L’histoire :
Un scientifique élabore un procédé permettant à un embryon de croître intégralement in vitro.
Critique subjective :
Spécialiste du western (il a signé le célèbre Soldat bleu) et du film policier, le réalisateur Ralph Nelson s’est néanmoins essayé à la science-fiction (au sens premier du terme) avec le méconnu Embryo (1976).
Scénario intéressant que celui d’Embryo. Un scientifique, le professeur Paul Holliston (Rock Hudson), met au point un procédé permettant à un embryon de croître intégralement in vitro. Il commence ses expériences avec la portée d’une chienne doberman qu’il a accidentellement renversée en voiture. L’un des chiots survit, et connaît même un développement fulgurant grâce aux produits administrés pour accélérer sa croissance. En quelques jours, le scientifique obtient ainsi un chien adulte en parfaite santé. Doué d’une extraordinaire capacité à apprendre, l’animal possède également un bien mauvais fond, ce dont son « créateur » ne prend pas conscience. Enchanté du résultat, Holliston va poursuivre ses expériences sur un sujet humain. Le résultat est probant, du moins en apparence. En quelques jours, l’embryon devient une jeune femme, baptisée Victoria (Barbara Carrera). Surdouée (c’est une encyclopédie vivante et elle est imbattable aux échecs !), Victoria n’en est pas moins sujette à certains troubles psychologiques graves, inhérents à sa singulière condition.
Basée sur un pitch malin, l’intrigue d’Embryo brasse des thématiques riches et pose certaines questions éthiques passionnantes. Si les travaux du personnage principal poursuivent un objectif noble (il veut permettre à tous les prématurés de vivre), ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions ? Le script convoque aussi le mythe de l’apprenti sorcier. En jouant à Dieu, le scientifique enfante une création « tronquée » (Victoria est privée de toute une partie de sa vie), tourmentée par des questions existentielles et dont l’instinct de survie prend largement le pas sur la notion du bien et du mal. Hélas, toutes les thématiques en question sont maladroitement exploitées, la faute à un traitement kitch et lymphatique. A noter qu’une fin ouverte du meilleur effet relève cependant le niveau, mais trop tard.
Verdict :
S’il tient indéniablement un bon sujet de SF, Ralph Nelson l’exploite sans panache aucun. On aurait davantage vu le scénario d’Embryo entre les mains d’un David Cronenberg à qui les différents thèmes abordés auraient parfaitement convenu.
Un pressage DVD médiocre. L’image affiche en effet de multiples défauts : couleurs délavées, manque de piqué, grain encombrant et compression parfois visible. Un travail de restauration aurait été le bienvenu.