L’histoire :
Buenos Aires. Sean Fallon, un policier à la marge, enquête sur une série de viols et de meurtres de prostituées.
Critique subjective :
Dying god est l’aboutissement du travail, ou plutôt de l’acharnement, de plusieurs passionnés. Un réalisateur fanboy (Fabrice Lambot qui, après les courts-métrages Insanity et Le sang du châtiment, signe ici son premier long) et son prestigieux parrain, Jean-Pierre Putters (fondateur du magazine Mad Movies, irréductible revue qui promeut le cinéma de genre contre vents et marées), qui endosse ici le rôle de producteur (via Metaluna, boîte de production cofondée avec Lambot). Une connaissance éclairée du genre et une irrémédiable envie d’y œuvrer, il n’en fallait pas moins pour compenser, un tant soit peu, des conditions drastiques : planning de 22 jours, budget de 500 000 dollars, support HD et tournage commando à Buenos Aires.
Un cumul de bonnes volontés pour un résultat qui, hélas, ne sera jamais probant. D’emblée, le film affiche un sacré côté Z : visuels ultra cheap (image granuleuse à souhait et souvent à la limite de la netteté) et photographie affreuse (à côté, l’étalonnage de Plus belle la vie semble être l’œuvre de Darius Khondji). Un production design très limité vient enfoncer le clou (cf. les scènes érotiques très kitsch ou le craignos monster et son costume à jointure apparente).
Si tous ces défauts formels peuvent être plus ou moins pardonnables, le manque d’ambition narrative passe beaucoup moins bien. Auto restriction pour rester dans les limites d’un budget très serré ? Possible. Toujours est-il que le scénario du métrage, à la croisée du polar et du film de monstre, s’avère des plus convenus malgré ses dehors trash (résumé : une créature au sexe surdimensionné viole et tue des prostituées en cherchant à s’assurer une descendance). Scènes de remplissage à foison, manque de rythme patent (Dying god paraît durer plus de deux heures), personnages éculés (le flic véreux, la prostituée au grand cœur, etc.), l’intrigue déçoit sévèrement. Même constat pour le casting : les acteurs, en roue libre (surtout Henriksen dans son fauteuil roulant …), en font des tonnes.
Verdict :
A l’arrivée, deux choses font surtout défaut à Dying god : une bonne dose d’originalité et un paquet de billets verts supplémentaires (force est de constater que le métrage subit de plein fouet les douloureuses conséquences de ses énormes contraintes pécuniaires). Dommage, la réalisation de Fabrice Lambot était loin d’être honteuse.
Voilà typiquement un film que l’on aurait aimé défendre en ces lignes. Sincère … mais indéniablement raté.
Une image de bien mauvaise facture. Si le métrage affichait, à la base, des visuels assez « crasseux » (grain vidéo omniprésent, contraste approximatif), cette piètre qualité vidéo ne se trouve pas améliorée avec le passage du film sur support DVD. Au contraire, un encodage très visible (mais, encore une fois, il faut bien souligner que l’éditeur était loin d’être aidé par le matériau de base) tire encore un peu plus l’ensemble vers le bas.
Une piste sonore très moyenne qui joue la carte de la surpuissance pour tromper son monde. Un DD 2.0 pas forcément très clair, ni très bien spatialisé, mais qui déploie, en revanche, une puissance rare (l’association des ORL devrait porter plainte). Un volume sonore impressionnant mais vraiment too much. Prière de baisser votre ampli avant visionnage donc.
- Commentaire audio de Fabrice Lambot (réalisateur), Jean-Pierre Putters (producteur) et Jean Depelley (coscénariste) : Sympathiques et enjoués, nos trois intervenants nous dévoilent les dessous d’un petit budget. Les anecdotes en disent long sur les conditions de tournage. A des années lumière des habituels suppléments dédiés aux gros films pétés de thunes. Un supplément trois étoiles, de l’or en barre pour les apprentis cinéastes.
- Making of (37 minutes) : Images du tournage et interviews des principaux comédiens (dont un Lance Henriksen d’une franchise touchante). Un bonus qui complète parfaitement le précédent.
- Scènes coupées (1 minute).
- Kurupi (14 minutes) : Interview très intéressante du trio Lambot / Putters / Depelley. Genèse du film, ambition(s) du métrage et références.
- Film annonce (2 minutes).
- Diaporama.