Jeff Koons : Un homme de confiance

Genre
Pays
France (2002)
Date de sortie
jeudi 22 février 2007
Durée
57 Min
Réalisateur
Producteurs
ARTE France, Les Films d’Ici, L’INA
Scénaristes
Judit Kele et Patrick Javault
Compositeur
Lukas Ligeti
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Anglais
Non
Non
Non
Allemand
Oui
Oui
Non
Français
Oui
Oui
Non
Le Film
Critique de Laurent Berry
Editeur
Edition
Standard
Label
Zone
2
Durée Film
57 min
Nb Dvd
1


L'histoire :

Si la notoriété de Jeff Koons dépasse les limites du monde de l’art, c’est parce qu’avec des œuvres telles que le monumental Puppy qui monte la garde devant le Guggenheim Museum de Bilbao ou la série Made in Heaven, croisement de baroque et de hardcore, il a su briser la glace entre l’art contemporain et un public large. Ce film est le portrait d’un homme qui, à l’âge ou d’autres rêvent de devenir Van Gogh ou Picasso, s’est choisi comme héros et modèles Duchamp et Warhol. En magnifiant les images et les objets les plus banals, Koons nous invite à nous réconcilier avec nous-mêmes et à répondre à la question : tout grand artiste n’est-il pas un manipulateur ? Avec sa séduction et sa part obscure, ce film nous fait découvrir la réalité d’une œuvre qui est aussi une formidable entreprise de communication.

Critique artistique :

Sculpteur et peintre américain, Jeff Koons est né en 1955 à York (Pennsylvanie). Après des études d'art à Baltimore et à Chicago, il se fixe à New York, où il installe son atelier. Il travaille un temps à la Bourse de Wall Street pendant qu'il peint des céramiques et s'inspire du Pop-Art des années 60 qui ridiculise le consumérisme. Ses oeuvres se situent toujours à la frontière de l'art et du kitsch. Il se fait connaître par la série de sculptures «The New and Equilibrium». Il sculpte notamment des autoportraits, des bustes, un «Buster Keaton», un «Michael Jackson» en céramique. Il utilise des objets courants pour «Luxury and Degradation», pour «Easy Fun», des jouets gonflables, des homards, lapins et fleurs en plastique. Il se met en scène avec sa série «Made in Heaven» aux côté de la Cicciolina avec la quelle il a eu un fils avant de divorcer. Pour sa série de peintures «Easy Fun - Ethereal», il utilise l'ordinateur et renouvelle le principe du collage. Jeff Koons, est un artiste complet dont la création englobe toutes les techniques artistiques : l'installation, la photographie, la peinture, la sculpture sur tous matériaux (bois, marbre, verre, inox, céramique), jusqu'à la création assistée par ordinateur. Loin d'être élitiste, Jeff Koons essaie de faire de l'art pour le plus grand nombre. Koons travaille toujours avec le souci de "traiter de choses avec lesquelles tout le monde peut créer un lien".

Son travail a été qualifié d’oeuvre cynique, à son grand damne, cependant si on se base sur le sens premier du cynisme, dont le but est de subvertir tout conformisme, tout modèle moral, c’est tout à fait recevable. La philosophie cynique se traduit par des actes volontaires et provocateurs que l’on retrouve dans l’œuvre de Jeff Koons quand il se fait photographier nu avec la Cicciolina dans diverses positions sexuelles. Car en transgressant tous les interdits, le cynique veut démontrer qu'aucune des règles sociales n'est essentielle, et que seule compte l'éthique que chacun se sera définie pour lui-même. C’est probablement pour cette raison que Jeff Koons a pour modèle des artistes aussi provocateurs et libres que Marcel Duchamp, Andy Warhol ou Salvador Dali et n’hésite pas à mêler des éléments aussi étrangers l’un à l’autre qu’un paquet de céréales et la grande peinture religieuse. Cette propension à aller vers ces artistes est probablement à l’origine des propos de Nicolas Bourriaud à son sujet : "Le plus souvent, on le compare à Andy Warhol pour ses excès et ses succès. Mais, dans son atelier qui fourmille d'assistants et regorge de jouets géants, Jeff Koons ressemble surtout à un Père Noël qui assouvit ses fantasmes."

Jeff Koons propose des images nouvelles en recyclant celles existantes dans la vie de tous les jours, facilitant l’accès du public à des formes d’objets transformées que chacun connaît pour les avoir possédés, manipulés voire jetés. Cependant, il fait la démarche inverse à celle de Warhol qui multipliait l’image des stars, pour rendre à l’unicité, des objets tirés de série manufacturées. Souvent ses processus de production plastiques consistent à redonner à un objet ou à une représentation d’un objet une aura soit en l’agrandissant (les sculptures de chiens énormes en fleurs comme « Puppy » ou métal comme « Balloon dog » en 1995), soit le figeant dans un matériaux qui lui donne une autre consistance (le gilet de sauvetage figé dans le bronze, la série des Equilibrium, ballons de basket en suspension dans l’eau), soit en brouillant la netteté de sa représentation en suggérant sa présence et sa forme par l’agencement d’autres motifs graphiques comme dans la récente série de tableaux « Easy Fun/Ethereal » qui renouvelle le principe du collage grâce à l’infographie (on pense à certains tableaux de Dali où des formes apparaissent au milieu d’autres plus évidentes). Easy Fun/Ethereal propose une variation sur la séduction et le passage à l’âge adulte : céréales et jambes féminines s’élevant dans un ciel pur, bikinis sur des corps fantômes, chevelures interminables.

L’artiste réussit à produire des objets qui explorent une dualité liée à deux conception de l’art à savoir une conception populaire et une conception savante qui semblent perdre petit à petit leur sens depuis quelques années au profit de démarches hybrides qui s’emploient à remettre en cause les stéréotypes du bon et du mauvais goût. La dualité ne s’arrête pas qu’à cet aspect des  choses et on la retrouve dans les solutions pastiques utilisées par l’artiste dans une œuvre comme Split-Rocker, constituée de la moitié de deux jouets différents, une moitié de tête Dino, une moitié de tête Pony, tous deux issus de l'imagerie de l'enfance qui s’adresse ainsi au subconscient de chacun. Pink Panther est aussi une œuvre qui reflète cette dualité en provoquant la rencontre entre la panthère rose de style cartoon et une femme de facture réaliste comme si deux univers rentrait en contact à la manière du film Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, cherchant un équilibre étrange et difficile à maintenir comme dans les séries des Equilibrium, des ballons de basket flottant immobiles dans l’eau d’aquariums  grâce à l'aide du Dr. Richard Feynman, Prix Nobel de Physique. A sa manière, sa sculpture Inflatable Rabbit, un lapin gonflable réalisé en inox en 1986, qui est aujourd'hui reconnu comme une œuvre emblématique de la fin du XXe siècle que l’artiste perçoit comme une sorte de venus de Willendorf moderne, est aussi porteur d’un étrange compromis entre l’iconographie populaire et la sculpture la plus noble puisant aux sources de la civilisation.

Verdict :

Jeff Koons - un homme de confiance est un DVD qui permet de rentrer dans l’œuvre d’un artiste majeur pourtant controversé. Le documentaire se veut autant didactique que déculpabilisant en montrant Jeff Koons livrant pratiquement un cours d’expression plastiques dans les rayons d’un supermarché ou au milieu de ses œuvres. En dépit de son image de manipulateur ou de grand communicant cynique, Jeff Koons apparaît par moment comme dépassé par un marché de l’art et des institutions qui placent autant de confiance en son œuvre que lui cherche à en inspirer.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
Sans objet

L’image est très correcte et la compression très bonne. On a un contraste marqué et bien dosé. La colorimétrie est plutôt bonne ce qui est positif pour avoir une bonne restitution des couleurs des œuvres souvent très colorées de Jeff Koons.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Anglais
2.0

La piste audio PCM 2.0 (256 Kbps) en version originale anglaise est tout à fait satisfaisante pour un documentaire. On a une exploitation des surround et une piste assez dynamique. Sans surprise, les voix sont basculées sur la centrale.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
75 min
Boitier
Pochette cartonnée


Bonus :
- 67 oeuvres de Jeff Koons (la consultation de toutes els oeuvres peut être assez longue) : avec ou sans commentaire exposés dans des musées, dans des espaces publiques ou chez des collectionneurs. Cette partie du DVD peut être très pratique pour retrouver la référence d’une œuvre car il s’agit là pratiquement d’un catalogue de toute son œuvre, avec le nom des œuvres et très souvent une séquence filmée qui montre où se trouve l’œuvre et parois un commentaire en voix off de Patrick Javault.

- Interviews de collectionneurs : Dans le documentaire et le catalogue des 67 œuvres de Jeff Koons, différents collectionneurs racontent, commentent leur rapport à Jeff Koons en tant que personne et surtout à son art. Certains font part de leurs craintes ou leur doute sur les possibilités de montrer certains œuvres de l’artiste, plus compliquées à mettre en situation que d’autres tels les ballons en suspension dans des aquariums.

- Introduction de Patrick Javault : Patrick Javault est responsable de l’auditorium du Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg et critique d’art (Parole et son). Il nous livre un regard de qualité sur une œuvre qui peut sembler superficielle ou au contraire opaque.

- Musique de Lukas Ligeti : Lukas Ligeti est compositeur et percussionniste. Son travail incorpore des éléments issus du jazz, de la musique contemporaine et de diverses musiques du monde.

Menus
L’interface est didactique et efficace. Le premier menu permet de choisir une des trois langues (anglais, français, allemand) puis on à  partir du menu principal on accède au film où aux bonus et en particulier aux catalogue de 67 œuvres de Jeff Koons.

Packaging
La collection de DVD éditée par Les éditions Montparnasse sur différents artistes modernes ou contemporains est présentée de la même manière : pochette cartonnée à fond noir, avec bande de couleur jaune. Sobre et élégant comme un livret, droit à l’essentiel.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage
67 oeuvres de Jeff Koons