L’histoire
Soudainement atteint de la maladie d’Alzheimer, Richie Beckett, ancien grand nom du crime reconverti dans l’immobilier, va entraîner ses proches dans une spirale infernale.
Critique
Mini série produite par la BBC, The Fear nous parvient après avoir rencontré un vif succès lors de sa diffusion outre-manche.
Si elle peut, de prime abord, évoquer Les Soprano, The Boss et Breaking Bad (personnage central mêlé au monde du crime et confronté à la maladie), ou encore Boardwalk Empire (background côtier et cossu), The Fear emprunte surtout au Roi Lear, référence avouée de ses auteurs. Quoi qu’il en soit, la série saura trouver sa propre tonalité, sa personnalité bien à elle. A ce stade, et afin de dissiper toute « tromperie » sur la marchandise, précisons aussi que l’aspect criminel du show est assez accessoire (il s’agit plutôt d’une toile de fond), The Fear étant, avant toute chose, un drame psychologique gravitant autour d’un personnage.
Ce personnage, c’est Richie Beckett (Peter Mullan, parfait), un malfrat vieille école devenu homme d’affaires et figure incontournable de Brighton, une ville du Sud de l’Angleterre. Subitement atteint par la maladie d’Alzheimer, il va connaître une déchéance fulgurante. Désormais faillible (il peut déraper à tout moment), Beckett s’avère à la fois vulnérable, imprévisible et très dangereux, que ce soit pour lui-même ou pour les siens. Installant une atmosphère lourde, pesante, voire même carrément déprimante aux entournures, The Fear conjugue noirceur, tristesse et inéluctabilité (la série entière est un long flashback). Efficace, le réalisateur Michael Samuels parvient habilement à nous plonger dans la psyché meurtrie du personnage, à nous communiquer son malaise (les nombreux très gros plans sur l’incroyable visage de Peter Mullan produisent leur petit effet). Notons aussi que The Fear a le mérite de transcender son postulat de base, profitant d’un récit intime (le calvaire des Beckett) pour brasser des thèmes plus universels : le côté atroce de la maladie d’Alzheimer (on pense parfois à l’effroyable Cortex de Nicolas Boukhrief), l’implosion d’une cellule familiale minée par une pathologie lourde, la difficulté à côtoyer un proche mentalement diminué. Glaçant.
Verdict
Intéressante sans être sensationnelle, la série The Fear vaut donc surtout pour son côté psychologique très travaillé et le formidable numéro d’acteur de Peter Mullan.