L’histoire :
Dans un bunker situé au cœur d’un champ de bataille, trois hommes interrogent une femme androïde sur le point d’accoucher.
Critique subjective :
Loin des téléfilms pour grand écran (qui peuvent rapporter très gros …), des comédies romantiques pour trentenaires parisiens semi-dépressifs et autres désolants produits formatés, il reste, fort heureusement, une poignée de réalisateurs français entièrement dévoués au cinéma de genre. Des bouffeurs de pellicule que l’on pourrait grossièrement rassembler sous la bannière de « génération Mad Movies et Starfix » (plusieurs rédacteurs desdites revues étant d’ailleurs passés eux-mêmes derrière la caméra), des passionnés qui ne demandent qu’à œuvrer dans ces genres tristement mal considérés que sont le fantastique, l’horreur et la science-fiction. Certains (trop peu, assurément) ont déjà percé, d’autres commencent à le faire, à l’image de Thierry Lorenzi dont Baby Boom (2009) est le second court-métrage (après Fantasmagoria, son film de fin d’études en 2005).
Ce qui frappe d’emblée, à la vision de ce bref huis-clos SF, c’est la qualité de sa finition. Scope soigné, bande son particulièrement riche, effets spéciaux (prosthétiques et numériques) assez irréprochables, on sent bien que Baby Boom, fruit d’un travail collectif exigeant, a été peaufiné dans les moindres détails. Sa réussite, le métrage la doit notamment à la contribution de techniciens qui ont fait leurs preuves (le directeur photo d’Eden log, le monteur d’Eden log et du très sous-estimé Ils, le mixeur son d’Un long dimanche de fiançailles, …). Même constat au niveau de la distribution, réjouissant festival de trognes qui connaissent la musique : l’inquiétant Jo Prestia (Irréversible, Requiem, Calvaire), Didier Nobletz (MR-73), Pierre Salasca (L’enquête corse).
Affichant des visuels léchés sans jamais sombrer dans la démonstration esthétisante, Baby Boom déploie une mise en scène et une ambiance réussies qui évoquent certains travaux de Jan Kounen, Caro et Jeunet ou encore Shinya Tsukamoto (l’androïde enceinte pourrait être l’improbable compagne de Tetsuo). Seule petite ombre au tableau : la durée du métrage, trop ramassée et frustrante pour le spectateur, qui aurait aimé en savoir (et en voir) davantage, notamment au niveau du background. On a connu « défaut » autrement plus rédhibitoire.
Verdict :
Ambitieux et très pro, Baby Boom a tout d’un grand. Espérons maintenant que ce court-métrage, déjà programmé dans plusieurs festivals (Mauvais genre à Tours, L’étrange festival de Lyon), fera office de passeport pour un long.
Retrouvez l'INTERVIEW du réalisateur (Thierry Lorenzi) et du producteur (Julien Renaud) du film sur DVDCritiques.