Pour ton Mariage

En épousant la fille d’Enrico Macias, je ne me doutais pas que trente ans plus tard je lui en voudrais encore d’avoir transformé nos noces en show démesuré. En revoyant le film du mariage, je réalise que c’est vraiment la` que j’ai commencé à « fonder une famille » : deux fils, une séparation, trois filles, une autre séparation, un deuil. Sur la tombe de mon psy, je tente une sorte d’inventaire. Que nous ont légué nos pères et nos mères ? Et moi, que vais-je laisser a` mes enfants ?

Voici clairement un film improbable ! Celui d’un régisseur, producteur, assistant metteur en scène qui à l’aube de la retraite décide de réaliser un film sur lui, sa famille, ses origines et sur son mariage avec la fille d’Enrico Macias. Parti d’une discussion avec un ami, à qui il raconta qu’il fut marié avec la fille du chanteur, et qu’il en avait tiré un film avec des moyens professionnels que personne n’avait jamais vu, qu’Oury Milshtein (Dans la Maison) a décidé de réaliser un film pour se réapproprier celui de son mariage. Du coup il convie les membres de sa famille, ses deux ex-femmes et ses quatre enfants pour parler de la vie, du passé de l’avenir et surtout de ce qu’il va léguer à ses enfants.

Mais soudain, une chose se passe, un virage. Alors que le film s’ouvre sur ce mariage aux allures de show démesuré, les discussions vont subitement tourner autour des parents, la figure paternelle omniprésente dans l’esprit du réalisateur, la mère source de peine, mais qu’une scène magnifique, alors qu’elle est atteinte d’Alzheimer, vient transcender dans un moment d’émotion touchante. Léa, la fille terrassée par une maladie à l’âge de 14 ans, dont le réalisateur ne s’est jamais remis de la disparition et qui hante presque le film, puisque sa maladie pose d’emblée la question de la transmission. Et il y a la judéité comme une sorte de lien que l’ex-femme ne semble pas avoir réussi à ouvrir.

Au milieu de toutes ces discussions, parfois enflammées, parfois difficiles, il y a la question de la famille, du lien et de ce que l’on laisse à nos enfants après notre grand départ. Comme une grande psychanalyse, le réalisateur s’interroge et interroge les siens, mais surtout ils nous posent également ces questions, de ce que sont le sens de nos existences, de ce que l’on veut laisser ou de ce que l’on peut donner à ceux de notre sang. Avec une mise en scène sans esbrouffe, des moments intimes venues du passé, une voix off qui vient nous guider dans une partie de ses réflexions, Oury Milshtein nous offre un film touchant, drôle parfois et surtout sans concession. Ce qui fait du bien par les temps qui courent.

Une image soignée qui met parfaitement en valeur le documentaire, y compris lorsque ce sont des images issues du film de mariage d'Oury Milshtein. Les contrastes sont de très bonnes tenues et donnent une réelle profondeur à l’ensemble. Les couleurs quant à elle gardent une véritable identité servant à merveille les besoins de la réalisation.

L’utilisation d’une piste Doby Digitale 5.1 reste forcément une bonne nouvelle puisqu’elle permet réellement de plonger au cœur des conversations du réalisateur avec sa famille et des archivent qui les illustrent. La spatialisation offre une très belle répartition, y compris dans les extraits du film de mariage, la dynamique est minutieuse et respecte parfaitement l'atmosphère voulue par le réalisateur.

« Un entretien avec Arnaud Desplechin ». Un master Class, où le réalisateur vient parler de son film et de sa genèse.

« Extraits d’un entretien avec Léa Veinstein pour Akadem ». Même chose, le réalisateur est interrogé sur la manière dont il a abordé son sujet.

« Vous Allez Assurer comme Papy » : La réunion des deux fils du réalisateur Symon et Elyot Milshtein avec leur grand-père Enrico Macias, ais en version longue cette fois ci.

Plus une scène coupée.