure. Christmas evil préfigure aussi le français 36 15 Code Père Noël (René Manzor – 1990), autre métrage à glisser un psychopathe dans la défroque de l’homme en rouge.
Sans doute parce qu’il se rattache à une période précise de l’année (à l’instar de Black Christmas, Halloween et Vendredi 13) et qu’il débute comme La nuit des masques, Christmas evil a souvent été hâtivement catalogué comme un slasher. Ici, pourtant point de tueur bien installé dans sa fonction (le Père Noël dément est tout sauf un boogeyman classique) et peu de meurtres (meurtres qui surviennent d’ailleurs très tardivement). Le film s’emploie davantage à nous dépeindre une trajectoire aboutissant à un pétage de plombs en règle. Plutôt avare en passages dialogués, déployant une ambiance étrange, You better watch out nous fait partager une plongée progressive dans la démence. On suit Harry qui, déguisé en Père Noël, distribue des cadeaux ou des coups de hache. Un voyage au bout de la folie qui se conclura sur une note onirique inattendue, finissant de faire du métrage une œuvre résolument à part.
Verdict :
Bande au cachet grindhouse, Christmas evil s’impose comme une œuvre étrange qui échappe aux qualifications faciles.
Une qualité d’image médiocre. D’un autre temps, le master aurait bien mérité une restauration poussée. Rendu visuel sale, définition limitée, colorimétrie loin d’être optimale et compression très approximative. Dommage.
Là aussi, rien de mirobolant, bien au contraire. En VO et en VF, on hérite du mono d’origine au rendu frontal et étouffé. Un lifting sonore eut été le bienvenu.