Nue pour l'assassin

L’histoire :

Un assassin vêtu d’une combinaison de motard sème la terreur dans le milieu de la mode ; décimant un à un les membres de l’agence Albatros.

Critique subjective :

Créé par Mario Bava dans les années soixante, le giallo, sorte de thriller transalpin maniéré, constitue l’un des genres les plus codifiés qui soient. Logiquement, plusieurs titres ont fini par se ressembler, ce qui a poussé certains réalisateurs à explorer différentes voies pour faire sortir leurs oeuvres du lot. Variées, les méthodes employées (décor principal surprenant, partis pris visuels audacieux, surenchère gore, etc.) ont parfois porté leurs fruits, apportant un peu de sang neuf à un genre bien souvent au bord de l’asphyxie. 1975. Pour distinguer son giallo et surtout afin de le rendre plus vendeur, Andrea Bianchi, lui, décide d’y injecter une bonne dose de fesse, faisant ainsi de Nue pour l’assassin un métrage qui s’aventure aussi dans un autre genre : le film érotique.

Nude per l’assassino commence fort avec une scène d’avortement clandestin qui se solde par la mort de la femme enceinte. Volonté de choquer ou pure optique racoleuse ? La réponse ne tarde pas puisque tout ne va être que prétexte à un abondant étalage de chair. Le background du film (le milieu de la mode), pour commencer, n’est là que pour justifier la présence d’une brochette d’actrices aux formes aguicheuses. On notera d’ailleurs qu’il est très rare qu’un personnage féminin apparaisse à l’écran autrement que nu ou en petite tenue (le « bisseux » fan d’Edwige Fenech en aura pour son argent). Si giallo et érotisme ont toujours été assez étroitement liés, le second est en général présent dans une sorte d’état latent et se voit traité avec un certain raffinement. Ce n’est absolument pas le cas chez Bianchi où l’on atteint des sommets dans le bon goût (cf. la séquence avec l’obèse en slip). Le métrage s’avèrera même tellement caviardé de passages dénudés que tout le reste se retrouvera relégué au second plan. On l’aura compris, avec cette démarche, le réalisateur ne renouvelle pas le genre, il le tire vers le bas. Une assertion d’autant plus valable que, sur le plan purement formel, le film n’est pas reluisant. Andrea Bianchi se contente en effet de reprendre sans panache quelques codes visuels imposés, les meurtres sont mal filmés et le montage est parfois approximatif (voir la scène d’interrogatoire avec les policiers).

Verdict :

Vulgaire et racoleur, Nue pour l’assassin est un oubliable giallo de seconde zone. Autant dire que le genre n’en ressort pas grandi. N’est pas Bava, Argento ou Martino qui veut.

Une image qui tient plutôt bien la route pour un film de 1975. Si certains plans affichent les stigmates du temps, le master s’avère globalement satisfaisant avec une bonne colorimétrie et un contraste correct. Compression discrète.

Des pistes dolby digital 2.0 (version italienne et version française) qui offrent une qualité d’écoute convenable. L’ensemble est plutôt clair et sait déployer une certaine énergie dans les passages les plus tendus. La version française, avec ses doublages quasi-Z, est à éviter soigneusement.

 

- Présentation du film par Nino Castelnuovo (1 minute) : Une introduction sympathique mais sans intérêt.

- Interview de Nino Castelnuovo (17 minutes) : Si sa mémoire a tendance à flancher (il n’a de cesse de le souligner), le comédien ne connaît en revanche pas la langue de bois. C’est donc en toute franchise qu’il relate le tournage du film (anecdotes à la clé) et explique ses choix de carrière. A noter que Castelnuovo se révèle toutefois beaucoup moins lucide lorsqu’il vante les mérites du giallo de Bianchi.

- Fiche technique.

- Filmographies.

- Galerie photos.