Les lumières du faubourg

Titre Original
Laitakaupungin valot
Genre
Pays
Finlande (2006)
Date de sortie
mardi 16 octobre 2007
Durée
103 Min
Réalisateur
Producteurs
Aki Kaurismäki
Scénaristes
Aki Kaurismäki
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Français
Oui
Oui
Non
Finnois
Non
Non
Non
Le Film
Critique de Laurent Berry
Editeur
Edition
Standard
Label
Zone
2
Durée Film
103 min
Nb Dvd
1

L'histoire

Koistinen, veilleur de nuit dans un centre commercial d’Helsinki, mène une existence tristement solitaire. Souffre-douleur de ses collègues qui le méprissent, tabassé par quelques brutes croisées dans un bar, rien ne lui sourit. Jusqu’au jour où une blonde fatale l’aborde dans un café… Croyant avoir enfin trouvé l’amour, Koistinen tombe immédiatement dans le piège de cette séductrice mandatée par des gangsters. Ceux-ci vont profiter de sa naïveté pour cambrioler la bijouterie qu’il surveille et faire en sorte qu’il soit désigné comme le seul coupable.

Critique artistique

Impliqué avec son frère Mika dans la production d’un cinquième de la production cinématographique finlandaise, on a envie de savoir qui est Aki Kaurismäki, l’acteur et réalisateur qui a été facteur, plongeur de restaurant et critique de film avant de réaliser le documentaire The Saima gesture, en 1981. Depuis il a signé une vingtaine de films et récemment il est apparu dans le folklorique Aaltra(2003) de Benoît Delépine et Gustave Kervern. Cette apparition dans un film signé par deux citoyens grolandais trahit certains penchants De Aki Kaurismäki pour les histoires où se mélangent comédie déjantée et drame désespéré déjà à l’œuvre dans Ariel (1998). Il n’est donc pas étonnant de retrouver d’étranges climats au cœur de sa trilogie des perdants qu’il avait commencé avec Au loin s'en vont les nuages(1996) où l’on suit un couple frappé par le chômage et L' Homme sans passé (2002) plongeant dans le monde des sans-abri. Les lumières du Faubourg(2005) clôture un cycle en décrivant cette fois un perdant livré à la solitude des faubourgs avec une forme de circonspection et de pudeur où tout semble retenu et contenu.

En dépit de la tristesse qu’une étonnante qualité photographique vient tempérée, la trajectoire de Koistinen se trouve éclairée par une lueur d’espoir où tout suggère la possibilité d’une vie. Les lumières du faubourg clôture la trilogie des perdants mais présente tous les signes d’un désir de revenir à la vie comme le chante Carlos Gardel dans la chanson Volver. Revenir parmi les hommes peut-être et guidé par la main d’une femme sans doute. A nouveau un charme désuet emmitouflé dans une gangue de mélancolie s’insinue dans un cinéma qui à cette force singulière de déplacer le marquage temporel des lieux vers un passé sans doute fantasmé. Dans La vie de Bohème, on retrouve ainsi un étonnant mélange entre des décors contemporains pour un film tourné en noir et blanc et dont l’histoire semble se dérouler dans un Paris des années 50. Il devient plus difficile de définir à quelle époque appartient l’histoire de L’homme sans passé ou celle des Lumières des faubourg ; on se trouve face à des films où s’exprime une forme d’autonomie temporelle propre à Aki Kaurismäki.

Les premières minutes du film exposent la solitude de Koistinen sur son lieu de travail, sa solitude quand il est snobé par ses collègues et sa solitude encore quand il se retrouve seul dans un bar guindé où les autres hommes sont habillés en costumes trois pièces et le dépasse d’une bonne tête ; sans doute une volonté du réalisateur pour montrer la petitesse du veilleur de nuit face à ceux qui vont le manipuler par la suite. Koistinen est d’ailleurs acculé à boire son verre près de la porte des WC derrière laquelle il se retrouvera coincé lorsqu’un homme sortira des toilettes. Le jeu d’acteur tout en retenu de Janne Hyytiäinen confère à Koistinen une image de petit bonhomme coincé, mal à l’aise et comme compressé ; on dirait que son corps ne trouve pas naturellement comment occuper l’espace ce qui tranche avec la décontraction des autres personnages. Il est d’ailleurs remarquable que ce personnage ne sourie jamais et ne manifeste aucune humeur particulière. Koistinen veut s’épanouir et se rêve entrepreneur mais son attitude le ferait percevoir d’avantage comme une proie ; l’histoire en fait de manière appropriée la victime parfaite. Comme le dit le chef de la bande organisée qui manipule Koistinen, il est fidèle comme un chien, romantique et idiot. Il semble se complaire dans les situations comme le chien dont s’occupe le jeune garçon noir reste attaché pendant plusieurs jours dans la rue.

Comme souvent dans les films de Aki Kaurismäki, un lyrisme musical vient à la rescousse de la photographie toujours intéressante et ce même avec des films en noir et blanc comme La vie de Bohème. On plonge dès le début du film dans un univers musical typé avec le tango de la chanson Volver interprétée par Carlos Gardel, par ailleurs titre éponyme du film de Pedro Almodovar dont nous avons déjà testé une édition DVD (Volver) . On retrouve également la voix du Finlandais Olavi Virta et la musique de l'Ensemble Mastango dont le répertoire regroupe des tangos classiques de Troilo ou Gardel et des compositions des membres du groupe. Les travaux d'Antero Jakoila regroupent les influences du tango et de la musique populaire finlandaise. La musique de la formation Melorse, groupe de rock habitué des films d'Aki Kaurismäki est aussi au programme, le réalisateur ayant déjà fait appel à eux pour les films Hamlet Goes Business, Ariel, La Fille aux allumettes et Au loin s'en vont les nuages. De manière quasi systématique des airs désuet viennent signer les scènes de mélancolie où figure Koistinen en particulier quand il est seul, attablé à une table, un verre à la main et le regard vide rivé à une vision que lui seul distingue.

Verdict

Après Au loin s'en vont les nuages (1996) où l’on suit un couple frappé par le chômage et L'Homme sans passé (2002) plongeant dans le monde des sans-abri, Aki Kaurismäki clôture un cycle en réalisant Les lumières du Faubourg où il traite cette fois de la solitude. En dépit de la tristesse qu’une étonnante qualité photographique vient tempérée, la trajectoire de Koistinen se trouve éclairée par une lueur d’espoir où tout suggère la possibilité d’une vie. Le vieil homme a parait-il grand cœur et il le montre en achevant sa trilogie des perdants sur une note d’espoir.

L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.85:1
Le master est très correct et l’image assez belle. On remarque tout de suite le beau travail sur les lumières de Olli Varja et la photo très travaillée de Timo Salminen, chef–opérateur récurrent sur les films de Aki Kaurismäki. Les films de Aki Kaurismäki font sans doute parti de ceux qu’il vaut mieux voir sur grand écran tant la lumière s’insinue dans la profondeur atmosphérique. Il suffit de voir la scène qui se déroule dans le cinéma où les visages sont éclairés par la lumière fluctuante de l’écran ou celle où un groupe de rock joue sur une scène éclairée de plusieurs spots tandis que des volutes de fumée s’élèvent pour avoir envie de voir ce film ou L’homme sans passé en projection. On trouve quelques petits et discrets points sur une image qui reste contrastée comme il faut. La compression a épargné l’essentiel.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Finnois
5.1
Finnois
2.0
Français
5.1
Français
2.0
Cette édition DVD des Lumières du faubourg est proposée avec 4 pistes audio dont 2 pistes Dolby surround stéréo et 5.1 en version originale finnoises et 2 autres pistes en version française équivalente. Il nous semble tout à fait préférable de regarder les films étrangers en version originale en particulier pour ne pas perdre l’avantage de l’idiome des langues qu’il reste très difficile d’égaler avec des versions linguistiques de substitution. On peut très vite se rendre compte que l’on ne regarde déjà plus tout à fait le même film si on le regarde avec une des versions françaises. On perd notamment cette étrange atmosphère qui tient non seulement au travail de mise en image mais également à la manière particulière dont le finnois est employé. On a une piste 5.1 qui est exploitée de manière assez classique, laissant les voix sur la centrale et les enceintes avant tandis que les les surround se réveillent quand il faut faire entendre des sons d’ambiances (bruits de la circulation sur un grand axe routier ou musique). Les pistes Dolby surround stéréo n’ont pas à grand chose à envier aux pistes 5.1. Elles réagissent approximativement de la même manière. Des pistes qui fonctionnent bien en restant équilibrées ; suffisantes pour honorer la bande originale qui débute par la chanson Volver également à l’honneur dans Volver de Pedro Almodovar la même année.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
2 min
Boitier
Amaray

La section des bonus sur ce DVD débute par une citation du réalisateur en anglais : « No extras except photos and chapters! For me, keeping the laconic style is essential » soit « Pas de bonus à part des photos et les chapitres ! Pour moi, le style laconique est essentiel. » Il ne faut donc pas s’attendre à grand-chose hormis un court-métrage hommage au cinéma des frères Méliès dans un style tout aussi laconique qu’affectionne le réalisateur.

Bonus

Court-métrage La fonderie(2mn environ) : Des travailleurs d’une fonderie sortent du travail et vont au cinéma où il regardent la projection du film muet Sortie des usines (1895, 50sec) Lumière ses frères Lumière accompagné d’un morceau de rock.

Bandes-annonces de l’intouchable, Daratt, saison sèche, Les climats, Irina Palm, Les lumières du faubourg.

Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage