The Jeff Healey Band : Live at Montreux 1999

Une légende née dans les bas-fonds du Bayou américain dit qu’il est nécessaire de passer un pacte avec le diable avant de pouvoir jouer du blues. Le maître des enfers aurait-il exigé la vue du jeune Healey en échange du don de la musique ? Seules quelques personnes haut placées connaissent la réponse. En tout cas, dans sa première année parmi les mortels, le jeune canadien, atteint d’un cancer, était frappé de cécité. Comme dans tout conte qui se respecte, le héros va transformer son handicap en principal atout et développer une façon de jouer assez unique, la guitare sur les genoux pour la plupart du temps. Un pratique pas inédite, puisque des artistes comme Ben Harper s’en servent régulièrement, mais généralement dans le but de jouer du slide. Avec Healey, point de bottleneck. Il enchaîne les accords et les solos naturellement, comme les Stones enchaînent (ou enchaînaient pour témoigner un peu de respect pour leur grand âge) les filles après leurs concerts.

 

Pour une fois, un artiste de blues jouit d’une plus grande renommée dans ses contrées que dans cette vieille Europe, refuge de tant d’artiste méconnu de la note bleue. En effet, Jeff Healey, déjà heureux d’avoir pu partager dans son adolescence la scène avec des pointures comme Stevie Ray Vaughan ou B.B. King, cartonne dès son premier album, en 1988, dépassant le million d’exemplaires vendus et obtenant une nomination pour un Grammy Award. Cette reconnaissance lui permit même de faire une apparition, en musicien de blues (comme c’est original !) dans le cultissime Road House avec l’oubliable ou l’oublié (je ne sais plus) Patrick Swayze. La suite da la carrière continue sur cette belle lancée et après un repos bien mérité à la fin des années 90, le canadien et son groupe reparte à l’assaut du monde impitoyable de la musique au début des années 2000. Le concert proposé dans ce dvd date de 1999, soit une petite préparation avant le retour triomphal pour le réveillon du Nouvel An 2000 aux Chutes du Niagara.

 

Du travail de pro !

 

Carré. Voilà le mot définissant le mieux le show donné dans la capitale musicale de la Suisse. Le Jeff Healey Band, composé bien sûr de Jeff Healey au chant et à la guitare, Joe Rockman à la basse, Pat Rush à la guitare et Tom Stephen à la batterie, délivre une prestation impeccable. Pas de fausse note. Ils savent ce qu’ils doivent faire et le font très bien. Un son puissant, costaud à grosse dominance blues, ce qui va de soi, mais avec quelques incursions dans le rock et la soul-funk, le tout collant parfaitement à la voix bien rauque de Healey. Du classique, dans la mouvance des artistes de blues des années 80-90, comme pouvait le faire, avec éminemment beaucoup plus de talent, le très regretté Luther Allison.

 

Pourtant, il manque un petit je-ne-sais-quoi à ce concert. Tout est un peu trop net. C’est du travail bien fait, mais il manque un grain de folie. Le grain de folie ! Celui habitant les vrais génies du genre, de Son House à B.B. King, en passant par John Lee Hooker. Ainsi, les morceaux se démarquant du lot sont tous des reprises (Stop Breakin’ Down, Third Degree, Stuck in the Middle with you, Yer Blues, Roadhouse Blues, Hoochie Coochie Man). Les compositions originales se révélant au final assez anecdotiques. Le canadien se serait-il fait avoir lors de la conclusion de son pacte diabolique ?

 

Enfin, ne boudons pas notre plaisir, surtout par ces temps de sinistrose musicale. Des musiciens impeccables, du blues, que vous  faut-il de plus ?

 

 Set List : My Little Girl / Stop Breakin’ Down / Thrid Degree / I Think I Love you too Much / Stuck in the Middle with you / I Can’t Get my Hands on you / Yer Blues / Angel Eyes / Roadhouse Blues / See the Light / Hoochie Coochie Man.

Une image satisfaisante. L’ambiance bleutée du concert est bien rendue. Pas de problème de compression. A noter quelques fourmillements, les arrière-plans manquant régulièrement de précision. Mais rien de bien gênant.

Un son correct, mais compte tenu de la date du concert, on aurait pu espérer un petit mieux.

 

Le DTS sort du lot avec une très bonne dynamique mais avec une spatialisation et un surround corrects, le son provenant essentiellement des enceintes avant. Le son est clair mais aurait pu être plus précis.

 

Le dolby digital 5.1 est à l’identique du DTS mais en moins péchu. Et le stéréo PCM se montre de bonne facture, mais n’a évidemment pas l’enveloppe du DTS.

En bonus, 4 morceaux datant de 1997, dans la même veine que le concert proposé. A noter que l’image, prise à partir d’une source Haute Définition, se révèle meilleure que pour le programme principal.

 Il faut également préciser que le dvd est accompagné d’un cd reprenant la quasi intégralité du concert de 1999 et de 2 titres présent dans les bonus. Et ça, c’est vachement bien !