La petite ville anglaise de Southcliffe voit s'abattre sur elle une vague de fusillades le même jour, causant la mort de nombreuses personnes. Un journaliste revient dans cet endroit qui l'a vu grandir. Il est témoin des différentes émotions ressenties par les proches des victimes à la suite de ces évènements : la peine, l'effroi, le deuil, la culpabilité et la rédemption...
Les éditions Montparnasse sont un vivier de pépites cinématographiques et télévisuelles. « Southcliffe » en fait partie avec une intrigue particulièrement bien écrite qui oscille entre narration d’un drame sociale et émotion franche autour des familles des victimes. Car si le point de départ est une série de meurtres commis par une seule personne, l’intrigue qui se déroule devant nous n’est pas une enquête à proprement parlé, mais simplement une narration implacable du drame que vont vivre les survivants.
Bien loin du schéma habituel de narration d’une série classique, « Southcliffe » utilises les flash-back en tout genre pour dessiner ses personnages avec beaucoup de profondeur. Le tueur n’échappe pas à la règle et le profil se dessine doucement pour mieux plonger dans l’horreur de ce que vivent ceux dont un membre de la famille subira la colère de Stephen Norton. L’ambiance y est certes oppressante, par un environnement résolument sombre de cette station balnéaire anglaise humide et hivernale, la réalisation soigne sa mise en condition et plonge le spectateur dans une histoire violente sans pour autant montrer la moindre tâche de sang.
Un seul regret tout de même concernant l’utilisation des flash-back, qui a parfois tendance à perdre le spectateur et lorsque le générique de fin du dernier épisode démarre, on reste avec quelques questions en suspend. Une petite faute qui ne vient tout de même pas gâcher les qualités narratives de la série.
Bien sûr, tout repose sur les interprétations remarquables des acteurs, à commencer par Sean Harris (’71) et Rory Kinnear (Imitation Game), dont les personnages centraux viennent donner le ton de la série. Mais c’est le couple Shirley Henderon (In secret) et Eddie Marsan (Jack et le chasseur de Géants), dont les compositions à fleur de peau d’un couple rongé par le douleur et pas la peine, sont tout simplement à couper le souffle.
En conclusion, « Southcliffe » n’a pas bénéficié d’une promotion à la force de frappe à l’américaine, mais le choc narratif et visuel est tout bonnement renversant. On plonge dans l’univers moite de cette station balnéaire avec une douceur macabre cisaillante. A découvrir !