L’histoire
République Tchèque. 1969. Après la mort de Jan Palach, sa famille intente un procès afin de dénoncer une calomnie.
Critique
Sacrifice (Burning bush) est l’une des premières productions de HBO Europe, la filiale du prestigieux network américain sur le vieux continent. Ayant généré une audience très importante lors de sa diffusion TV dans son pays d’origine (la République Tchèque), la série y bénéficiera même d’un remontage cinéma qui, lui aussi, rencontrera un vif succès.
Mourir pour des idées, l’idée est excellente. Le 16 janvier 1969, un étudiant de vingt ans, Jan Palach, s’immole par le feu place Venceslas à Prague. Il décèdera trois jours plus tard. Réaction à l’invasion de la République Tchèque par les forces du Pacte de Varsovie (août 1968), cet acte de protestation extrême émouvra l’opinion publique et fera des émules. Trois autres personnes se transformeront en torches humaines pour crier leur indignation. A l’époque, le phénomène s’en tiendra là. En réalité, l’action de Palach sera une bombe à retardement. Les graines de la révolte semées dans les esprits tchèques mettront en effet deux décennies à éclore. Ce n’est qu’en 1989, à l’occasion des vingt ans de la mort de Jan Palach, que débutera la Révolution de velours, qui finira par faire tomber la dictature communiste.
Alléchant sur le papier, Sacrifice avance des arguments de poids : le label Home Box Office, un sujet historique intéressant et une réalisatrice efficace (Agnieszka Holland, qui a notamment œuvré sur deux des meilleures séries du monde, The wire et Treme) possédant, qui plus est, des affinités personnelles avec l’histoire racontée (elle était étudiante en cinéma à Prague en 1968). Hélas, le résultat va s’avérer décevant et sans commune mesure avec les productions HBO US. Si l’atmosphère austère de l’époque (la grisaille, l’ambiance morne, la chape de plomb du régime communiste) est bien restituée, l’intrigue se révèle laborieuse. Etirée, délayée à outrance, elle s’embourbe dans des circonvolutions inutiles et tente artificiellement de s’inscrire dans le moule du thriller judiciaire. Accusant de sérieux problèmes de rythme, la série va ainsi tirer en longueur, chaque épisode paraissant interminable malgré une durée relativement courte. Pire encore, Sacrifice va manquer de chaleur (les personnages sont assez transparents), de souffle, d’ampleur et de tension. La séquence d’immolation de Jan Palach, qui constitue pourtant l’acte fondateur du récit, sera ainsi ... totalement anecdotique. Bref, la sauce ne prend jamais. Triste constat.
Verdict
A moins d’être un passionné absolu des évènements historiques que relate la série, le visionnage de Sacrifice s’imposera comme une expérience ennuyeuse. Pour une fois, méfiez-vous du logo HBO.