Paris, un kiosque à journaux, Alexandra est réalisatrice, fille, petite fille et arrière petite fille de kiosquiers. Elle est venue prêter main forte à sa mère et, comme dans un vieux rêve d’enfant, joue à la marchande. Depuis cette fenêtre sur la rue, elle filme avec humour et tendresse les coulisses du métier et le défilé quotidien de clients détonants. Mais la presse papier et les commerces de proximités sont en crise, et ce petit jeu s’avère finalement plus compliqué que prévu…
Paris, Place Victor Hugo, quartier chic du XVIème arrondissement, proche des Champs-Elysées, un petit kiosque à journaux, comme n en voit dans les autres rues de la capitale, avec des kiosquiers noyés sous des tonnes de titres quotidien, hebdomadaires, mensuels et plus si affinité, que l’on distingue à peine de la rue. Pour les approcher, il faut entrer, s’approcher, choisir une revue ou un journal et pourquoi pas, échanger un peu. Des hommes et des femmes dont l’existence même tourne autour de ce petit marché singulier régi par des règle strictes et obscures pour le commun des mortels. C’est surtout un lieu de vie, où les échanges se font, où le lien social est encore très présent. Un petit ilot où les habitués conservent un lien puissant et où le kiosquier tient un rôle central.
Et c’est alors une galerie de personnages qu’Alexandra Pianelli nous invite à découvrir à travers l’œil de son portable, de sa caméra ou de ses dessins qu’elle met en avant dans son documentaire. Loin d’être linéaire son long métrage nous fait sourire et même nous émeut aux larmes, notamment à travers le regard et la générosité de Damien un SDF du coin, ou encore d’Islam, jeune bengali en attente de réponse positive à sa demande d’asile. Le documentaire, à travers le regard, les paroles et les visites des habitués, que ce soit Christiane, la vieille dame, qui a l’habitude de partager quelques échanges avec Alexandra ou sa maman, dont l’humour est communicatif, ou Gérard, bénévole à Notre Dame, qui passe toujours apporter un petit quelque chose à la jeune femme ou à sa mère, dans une notion de partage, sans arrière-pensée, si ce n’est celle de passer un moment ensemble, encore une fois de partager. Toutes ces personnes qui sont devenues en plusieurs années, des visages obligés et des souvenirs ancrés, qui resteront indélébiles, grâce au documentaire, de la mémoire des kiosquiers.
Mais ce long métrage est aussi l’occasion, pour la réalisatrice de mettre en lumière, ce labeur, les difficultés d’un métier qui se meurt par la pression des distributeurs, et des contrats qui ne leur laisse pas beaucoup de champ de manœuvre, particulièrement lorsque le secteur de la presse écrite est en crise, par l’alternative internet qui vient rebattre les cartes, et mettre en péril un secteur entier, dont les kiosquiers sont les premières victimes. Jamais dans la pensée pesante, Alexandra Pianelli parle sans détour des difficultés et garde une légèreté dans son propos, préférant la légèreté et la beauté des rencontres à la tristesse des combats perdus d’avance.
Le film est touchant, et nous embarque dans un quotidien insoupçonné, où tout n’est pas tout rose, mais où les rencontres sont merveilleuses et viennent panser les difficultés véhiculées par la crise et par les différents mouvements et autre Covid qui sont venus nous pourrir l’existence ces cinq dernières années. « Le kiosque » est un petit documentaire utile, drôle et touchant qui reste en mémoire bien longtemps après son visionnage.
Une interview, amusante où la réalisatrice joue la journaliste et son propre rôle en plein cœur du confinement.
« Roman Photo », une rencontre étonnante entre un client et une cliente qui se mettent sans préparation à réciter le poème allemand « La Loreleï ».
« Divagations et Pause-Café », une expérimentation intéressante, entre les images de passants devant le kiosque et le film « Elle la région parisienne » diffusé sur un téléphone.
« Fenêtres sur Cour », un court métrage sur un autre métier, celui de concierge et sur l’incertitude de faire un film.