Pervert !

L’histoire :

De retour à la ferme familiale, James va découvrir l’amour et être confronté à d’étranges phénomènes.

Critique subjective :

Premier long-métrage de Jonathan Yudis, Pervert ! (2005) a été mis en boîte dans des conditions qui rappellent les grandes heures du cinéma d’exploitation : budget ridicule (50 000 dollars), tournage éclair (12 jours de prises de vues) et atmosphère éreintante (le soleil du désert faisait systématiquement monter le mercure au-dessus de 40 degrés). Des paramètres presque incontournables pour un titre qui se réclame ouvertement du cinéma bis yankee. Système D et bouts de ficelles : les maîtres mots de cette minuscule série B.

Pervert ! affiche clairement sa filiation avec la sexploitation, et lorgne tout particulièrement vers le cinéma de l’un de ses plus grands artisans : l’inénarrable Russ Meyer. Un lieu de tournage évocateur (le ranch où fut tourné Faster pussycat kill !kill !), des clins d’œil appuyés (la séquence du fermier de SuperVixens est reprise presque telle quelle), un casting peuplé d’actrices fortement poumonnées et peu farouches, des bruitages cartoonesques, l’hommage est limpide. Jonathan Yudis poussera le vice jusqu’à reproduire des visuels extrêmement proches de ceux de Meyer, ceci grâce à un gros travail sur la photographie (utilisation d’une vieille pellicule super 16 qui n’avait jamais servi, couleurs vives) et une mise en scène déférente (jeu sur les angles et gros travail de découpage, interludes dévêtus). En élève très appliqué, Yudis parvient, au final, à installer une ambiance filmique très similaire à celle qui irradiait les œuvres du grand Russ.

Bâti sur une vague intrigue dans laquelle il est question de vaudou, Pervert ! nous gratifie aussi d’un humour débile (souvent bien gras), de gore cheap (dont une décapitation juteuse), d’idées joyeusement barrées (le violon d’Ingres du vieil Hezekiah : réaliser des sculptures féminines avec de la viande hachée et de la charcuterie !), sans oublier une petite créature d’un genre très particulier (on se gardera d’en dire davantage sur ce point).

Verdict :

Malgré de bonnes intentions et un gros investissement collectif, le film de Jonathan Yudis se montre malheureusement répétitif et un peu vain. Ce faisant, Pervert ! ne va jamais au-delà de l’hommage sincère (le réalisateur apprécie réellement le cinéma auquel il se réfère, aucun doute là-dessus) mais basique car dénué d’une personnalité propre.

Une restitution visuelle d’excellente tenue. Avec une colorimétrie très saturée et un contraste parfois approximatif, les choix artistiques du réalisateur sont respectés à la lettre. On retrouve également un rendu idéal du format super 16 au niveau du grain. Rien à redire, non plus, du côté compression.

Des pistes plutôt bonnes mais qui manquent d’ampleur. Si le Dolby Digital 5.1 et 2.0 (VO et VF pour chaque format) se montre clair et dynamique, il s’avère trop « ramassé ». On ressent ainsi l’une des conséquences d’un budget famélique : le film n’a pu s’octroyer un mixage de qualité.

- Commentaire audio : Un commentaire assuré par Jonathan Yudis (réalisateur, producteur et acteur), Fitz (monteur), Guy Livneh (caméraman), Timothy Johnson (producteur des effets spéciaux) et Sally Jean (actrice). Un supplément à la fois décontracté et instructif qui nous éclaire sur le tournage et sa préparation, maintes anecdotes à l’appui.

- Commentaire du scénariste : On retrouve ici Mike Clove (scénariste, producteur et superviseur de la musique) accompagné de Jonathan Yudis. Ce dernier est de trop. Rappelant souvent plusieurs éléments qu’il avait déjà relatés dans le premier commentaire, Yudis a tendance à rendre ce bonus redondant.

- Making of (30 minutes) : On en remet une couche sur le film avec des interviews de l’équipe et des images du tournage. Genèse du script, préparation du film, casting, exposé des ambitions du réalisateur, travail sur les décors, conditions sur le plateau, élaboration des scènes d’animation, bilan de l’aventure … tout y passe.

- Scènes coupées (6 minutes) : Quelques passages écartés du montage final et ne présentant qu’un intérêt limité.

- Scène lesbienne alternative (2 minutes) : Seconde version de la courte scène aperçue dans le métrage.

- Bêtisier (2 minutes).

- Bandes annonces (6 minutes) : Bande annonce censurée et non censurée du film.

- Fiche technique.

- Filmographies.

- Galerie photos.

- Crédits.