J’ai eu l’occasion de filmer à l’hôpital l’épopée des corps féminins, dans leur diversité, leur singularité, leur beauté tout au long des étapes sur le chemin de la vie. Un parcours de désirs, de peurs, de luttes et d’histoires uniques que chacune est seule à éprouver. Un jour j’ai dû passer devant la caméra.
Nous parlons souvent du corps de la femme à travers le prisme de la beauté, comme objet de fantasmes, et de désirs, on en parle aussi à travers le prisme de l’hôpital, mais là plutôt dans le cas de l’hôpital lui-même, de ses médecins et de leurs équipes. Et c’est après avoir passé deux années à l’hôpital, que le productrice Kristina Larsen (La Daronne) a proposé à la réalisatrice Claire Simon, de réaliser un film sur le corps des femmes et notamment sur toutes ces moments d’espoirs, de joies, de souffrance aussi et je dirais même surtout auxquels il est exposé dans une vie. Claire Simon, y vit l’occasion de prolonger et de conclure un documentaire réalisé en 2008, « Le Bureau de Dieu », sur le planning familial, dans lequel la réalisatrice regrettait den pas avoir prolongé plus loin sa réflexion en suivant les grossesses.
Durant près de 3 heures, la réalisatrice va alors nous raconter l’histoire du corps féminin, à travers toutes ses métamorphoses, à travers toutes ses joies et toutes ses souffrances. Parce que c’est aussi ça une femme, c’est un changement continuel, ce sont des doutes, celui de pouvoir avoir un enfant, celui de pouvoir avoir du désir et en susciter, c’est également celui d’une souffrance régulière, plus ou moins forte, reflet d’une fragilité physique mais pas mentale. Car il en faut du courage pour affronter son intérieur, accepter ce qu’il nous fait endurer à mesure que le temps avance et qu’il fait son office. La réalisatrice pose sa caméra et devient le témoin des premières relations sexuelles, de l’angoisse d’être enceinte, de la réaction du garçon, qui balaye d’un revers de la main d’une phrase tellement assassine : « Ben tu avortes et puis c’est tout ! », aucune conscience de ce que cela implique, encore plus lorsque les fausses croyances s’emmêlent, ou encore, la transidentité, la sténose ou la fertilité, l’envie d’avoir un enfant, la peur du cancer, le vieillissement.
Avec une simplicité désarmante, l’absence de commentaires et encore plus l’absence de voix off, hormis l’introduction, font de ce documentaire une simple confrontation entre les spectateurs, femmes ou hommes, et je dirais d’ailleurs, surtout, Hommes, une confrontation avec le corps de la femme, cette différence notoire, qui le rend si vulnérable et forte à la fois. Car il en faut du courage pour accepter tout cela, il en faut de la force pour endurer toutes ces épreuves de la vie de la nature. Et puis toutes ces épreuves rendent forcément la femme plus fragile à certains moments et c’est là où l’homme doit comprendre le sens de sa présence aux côtés de son amour.
« Notre corps », n’est pas simplement un documentaire de presque 3 heures sur le corps de la femme, il est une fenêtre ouverte sur l’inconnu pour les hommes, sur un corps qui ne cesse de se contredire entre espoir et souffrance. Un corps que l’on ne cesse de malmené pour avancer dans toutes les étapes de la vie. Une leçon de vie, mais surtout une leçon de courage et de détermination, que les hommes devraient apprendre pour avoir plus d’humilité envers ces femmes, que l’on a trop longtemps appelé sexe faible.