Instable dans sa vie personnelle et professionnelle, Céline se voit proposer un poste pour lire des textes poétiques à un homme en fin de vie. Sur une semaine de visites journalières (soit une poésie par jour), ce dernier tentera de faire basculer la lectrice des ténèbres vers la lumière afin de redonner à celle-ci un sens à sa vie.
Lorsqu’un nouvel éditeur arrive sur le marché très compliqué de la vidéo avec pour objectif, semble-t-il, assumé de nous faire découvrir des œuvres originales réalisées avec de faibles moyens, on est forcément intrigué et notre regard a tendance à vouloir être plus complaisant. C’est donc avec un regard vierge de toute appréhension que nous abordons cette œuvre apparemment sombre de par son sujet bien sûr mais également de par le choix du noir et blanc qui vient un peu plus appuyer l’aspect austère de cette œuvre qui se veut brute et sans tabou.
Sans tabou, car les scènes se veulent réalistes, le metteur en scène appuie sur de longs plans dans lesquels on voit le personnage de Céline sombrer petit à petit dans son mal être avec une détermination surprenante, sans que le spectateur, ni même les personnes qui l’entourent ne comprennent bien ce qui se passe dans son esprit. Sans tabou puisque le réalisateur a souhaité que ses acteurs tournent des scènes de sexe non simulée pour obtenir un effet plus réaliste plus marquant dans l’esprit du public.
Au final tout cela part d’un bon sentiment et il est difficile de ne pas y trouver certaines qualités notamment dans les choix narratifs ou encore dans les différentes séquences de montage, mais pourtant le film manque tout de même terriblement de corps, de rythme et surtout d’une véritable direction d’acteur. En fait on s’ennuie beaucoup dans ce film, particulièrement parce que le choix de longs plans sur l’actrice en roue libre, à l’image de la scène dans la salle de bain, où Céline pleure en se tordant dans tous les sens est d’une souffrance rare pour le spectateur qui se demande s’il n'est pas possible d'abréger ses souffrances plutôt que de la laisser pleurer aussi bruyamment.
Et c’est d’ailleurs bien là tout le problème : Le jeu des acteurs !!! Durant toute la projection on se demande à quel type d’acteurs nous avons affaire : Soit à une équipe qui aurait pu tourner les programmes de fiction du matin genre « Face au doute » ou à des amateurs qui se sont fait plaisir en tournant un drame dans un coin de leur quartier. La comédienne principale notamment, Elodie Vagalumni nous entraîne dans une spirale de composition assez mal tenue avec de regard plus vitreux qu’expressifs et lorsque le réalisateur lui demande d’exposer toute sa détresse, elle nous plonge dans les profondeurs d’un jeu d’une rare maladresse qui ne nous touche pas. Même constat pour l’ensemble de la distribution qui ne convient jamais, même le vieil homme ne fait pas vieux.
En conclusion, « L’eau douce qui coule dans mes veines » est un film assez douloureux qui laisse le spectateur dubitatif. Le sujet s’il est pourtant intéressant ne bénéficie pas d’un scénario suffisamment bien écrit pour être convaincant et la mise en scène se laisse prendre à ses propres envies avec des plans longs très longs et des acteurs peu convaincants, très peu convaincants.