Zachary, 17 ans, sort de prison. Rejeté par sa mère, il traîne dans les quartiers populaires de Marseille. C'est là qu'il rencontre Shéhérazade...
N’allons pas tourner autour du pot pendant des heures, « Shéréhazade » est un film qui dérange. D’abord parce qu’il est difficile de s’attacher aux personnages, tant ils sont un ramassis de bêtise violente. Des types qui se donnent des airs de seigneurs alors qu’ils ne sont que des personnages à l’abjectes moralité qui ne tourner qu’autour de leur pauvre moralité, dont ils s’arrangent dés lors que cela tourne en leur faveur, comme cette réplique qui sent bon la stupidité, pour ne pas être vulgaire : « Je respecte les femmes, mais pas les putes ! ». Hormis la jeune Shéhérazade, qui avec son prénom de princesses des mille et une nuits est enfermé dans une obscurité sombre, celle de la prostitution avec ses clients tantôt glauques, tantôt pathétiques, l’ensemble des personnages sent l’honneur de gangrène celui que l’on croit avoir mais qui ressemble plutôt à un furoncle.
Le scénario se veut sans concession et Jean Bernard Marlin qui le signe avec sa coscénariste Catherine Paillé (La Belle vie), connait bien le sujet de son premier film puisqu’il s’est largement documenté et a vécu au plus prêt d’un groupe de femmes vivant de la position. Si l’œuvre est forcément forte notamment dans sa conclusion, elle n’en demeure pas moins dérangeante par une absence d’empathie que peut ressentir le spectateur. En effet, les personnages sont plus repoussant qu’attendrissants. Si le scénario se veut particulièrement bien ciselé et moins documentaire notamment grâce au travail de Catherine Paillé, qui a instillé plus d’humanité, le résultat n’en demeure pas moins un film sombre, âpre et parfois écœurant dans les dialogues de ces personnages qui ne respectent que leur minable égo. De la même manière, toute proportion gardée, que dans « La tête haute », le héros souffre d’abord d’être rejeté par sa mère. A tort ou à raison, le réalisateur ne prend jamais parti, la mère ne veut plus prendre en charge son fils et se retrouve plus ou moins volontairement responsable de la dérive de ce dernier.
D’ailleurs, si tout ces sentiments sont si contradictoires et si présent c’est notamment du à la mise en scène de Jean Bernard Marlin, qui se veut très documentaire, peut être un peu trop, en serrant sa caméra au plus prêt de ses personnages, se mêlant aux joutes verbales parfois inaudibles, ne cherchant pas à embellir encore moins à romancer plus que de raison. Le but du jeu est de montrer les relations crasses de ces gens sans repère réel, qui s’obstinent à se croire important, mais ne sont que les plaies d’une ville qui ne cesse de souffrir de leur violence. Dans sa réalisation de « Shéhérazade », Jean Bernard Marlin, présente une Marseille par le prisme des quartiers populaires. On y voit une ville sans lumière, que celle des réverbères de la nuit, des portes cochères et des terrains vagues où jouent les plus jeunes. Une ville qui se laisse gangrener par l’absence de réelle volonté de ses élus.
« Shéhérazade » surprend surtout par son interprétation, majoritairement non professionnelles et surtout pour certain, à commencer par Dylan Robert, l’acteur principal, sortie de prison. Le jeune homme était encore dans sa cellule lorsque le rôle lui est tombé dessus, comme une possibilité de rédemption. Il livre une composition surprenante, peut-être moins marquante que celle de Rod Paradot dans la « Tête Haute », mais suffisamment pour se dire que le jeune homme, s’il parvient à s’émanciper d’une étiquette qui va lui coller à la peau, peut devenir une des valeurs montantes de la scène cinématographique française. En revanche la prestation de
Kenza Fortas, elle aussi non professionnelles, force le respect. La jeune femme s’empare de son rôle de prostitué et parvient à lui donner toutes ses nuances et toutes de contradictions.
En conclusion, « Shéhérazade » est un film sombre, qui laisse dans ses dernières secondes, paraître un peu de lumière, peut-être un peu d’espoir. Le scénario et la mise en scène se voulait au départ documentaire, le film se révèle au final, sombre et dérangeant, la faute de personnage difficiles à apprécier. La distribution est magnifique.