Dans un village de l’Himalaya tibétain où la polyandrie est une tradition, Pema se marie avec une fratrie dont Tashi est l’aîné. Alors qu’il part à Lhassa pour ravitailler la communauté, Pema est soupçonnée d’avoir une relation extraconjugale. Déterminée à prouver sa fidélité, elle décide de retrouver Tashi et son voyage se mue en découverte de soi.
Un film financé par le Népal, par les Etats-Unis, par la Chine, par Taiwan, par la Norvège et par la France, voilà qui de quoi intriguer. Réalisé par Min Bahadur Bham (Kalo Pothi, Un Village au Népal), un réalisateur Népalais, « Shambhala, Le Royaume des Cieux », c’est, avant tout, une invitation au voyage, une fenêtre ouverte sur une culture que l’on mal, par ses codes, ses fonctionnements et tout ce qui fait de cette société Népalaise, une singularité. D’abord parce qu’elle pratique couramment la Polyandrie, entendez par là : Le fait, pour une femme, d'être polyandre, d'avoir plusieurs maris. Ensuite parce que les relations entre les membres d’un même clan sont régies par le respect de la place de chacun, dans ce qu’il apporte à l’autre et la manière dont il doit se comporter. De notre coin du monde, cela peut paraître archaïque, mais le Peuple Népalais apparaît ici surtout, comme une société apaisée qui pour résoudre un affront, une rumeur, va utiliser une approche forte et non violente qui n’en demeure pas moins remarquable.
Le réalisateur qui a co-signé le scénario avec son scénariste Abinash Bikram Shah ((Lori) veut, ici, avant tout, mettre l’accent sur la condition féminine en pleine évolution, actuellement au Népal. Le personnage de Pema, l’incarne totalement lorsqu’elle refuse d’être réduite au silence face à la rumeur qui la touche. Elle décide de se lancer dans un voyage pour aller rejoindre son mari, mais son voyage va alors se transformer en une odyssée spirituelle qui va la mettre à sa condition, et au poids qu’elle porte d’être mariée à une fratrie, qui, même si les deux autres frères restent bienveillants, n’en demeure pas moins difficile à assumer, même si cela fait partie des traditions de ce pays.
Loin de toute revendication hostile à ces traditions et à ce fonctionnement de la société, le réalisateur utilise les espaces, les dialectes et le non-professionnalisme des acteurs pour nous plonger dans une aventure planante, presque shamanique où l’on se met à contempler cette histoire et surtout l’ensemble de ses éléments avec une sorte de plénitude portée par les drapeaux de prière, la musique et al douceur des personnages. Dans un style très himalayen, le réalisateur s’inspire de la culture Bouddhiste pour nous plonger dans une réflexion sur la condition des femmes Népalaises sous le poids des traditions.
Impossible de rester indifférent, face à la beauté de cette mise en scène et la fausse simplicité qui ressort de ce film. Au bout de 2h25 de film, l’on se sent étonnamment apaisé comme capté par ce film tout aussi puissant que n’importe quelle satire sociale pleine de colère. Ici, le réalisateur ne juge pas, il peint les différents aspects de la société Népalaise. Et à travers son personnage de Pema, il montre tous les mécanismes et les manières de pouvoir faire évoluer les mœurs, et les Us et Coutumes, du pays qui touche les cieux. Sa peinture est précise et l’on découvre le quotidien de ces hommes et ces femmes dans les hauts villages du Népal. Une véritable pépite.