Marvin Gaye "Live in Montreux 1980"

Le festival :
La ville de Montreux (Suisse) est, depuis 1967, le siège de ce fameux festival, sous la houlette de  Claude Nobs, le fondateur et directeur. L'évènement se déroulait à l'origine sur trois jours alors qu'aujourd'hui la programmation s'étale sur seize jours. Un public constamment plus nombreux et une renommée internationale le rendent incontournable, d'autant plus qu'il propose un large éventail de styles issus du mouvement Jazz avec, entre autres, du blues, de l'acid-jazz, de la soul, du free-jazz, du reggae, du hip hop, du rock, de la musique latino et du funk. Marvin Gaye avait donc tout à fait sa place en 1980 dans ce festival caractérisé par sa qualité et sa diversité.

L'artiste :
Marvin Gaye était l'un des piliers de la Motown, depuis qu'il avait rejoint ce label en 1960. Son premier album The Souful Moods of Marvin Gaye  a été un échec mais, depuis, celui que l'on appelle "le Prince de la Motown", a connu un succès planétaire avec une apogée en 1982 lors de la sortie de l'album Midnight Lover  d'où est extrait le tubissime Sexual Healing.. Mais résumer sa carrière à ce seul titre serait trop schématique. Avec le DVD Live in Montreux 1980, on retrouve la plupart de ses titres phares, interprétés par un performer hors classe.  Cette figure marquante de la soul musique a aussi malheureusement eu une vie privée mouvementée (drogue, alcool, dépression), à l'instar d'un James Brown, mais on peut surtout regretter sa trop rapide disparition en 1984, dans des conditions dramatiques (assassiné par son père).

Le concert :
Il intervient dans le cadre d'une tournée européenne triomphale qui l'amène à se produire au 14 ème festival de Jazz de Montreux, en Suisse. Tout d'abord, la programmation est telle qu'il est impossible d'isoler un titre qui sort du lot. Got to give it up (1977) ouvre les "hostilités" sur un ton funk qui plonge le public dans le groove. La suite n'est qu'une série d'interprétations enthousiasmantes avec une rythmique musclée et une voix exceptionnelle. Les slows sont abordés avec le même bonheur comme par exemple le Let's get it on (titre n° 4) dont la sensualité ne peut laisser le public féminin indifférent. Les titres 6, 7 et 8 constituent un medley des superbes duos que Marvin Gaye a interprétés avec Tammy Terrell, une époque fructueuse qui a mené Marvin à la déchéance après la disparition de Tammy. Les titres s'enchaînent et chacun se met au diapason avec le leader. Les musiciens, comme le saxophoniste David Majal Li et le bassiste Frank Blair, s'en donnent à coeur joie sur Trouble man.. Par moments, le maître fait un passage aux percussions, ses études de musique le lui permettent, mais c'est l'interprète vocal qui est le plus impressionnant (ténor qui couvre quand même trois octaves !). Il est entouré par trois chanteurs, pointures du R&B, Lecester Kentle, Frankie J. Bates et Robert W. Stevenson qui confèrent à ce show une incroyable chaleur, loin des computers et autres séquenceurs. La section de cuivre enfonce le clou et constitue l'une des caractéristiques de la signature sonore de cet artiste, et quel son ! What's going on, son plus gros succès clôture le concert sur lequel il y aurait beaucoup à dire. La performance qui nous est offerte est en tous points excellente et, sachant qu'elle intervient quatre ans avant la disparition de l'artiste, elle revêt un caractère bien particulier, un peu comme un héritage qu'il nous aurait légué. Il n'y a aucune raison de refuser ce don, vos sens vont bouillir, vous n'allez plus pouvoir contrôler vos mains et vos pieds, bref, laissez le groove de Marvin Gaye vous habiter ...    
Track list :
1) Got to give it up (7min41)
2) Funky space reincarnation (6min57)
3) Come get to this (4min00)
4) Let's get it on (6min25)
5) After the dance (9min28)
6) If this world were mine (1min26)
7) Ain't nothing like the real thing (2min25)
8) Ain't no mountain high enough (5min20)
9) How sweet it is (to be loved by you) (5min32)
10) Ain't that peculiar (2min16)
11) I'll be doggone (6min08)
12) I heard it through the grapevine (6min21)
13) trouble man (5min55)
14) Distant lover (7min11)
15) Inner city blues (8min13)
16) Mercy mercy me (the ecology) (1min43)
17) What's going on (9min58)
Conclusions :
Ce concert permet de retrouver un Marvin Gaye au sommet de son art, c'est incontestable. En revanche, le DVD laisse un goût amer, avec une image plutôt moyenne et surtout une interactivité absente : à chacun de juger en fonction de ses attentes ...  

L'ensemble est très moyen. La définition varie selon les plans et quelques problèmes de mise au point ne font qu'aggraver les choses. Les couleurs sont trop saturées ce qui donne un rendu un peu artificiel. Enfin, les blancs sont brûlés (voir par exemple la chemise jabot de Marvin Gaye).
L'image n'est pas catastrophique mais reste néanmoins relativement loin de nos standards habituels.

Trois choix possibles, la stéréo avec le PCM et le 5.1 avec le Dolby Digital et le DTS.
A l'inverse de ce que l'on pourrait attendre, c'est la stéréo qui s'en tire le mieux : bien définie et  dynamique. Ensuite le Dolby Digital  augmente l'espace sonore de façon assez agréable mais le mixage, qui introduit beaucoup de voix dans les surround, ne donne pas un résultat très naturel.
Enfin, le DTS est surprenant par son manque de dynamique et par des voix très en retrait des instruments : à éviter ... 

Malheureusement, aucun bonus ne vient agrémenter ce programme. Ce point diminue sensiblement la satisfaction que l'on tire de ce DVD. Certes le concert est de qualité, mais un artiste tel que Marvin Gaye aurait amplement mérité quelques suppléments : il y a matière à  ! On comprend encore moins cette absence quand on examine la brochure insérée dans le boîtier sur laquelle un long texte de Dave McAleer (Guinness Book of British hit Singles) se donne la peine de présenter l'artiste et sa prestation. Tout cela n'est ni logique, ni cohérent, désolé mais il fallait le dire !