Maxime, la vingtaine, travaille dans la mine d’or d’une petite ville du Québec. Ici, tout le monde se connaît et tout le monde connaît la mine. A l'origine d'un drame qui a failli coûter la vie à Julien, son ami d'enfance, il est en proie aux doutes et à la culpabilité. Lorsqu'une violente explosion retentit sous terre, Maxime voit l’occasion de se racheter : il descend dans l’antre de la mine avec la ferme intention de ramener chacun de ses collègues et amis vivants…
La culture québécoise semblait s’exporter aisément par nos contrées mais hormis les chanteurs et chanteuses qui envahissent toutes les émissions musicales, dans l’espoir de devenir la nouvelle Céline Dion. Parfois quelques séries ou quelques films parviennent à se hisser au rang des élus du sérail à avoir l’extrême honneur d’être programmés en France (C’est évidemment de l’ironie), tant le cinéma québécois fourmille d’œuvres inventives et particulièrement soignées. A l’instar de ce « Souterrain » de la réalisatrice Sophie Dubois, qui s’était déjà fait remarquer avec son premier film « Chien de Garde ».
Ici la réalisatrice nous entraine dans le monde de ceux qui travaillent dans les mines d’Or. Un univers que la réalisatrice a dû apprendre à apprivoiser, notamment pour que son scénario et sa mise en scène soient au plus proche de la réalité et puisse rendre hommage à ces hommes et ces femmes qui risquent chaque jour leurs vies pour aller creuser le ventre de la terre et en sortir l’or. Ayant, elle-même, vécue dans une région minière, la réalisatrice voulait aborder ce métier et en ressortir toute la dimension tragique. Pour cela, elle a rencontré, passé du temps avec ces mineurs, a appris à apprivoiser leurs codes, leur jargon pour mieux les peindre dans une histoire où la dureté du labeur se mêle à la culpabilité.
Car, ici, nous suivons les pas de Maxime, qui ne se remet du drame qu’il a lui-même causé qui et aurait pou coûté la vie à son meilleur ami, mais qui, au contrai l’a rendu handicapé et lui a brisé l’existence. Une culpabilité qui se cogne en permanence à ‘l’arrogance de la jeunesse et aux envies de trouver sa place dans un monde dur et difficile. Maxime et Julien, doivent chacun, à la manière retrouver une place dans cette vie, s’y adapter et tenter de trouver un moyen de surmonter ce drame et de se trouver un nouvel idéal. Dans les deux cas, le cheminement et long et cabossé, et le scénario de la réalisatrice n’a pas besoin d’appuyer bien fort pour en montrer toute la dramaturgie.
Avec une mise en scène soignée et particulièrement compliquée, puisque le film fut tourné dans une véritable mine, avec toutes les contraintes de sécurité que cela implique, Sophie Dupuis, nous plonge dans son histoire avec une douceur et une empathie qui permettent d’éviter le jugement trop hâtif et de nous interroger sur la façon dont nous, spectateurs, nous réagirions à la place des personnages. Jamais dans la caricature, mais plutôt dans l’envie de coller au plus près de la réalité, au point d’embaucher de véritables mineurs du coin en figurant, la réalisatrice nous plonge dans le ventre de la terre et dans le cœur de l’humain.
Pour conclure, il est impossible de ne pas parler de la distribution et notamment des deux acteurs principaux : Joakim Robillard (Le Bruit des Arbres) et Théodore Pellerin, que la réalisatrice avec déjà dirigé dans « Chien de Garde ». Le premier signe une composition tout en paradoxe et en ambiguïté qui force le respect pour un acteur débutant. Il porte quasiment toute la force narrative du film sur ses épaules, aidé en cela par le second, qui a travaillé dur pour composer ce personnage, rescapé d’un drame qui doit faire avec un handicap physique et moteur. « Souterrain » est une excellente surprise.