L'histoire :
3h d'entretiens avec Régis Debray où Serge Daney nous raconte le cinéma américain (Hawks, Hitchcock.), l'enfance, revient sur « la qualité française », la nouvelle vague, mai 68, l'irruption de la télévision et des médias de masse.
Critique subjective
Serge Daney est né à Paris en 1944 et est décédé en 1992. Il a été un des critiques de cinéma français fortement liés aux Cahiers du cinéma où il a publié son premier texte à l'âge de vingt ans (juin 1964), au moment où les Cahiers jaunes sont repris par le groupe Filipacchi.
Il écrit sur le cinéma américain (Leo McCarey, Jerry Lewis), s'éloigne de la revue (pour un voyage en Inde) puis revient alors qu'elle prend un tournant théorique et politique (maoïsme). Rédacteur en chef des Cahiers du cinéma de 1975 à 1981, il réoriente la revue vers le cinéma (journalisme, couverture critique).
D'abord responsable du cinéma à Libération en 1981, il se tourne par la suite vers la télévision et les pages « Rebonds » (sport, information). En 1986, son attachement au cinéma l'incite à fonder une revue à part et totalement libre dans le paysage de la presse cinéma, Trafic, qui ne verra le jour qu'en 1991 (éd. P.O.L), peu de temps avant que la maladie ne l'emporte, en 1992.
Serge Daney a été collaborateur des Cahiers du cinéma, avant d'en devenir rédacteur en chef dans les années 70, puis responsable des pages cinéma et éditorialiste de Libération. Il fut aussi l'un des fondateurs de la revue de cinéma Trafic. En 1992, dans ces entretiens avec Régis Debray pour l'émission « Océaniques », celui qui, en référence à Henri Langlois (parce qu'il est un « enfant de la Cinémathèque »), se définit comme un « ciné-fils », fait défiler sa vie et les films qui l'ont vu grandir.
En racontant le cinéma américain (Hawks, Hitchcock...), la « qualité française », la nouvelle vague, Mai 68 et la politisation de la cinéphilie, ou encore l'irruption de la télévision et l'ère des médias de masse, Serge Daney nous lègue une morale et une mémoire de l'image. Pour Régis Debray, ce témoignage est « un plaisir d'intelligence, un passage obligé pour quiconque veut rester cinéphile sans devenir pour autant téléphobe. »
Ponctués d'illustrations et de renvois aux grands films qui « regardèrent » Serge Daney et nourrirent sa réflexion, ce dialogue s'achève par une interrogation sur le pouvoir de la télévision, ses conséquences sur le cinéma, et au-delà, sur notre vision du monde.
Pour cette édition DVD, Les éditions Montparnasse propose un Prologue inédit de Serge Daney expliquant son regard sur le cinéma et sur l'espace temps par son amour, au temps de l'enfance, pour les cartes géographiques. Cette séquence apporte un éclairage original, et émouvant, sur la pensée de Serge Daney.
Itinéraire d'un ciné-fils s’inscrit dans la lignée des autres DVD consacrés à Gilles Deleuze, Norman Mailer ou Edgar Morin dans la même collection. Serge Daney fait partie de ces intellectuels ou penseurs français qu’il est bon de connaître et de relire. Au cours de ces entretiens il cite Paul Virilio qui partage avec lui cette acuité sur la réalité des medias. Si vous n’avez pas pu lire ses articles particulièrement intéressants sur la télévision
je ne saurai que trop vous recommandez de lire le salaire du zappeur.
Verdict :
Une fois de plus les Éditions Montparnasse font mouche en proposant un DVD sur un de ceux qui ont fait la qualité du regard critique français de ces dernières années sur le cinéma et la télévision. Le travail de Serge Daney dépasse le cadre de la critique, du cinéma et de la télévision pour questionner notre société entière.
L’image du DVD est moyenne quoique pas trop mal. On reste à peu près dans la même qualité que le DVD de la collection sur Gilles Deleuze. La compression est pas mal mais l’éclairage est basique, le cadrage se limite à des gros plans et des plans de taille. Quelques images (photos, affiches, couvertures de magazines, images de films) ponctuent les entretiens.
La piste audio Dolby Digital 2.0 proposée est moyenne sans plus. C'est une piste frontale qui correspond au son d’un enregistrement lors du tournage des interviews. On a donc droit à une piste suffisante et sans fioriture.