L’histoire :
Un tueur masqué massacre des jeunes gens dans un bowling.
Avant-propos :
Il existe deux montages de Gutterballs : une version courte (91 minutes), interdite aux moins de 16 ans, et une version longue (96 minutes), interdite aux moins de 18 ans en raison de son caractère plus explicite (en termes de sexe et de violence). La version chroniquée ci-après est la version « uncut » de 96 minutes.
Critique subjective :
S’il possède un impressionnant palmarès en tant que spécialiste des effets spéciaux (eXistenZ, Le 13ème guerrier, The pledge, Destination finale, Replicant, Mission to mars, X-Files, Millenium, etc.), le Canadien Ryan Nicholson est aussi metteur en scène à ses heures. En effet, parallèlement à ces travaux dans le latex et le faux sang, l’homme se plaît à réaliser de petites bandes horrifiques sans prétention, comme ce Gutterballs, emballé en une vingtaine de jours pour un budget de 250 000 dollars.
Ecrit, produit et réalisé par Nicholson, Gutterballs se veut un slasher old school nous renvoyant directement aux années quatre-vingt, l’âge d’or de ce sous-genre. Maniac, Halloween et Bloody bird sont les principales références affichées par le métrage. L’heure est donc à l’hommage, mais à l’hommage fortement mâtiné d’humour potache. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder du côté du boogeyman, un certain BBK (pour Bowling Bag Killer !), tueur impitoyable dont le visage est masqué par un sac de bowling (…) et qui aime perpétrer ses meurtres avec des quilles.
Grain, couleurs vives, son de qualité variable et bande originale très kitch (synthétiseurs en force !), Gutterballs fait tout pour donner l’impression d’être un slasher inédit des eighties dont on découvrirait aujourd’hui la VHS perdue. Effet garanti. Le reste est du même cru. On mentionnera notamment une galerie de personnages invariablement idiots et obsédés de la fesse qui se font trucider dans des scènes où la tripaille s’étale généreusement à l’image. Gentiment déjanté, le film capitalise sur son cocktail « gore qui tache / humour débile / sexe débridé ». Un 69 qui se solde par la mort des deux partenaires (le tueur les obligeant à maintenir la position jusqu’à la suffocation), voilà le type de scènes que renferme Gutterballs.
Aussi sympathique qu’il puisse être, le concept du film s’essouffle néanmoins rapidement, le côté « navet volontaire » trouvant vite ses limites. Naviguant entre l’hommage (un peu) et la parodie paillarde (beaucoup), Gutterballs a bien du mal à trouver sa voie. Longuet, l’ensemble piétine (on déplore un gros manque de rythme) et n’est jamais dynamisé par une mise en scène plate (Ryan Nicholson n’est pas Carpenter, Lustig ou Soavi).
Verdict :
Si les bonnes intentions sont là, le résultat n’est malheureusement pas à la hauteur : nous sommes loin de la petite friandise nostalgique et décomplexée qu’aurait pu être Gutterballs. Croisons les doigts pour qu’une éventuelle suite (en projet) vienne relever le niveau. On n’en attend pas moins de la part d’un réalisateur qui a des quilles.
- Commentaire audio du réalisateur : Sympathique et franc, Ryan Nicholson livre un commentaire instructif lui permettant d’évoquer ses ambitions (narratives et visuelles), ses choix de mise en scène et les conditions du tournage. Dommage que le sous-titrage français affiche un différé très agaçant.
- Making of (33 minutes) : Genèse et objectifs du film, personnages, références et effets spéciaux (avec un coup de projecteur sur la confection d’un pénis en latex), voici les différents points évoqués par ce supplément standard.
- Teaser (1 minute).
- Galerie photos.