Au milieu de l'été, Sasha, 30 ans, décède soudainement. Alors qu'ils se connaissent peu, son compagnon Lawrence et sa sœur Zoé se rapprochent. Ils partagent comme ils peuvent la peine et le poids de l'absence, entre Berlin, Paris et New York. Trois étés, trois villes, le temps de leur retour à la lumière, portés par le souvenir de celle qu'ils ont aimée.
Parler du deuil dans un film c’est toujours prendre le risque de sombrer dans une histoire sombre avec des comédiens qui se déforment le visage pour mieux appuyer la souffrance et la douleur. Le tout avec des couleurs sombres, des environnements en clair-obscur et des musiques parfois expérimentales qui font pleurer dans les chaumières. Le réalisateur Mikhael Hers a décidé de prendre le spectateur en totale contre pied pour parler du deuil, il décide de parler de la vie qui se reconstruit, celle qui reprend ses droits et qui continue inlassablement quoi qu’il arrive.
Accompagné de la scénariste Mariette Désert qui l’avait déjà accompagné sur « Memory Lane », le réalisateur pose des personnages qui doivent assumer le décès soudain d’une des leurs. Chacun vivant la mort à sa manière, avec la force qu’il trouve ou pas, avec les besoins qui lui permettent de gérer cette absence définitive, se réapproprier les lieux de mémoires, les lieux de passages et composer un nouveau puzzle qui sera la nouvelle pièce angulaire de l’existence sans pour autant oublier la personne. Savoir parler au passé, apprendre à ne pas avoir honte de rire, de se laisser porter par des émotions qui ne sont que le fruit de notre humanité.
Pour cela, le réalisateur a choisi une mise en scène volontairement lumineuse, qui ne cherche, justement pas les grandes effusions, mais au contraire les émotions contenues, les maladresses, les prise de distance pour mieux laisser le spectateur s’imprégner, réfléchir et même se laisser porter par une histoire qui se veut aussi douce qu’un rayon de soleil sur le visage pur apaiser les esprits. Quand d’autres pousseraient les acteurs à en faire des tonnes pour mieux appuyer la souffrance et la douleur de l’absence, Mikhael Hers cherche au contraire à les laisser sortir pour montrer ce qui peut paraître comme une évidence : La vie prend toujours le dessus ! Et même si les jours ne sont plus les mêmes, elle continue de nous entraîner dans son tourbillon de joies et de tristesses jusqu’à ce que ce soit notre moment de passer à l’ultime.
Et pour cela le réalisateur peut compter sur une distribution qui a parfaitement su suivre les indications de son metteur en scène, à commencer par Anders Danielsen Lie (Oslo 31 Aout), dont la présence un peu sombre avec un visage anguleux, mystérieux, s’illumine dès lors qu’il esquisse un sourire. En effet le comédien parvient avec une subtilité rare à composer cet homme rongé par le chagrin qui doit trouver sa place dans une famille qui n’était pas encore tout à fait la sienne et qui va avoir besoin de s’éloigner pour mieux les retrouver et surtout pour mieux se retrouver. Face à lui Judith Chemla (L’homme qu’on aimait trop) rayonne autant qu’elle émeut par une force masquant une tristesse encore sensible. Le couple sur le fil du rasoir cherche à surmonter sa peine chacun à sa manière et les deux comédiens l’ont parfaitement bien compris et se soutiennent autant qu’ils se complètent dans cette aventure humaine tellement commune.
Mais de cette évidence, le réalisateur Mikhael Hers en signe un film magnifique d’optimisme, une ode à la vie d’une réelle finesse qui parvient à aider ceux qui ont connu cette peine de l’absence à surmonter à trouver une voie d’apaisement. « Ce sentiment de l’été » est un film qu’il faut assurément voir sans craindre de sombrer dans un mélo pesant, car il en est très éloigné.
Deux clips du réalisateur pour
Amor Di Dias : «
Wild Winter Trees » et «
Season of love ». Deux films empreints d’une certaine mélancolie et d’une évidente nostalgie de l’enfance et de ces moments d’été passés ensemble.
Un artiste que l’on voit dans le film :
Mac de Marco nous offre deux de ses titres en
live à New-York : «
Chamber of reflection » et «
Brother ».