Après sa première rupture, Charlotte pense que sa vie est foutue… Foutue jusqu’à ce qu’elle trouve un petit boulot dans un magasin de jouets, plein de vendeurs aussi charmants qu'accueillants. On y travaille un peu, on s'y amuse beaucoup. Charlotte se laisse prendre au jeu et enchaîne les histoires sans lendemain. Mais Charlotte se fait rattraper par le qu’en-dira-t-on. Un garçon qui collectionne les filles, c’est ok, mais une fille… Et si on arrêtait de penser ça ? Charlotte a un plan.
La culture québécoise semblait s’exporter aisément par nos contrées mais hormis les chanteurs et chanteuses qui envahissent toutes les émissions musicales, dans l’espoir de devenir la nouvelle Céline Dion. Parfois quelques séries ou quelques films parviennent à se hisser au rang des élus du sérail à avoir l’extrême honneur d’être programmés en France (C’est évidemment de l’ironie), tant le cinéma québécois fourmille d’œuvres inventives et particulièrement soignées. A l’instar de ce « Charlotte a 17 ans » de la réalisatrice Sophie Lorain, qui s’était déjà fait remarquer avec son premier long métrage « Les Grandes Chaleurs » en 2009.
Ici la réalisatrice nous entraine dans une revisite de « Lysistrata » d’Aristophane, une comédie grecque du Vème Siècle avant notre ère, dans laquelle Athènes et Spartes sont en guerre. La malicieuse Lysistrata va convaincre les femmes Athéniennes d’entreprendre une grève du sexe comme moyen de protestation et de pression pour rétablir la paix. En se basant sur un scénario écrit par Catherine Léger (La déesse des mouches à Feu) , Sophie Lorain nous invite à suivre les aventures sentimentales de Charlotte, jeune fille de 17 ans, après une rupture qu’elle a du mal à surmonter. Avec sa bande de copines, elles vont travailler dans un magasin de jouets et croiser une bande de garçon. Charlotte va alors faire des choix et s’attirer les foudres des uns et des autres. Ce qui va amener le scénario à doucement entrer dans un débat millénaire sur la vision masculine et la féminine. Un débat totalement d’actualité que la réalisatrice va s’amuser à mettre en scène sous la forme d’une comédie légère et fortement féministe.
Et justement, la mise en scène ne se refuse rien, ni les plans soignés, ni ceux un peu « Bordéliques » pour mieux illustrer les sentiments de l’héroïne autant que de se copines et copains. Car si Charlotte concentre l’attention, chacun et chacune sont traités de la même manière et évoluent dans un monde en tentant d’y trouver leur place et de garder l’équilibre entre leurs valeurs et leurs ambitions. Avec un Noir et Blanc, subtil qui met tout le monde d’accord et permet de se concentrer sur l’intrigue plus que sur les détails, la réalisatrice parvient à nous entrainer dans cette comédie à la fois légère et profonde qui pose la question pertinente : « Un garçon qui multiplie les conquêtes est un Dom Juan, une fille c’est une Trainée ! ». Alors comment aider à modifier la pensée ? C’est là qu’intervient la pièce d’Aristophane et son traitement est absolument remarquable de sincérité et de légèreté.
Pour conclure, il est impossible de ne pas parler de la distribution, car « Charlotte a 17 ans » s’offre des jeunes talents aux CV déjà bien fournis : Vassili Schneider (Notre Dame Brûle), Anthony Terrien (1 :54) et d’autres plus débutants : Marguerite Bouchard (Nouvelle Adresse), Romane Denis (Slaxx) et Rose Adam (1987). Mais tous ont un point commun, une véritable sincérité de jeu qui donne à cette comédie toute sa fraîcheur et toute sa cohérence. On adore suivre les pérégrinations de Charlotte et de ses amis et réfléchir à ce débat sans cesse de saison entre la vison masculine et Féminine. Une excellente surprise que cette comédie de Sophie Lorain.